Asset Management Trophy (AMT), le rendez-vous annuel des meilleurs gestionnaires de fonds est pris pour ce jeudi 15 mai à Casablanca. La compétition s'annonce un peu plus chaude.
LE MATIN
14 Mai 2008
À 23:49
Pas moins de 74 fonds placés par dix sociétés de gestion participent à cette troisième édition des AMT. Initié par la Vie Eco, en association avec Finaccess et Europerformance, le concept de ce palmarès des Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) remonte à l'année 2005. Il vient récompenser les fonds les plus performants sur le marché de la gestion collective de l'épargne au Maroc. D'une année à l'autre, les initiateurs de cette compétition tentent de s'adapter à l'évolution de ce métier tout en restant à l'écoute des remarques émanant des professionnels. Soulignons à cet égard que l'Association des sociétés et fonds d'investissement marocains (ASFIM) est l'un des partenaires associés à cet évènement annuel. La troisième édition sera marquée cette année par l'adoption d'une nouvelle méthodologie de classification. Pour rappel, lors des deux précédentes éditions, le palmarès a été établi sur la base d'un baromètre relativement simple qui combinait la performance réalisée par les fonds et le risque pris par les gérants.
L'aventure des AMT a démarré sur la base de ce ratio décisif qui rapportait la performance à la volatilité. La principale critique adressée à cette méthode, c'est qu'elle ne prend pas en considération la spécificité des OPCVM obligataires et monétaires naturellement sensibles aux fluctuations des taux d'intérêt. Autrement dit, elle ne tient pas compte du degré d'exposition aux risques de taux. « Nous nous pouvions pas aborder cette information du fait que les gestionnaires, de par la loi, n'étaient pas tenus de divulguer la sensibilité de leurs fonds », souligne Souhail Nhaili, journaliste financier à la Vie Eco. La troisième édition aura d'ailleurs le mérite de remédier à cette insuffisance méthodologique dans la mesure où les professionnels ont finalement accepté de livrer cette mesure de sensibilité à l'AMT. Il faut dire que la circulaire émise par le gendarme du marché, le CDVM, y a été pour quelque chose. Suite à ce changement, seule les performances de l'année 2007 seront retenues pour élire les heureux gagnants.
Par conséquent, au sein des quatre catégories d'OPCVM, huit classes d'actifs ont été identifiées au total. Deux classes pour le compartiment monétaire, une pour l'obligataire à court terme, trois classes au niveau de l'obligataire à moyen terme, et puis une classe pour les OPCVM diversifiés et une autre dédiée au placement en actions. Il faut savoir que la participation à ces trophées est conditionnée par un certain nombre d'exigences. Les FCP et les SICAV candidates doivent ne présenter aucune discontinuité dans l'historique des valeurs liquidatives. Plus encore, elles doivent avoir géré en 2007 un actif net moyen inclus dans les 95% de l'actif net total moyen des fonds sélectionnés appartenant à la même classe. La règle veut aussi qu'une catégorie ne peut être éligible au concours que si elle comporte au minimum trois fonds émanant d'au moins trois sociétés de gestion.
Après vérification de ces règles, les OPCVM admis à la troisième édition sont au nombre de 74. La classe des OPCVM monétaires dont la sensibilité est comprise dans la fourchette (0,5-1) ainsi que la classe des OPCVM obligations moyen et long termes dont la sensibilité est supérieure à 9 n'ont pas été admis, ce qui a limité le nombre de classes de fonds en compétition à six au lieu de huit. Par conséquent, seuls six trophées seront remis ce jeudi aux sociétés de gestion. Le nombre des trophées AMT est appelé à évoluer dans le temps. Plus la durée d'observation sera longue, plus il y aura de trophées. Avec une limite optimale à atteindre d'ici à 5 ans. Ainsi, le planning établi par les organisateurs prévoit l'octroi de 13 trophées en 2010, puis 18 Prix dès l'an 2012. Ceux qui ont suivi la compétition depuis 2005 l'ont bien remarqué. L'essentiel des trophées a été décroché par une ou deux sociétés de gestion. La question reste posée. La nouvelle méthodologie saura-t-elle changer la donne ? Les petites sociétés de gestion auront-elles le privilège de monter sur le podium des AMT ? En tout cas, des surprises sont attendues lors de cette édition. -----------------------------------------------------------
Enjeux d'une compétition
Une compétition comme celle des AMT a le mérite de sensibiliser les épargnants à l'intérêt des approches quantitatives de l'évaluation des fonds. Parce que le classement ne peut être fait sur la base du seul critère de la performance. Il faut aussi tenir compte du degré d'aversion au risque. Le classement des AMT permet donc au grand public de disposer d'un baromètre de comparaison entre les produits d'une même classe d'actifs. L'idée est aussi louable dans la mesure où elle permet aux professionnels de la gestion collective de marché de diagnostiquer et d'étudier l'évolution d'un secteur, voire d'une industrie qui ne cesse de croître depuis sa mise en place en 1995. Sa croissance a été accompagnée par un effort d'innovation, concrétisé par une forte diversification des produits. Il est à noter que le métier de la gestion des fonds ne cible pas uniquement la clientèle particulière.
La clientèle intègre aussi et surtout les institutionnels qui mobilisent de la macro-épargne. La CIMR, à titre d'exemple, dispose d'un portefeuille de 21 milliards de DH, émanant des cotisations de retraite. Depuis 2003, elle a opté pour l'externalisation de la gestion opérationnelle de ce portefeuille en la confiant aux professionnels. La gestion opérationnelle sur le marché financier est un métier à part entière qui nécessite une présence permanente, un suivi rigoureux des différents marchés, des études d'anticipation et de projection, la maîtrise des techniques d'analyse financière... Les AMT permettent donc de récompenser les sociétés de gestion qui engagent les talents et les nouvelles techniques.