Le WAC au prochain tour

Un taux de 5,5% selon le FMI

Les pays d'Afrique subissent, pour la plupart d'entre eux, la hausse des prix des produits alimentaires et de l'énergie, même si certains bénéficient de celle des matières premières qu'ils exportent, constate le Fonds monétaire international (FMI) dans ses prévisions semestrielles.

09 Octobre 2008 À 14:35

Selon le dernier rapport de l'organisme financier international sur «Les perspectives de l'économie mondiale», la croissance mondiale ralentira considérablement pendant la deuxième moitié de 2008, avant de se redresser modérément au second semestre de 2009. Dans les pays avancés, la croissance sera au moins presque nulle jusqu'au milieu de 2009, alors que, dans les pays émergents et les pays en développement, elle tombera à des niveaux bien plus faibles que dans un passé récent. Le rapport table sur une croissance mondiale qui voisine les 3 % en 2009. Dans ce sillage, le FMI estime que le Maroc devrait enregistrer 6,5% en 2008 et 5,5% l'an prochain. Tandis que le Haut commissariat au plan (HCP) tablait, jusqu'à présent, sur un taux de croissance de 6,1% en 2008, le CMC a estimé en début de semaine que la crise financière mondiale ferait perdre entre 1,5 et 2 points de croissance au Maroc. Toujours selon le HCP, en 2009, le PIB serait en amélioration de près de 5,3% en volume au lieu de 6,2% en 2008.

Les activités non agricoles continueraient à progresser à un rythme soutenu, soit 5,6% au lieu de 5,2% en 2008. Les activités du secteur secondaire s'accroîtraient, globalement de 5,9% contre 5,2% en 2008 et celles relevant du secteur tertiaire de 5,4% contre 5,3% en 2008. Pour le secteur primaire (agriculture et pêche) et sur la base d'une production des cultures céréalières d'environ 60 millions de quintaux durant la campagne 2008-2009, conjuguée à une consolidation des performances des autres composantes de la production agricole, sa valeur ajoutée s'accroîtrait de près de 3,5% au lieu de 9,7% en 2008. Au niveau des emplois du PIB, la consommation finale nationale (consommation finale des ménages et celle des administrations publiques) réaliserait une croissance en volume de 5,5% et contribuerait pour 4,2 points à la croissance économique en 2009 au lieu de 3,6 points en 2008. L'incidence globale de la crise financière se traduira par une perte probable d'un point de croissance dans le court terme. Il faut dire que «l'ampleur de la crise, sa propagation rapide et surtout le retard pris pour en contenir les conséquences négatives sur l'économie mondiale devront alourdir la perte pour la porter à moyen terme autour de 1,5 à 2 points de croissance».

Pour le CMC, «cette perte s'accompagnera d'une détérioration sensible des équilibres financiers internes et externes». La propagation du ralentissement de l'économie américaine particulièrement vers la zone Euro, principal partenaire commercial du Maroc, aurait des effets directs sur certains secteurs d'activités fortement liés à la demande européenne, sans créer toutefois des difficultés majeures pour l'ensemble de l'économie nationale. L'affaiblissement de la demande extérieure dans un contexte inflationniste contribuera à l'alourdissement du déficit commercial qui a déjà franchi 80 MMDH pour les sept premiers mois de 2008. Pour l'an prochain, les échanges extérieurs du Maroc devraient être influencés par le ralentissement du commerce mondial, l'évolution des cours du pétrole brut et des autres matières premières et par la poursuite de la dépréciation du dollar américain par rapport à l'euro.

Toutefois, le développement de certaines activités exportatrices, notamment des produits miniers, conjugué à la diversification des marchés, devrait contribuer à améliorer le rythme de croissance des exportations. Dans un contexte de croissance économique mondiale et des échanges qui seraient fortement influencés par les tensions inflationnistes, le HCP avait prédit que la demande mondiale adressée au Maroc serait en ralentissement pour la deuxième année consécutive. Son rythme de progression se situerait à près de 4,1% en 2009 au lieu de 5,4% en 2008 et 7,6% en 2007. Toutefois, la valeur des exportations des phosphates et dérivés maintiendrait son rythme ascendant, entamé en 2008, suite à la hausse de leurs prix au niveau du marché international. L'économie nationale bénéficierait de la vigueur de la demande intérieure, notamment l'expansion de l'investissement, aussi bien public que privé, de la consommation des administrations publiques et de la consommation des ménages résidents, profitant des valorisations des salaires et de la baisse de l'impôt sur les revenus.

Elle serait également soutenue par la relance des exportations de marchandises et par la consolidation de la demande des touristes étrangers (y compris celle des Marocains résidant à l'étranger), malgré un léger ralentissement de son rythme de croissance. Le budget de l'Etat devra faire apparaître des déficits «sensiblement plus importants» que pour les périodes précédentes, et «les prix continueront à augmenter». Le taux d'inflation devrait dépasser pour la première fois, depuis des années, les 4,5%, assure le CMC. La croissance économique nationale serait accompagnée par une inflation contenue à des niveaux maîtrisables d'environ 3,1% en 2008 et 2,6% en 2009, ce qui n'est pas le cas dans plusieurs pays en développement où la hausse des prix est estimée à 7,4% en 2008 et à 5,7% en 2009. La préservation de la compétitivité de l'économie marocaine serait réalisée au prix d'un effort excessif du budget de l'Etat en matière de soutien des prix, ce qui soulève des interrogations sur la capacité de l'Etat à continuer d'absorber l'inflation importée à un moment où les impératifs du développement humain requièrent encore des ressources financières importantes pour concrétiser les objectifs escomptés.
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Epargne-investissementLe compte épargne-investissement, excédentaire à partir de l'année 2001, s'inscrit, depuis 2007, dans un retournement de tendance et dégage désormais des déficits en accroissement, ce qui est synonyme d'une accentuation du déficit courant des finances extérieures. Le prolongement de cette tendance serait de nature à réduire la solvabilité de la balance des paiements à moyen terme. Le taux d'investissement est de l'ordre de 32,6% en moyenne annuelle depuis 2005 et la croissance économique se situe à 5% par an, ce qui dégage encore une faible productivité de l'investissement national. Le nombre d'unités d'investissement par unité de PIB supplémentaire se maintient toujours aux environs de 6 points. L'économie nationale possède, de ce fait, d'énormes potentialités de croissance à moyen terme sous condition d'améliorer sa productivité et d'exploiter les nouvelles opportunités offertes par les projets structurant d'infrastructures.
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