De fil en aiguille

Les compétences se font rares

Le Maroc est confronté à un grand défi. En créant de nouvelles opportunités grâce aux grands projets initiés d'infrastructures, d'offshoring, Plan Azur… le Royaume se retrouve confronté à un grand problème qu'est la rareté, voire l'inexistence de certains profils pointus, très demandés sur le marché.

26 Juin 2008 À 10:36

Un vrai dilemme, car maintenant que les opportunités d'emploi sont là, pour résorber le chômage, on se trouve confronté à un manque de compétences énormes, ce qui ouvre la voie au recrutement de la main-d'œuvre étrangère qualifiée. Actuellement, notre dépendance de l'étranger ne concerne plus uniquement la matière première ou encore la technologie, mais aussi les ressources humaines. Pour rectifier le tir, l'Etat mène un programme ambitieux de formation ciblée respectant l'adéquation emploi/formation. Huit études, financées par le Fonds Hassan II pour le développement, sont en cours de réalisation en matière de formation professionnelle. Certes ses fruits ne seront visibles que dans quelques années, mais déjà pour 2008, 2009 et 2010, les besoins sont énormes. La pression se fait déjà sentir de la part des entrepreneurs étrangers qui veulent s'implanter au Marco et qui demandent une main-d'œuvre expérimentée, en dehors du coût réduit des salaires.

«Le marché est confronté à un grand défi, en l'absence de compétences, les entreprises étrangères demandent de plus en plus d'autorisations d'exercer au Maroc pour certains profils qualifiés parfois même dans des domaines moins pointus», avait souligné le ministre Jamal Rhmani lors du point de presse organisé lundi dernier à Casablanca autour des perspectives et de l'évolution de l'emploi au Maroc. A titre d'exemple, à Mohammedia, les soudeurs spécialisés turcs sont très prisés et très bien payés, alors que c'est une formation qui peut être dispensée localement. Le nombre d'ingénieurs et de techniciens spécialisés devient aussi un critère important dans la décision d'investir au Maroc. La donne change et la formation doit suivre cette tendance. Les résultats des études menées par un cabinet devront aboutir à terme à des contrats-programme avec les professionnels. Outre celui du BTP qui sera signé avant la fin de l'année en cours, d'autres accords seront finalisés avec d'autres secteurs prioritaires dont l'audiovisuel.

Ces filières se verront également dotées d'instituts spécialisés dédiés, à l'instar du textile et du BTP. Autre nouveauté, une licence de formation professionnelle verra bientôt le jour. Une étude de faisabilité est lancée parmi les huit diligentées dans le cadre du plan d'urgence dédié à la réforme de la formation professionnelle d'un montant de 10 millions de DH. A noter que les candidats formés devront répondre en partie aux besoins identifiés pour certains secteurs. Selon le département de l'Emploi, rien que pour le programme Emergence, 264.000 postes verront le jour à l'horizon 2015, dans les secteurs porteurs, notamment l'offshoring (100.000 emplois), l'automobile (70.000), l'électronique (10.000), l'aéronautique (11.000), le textile (32.000), l'agroalimentaire (6.000), ainsi que la transformation des produits de la mer ( 35.000 postes). Le Plan azur aura besoin de 600.000 emplois directs dans les six stations balnéaires.

Pour sa part, le Plan Vert contribuera à la création de 1,5 million d'opportunités d'emploi, et ce, sans oublier d'autres secteurs qui se développent et qui auront besoin de main-d'oeuvre qualifiée, notamment : les finances, l'audit, le marketing, la communication, la grande distribution et la logistique. Une chose est sûre, le marché de l'emploi est en train de connaître un boom, jamais atteint auparavant, vu le nombre de chantiers lancés, générateurs d'emploi. Une opportunité pour les jeunes de trouver un job décent. Il leur suffit juste de s'armer en se formant à l'un de ces métiers porteurs.
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mesures d'accompagnement

1- renforcement et développement des mécanismes de coordination entre l'OFPPT, l'ANAPEC, la CNSS et l'inspecteur du travail ;
- accompagnement des entreprises à plus de 50 employés dans le cadre de la conformité sociale (774 entreprises en 2007 et 2000 entreprises en 2008) ;
- mise en place d'un système de coordination entre la CNSS et l'appareil de l'inspection du travail (élargissement de la couverture sociale) et entre la CNSS et l'ANAPEC ;
- renforcement de la coordination entre l'ANAPEC et l'OFPPT dans le domaine de la formation et de la reconversion,
2- mise en place d'une indemnité de perte d'emploi accompagnée de mesures de formation et de réinsertion des bénéficiaires ;
3- dynamisation des mécanismes tripartites du dialogue social dans le secteur privé : Conseil de la négociation collective, Conseil de médecine de travail, Conseil supérieur de promotion de l'emploi, Comité tripartite du travail temporaire ;
4- renforcement de la capacité de l'inspection du travail dans l'amélioration des relations professionnelles ;
5 - étude de mise en place d'un système de couverture sociale des bénéficiaires des stages de formation-insertion ;
6 - élargissement de la couverture du réseau de l'ANAPEC et poursuite de l'amélioration des compétences du personnel ;
7 - ouverture du programme Moukawalati aux non diplômés (début 2009) ;
8 - mise en place de dispositifs d'insertion des demandeurs d'emploi à besoins spécifiques (personnes en situation de handicap (5% dans le secteur privé).
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