Le Plan d'action Maroc-UE devrait gagner en crédibilité
«Depuis sa mise en œuvre en 2005, le Plan d'action Maroc-UE a enregistré des avancées globalement positives qui laissent présager un renforcement graduel de l'ancrage du Maroc à son espace régional», selon la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), relevant du ministère de l'Economie et des Finances.
LE MATIN
30 Janvier 2008
À 20:34
Ainsi, les progrès notables accomplis sur le front de la libéralisation politique et l'instauration d'une base démocratique solide constituent des atouts appréciables permettant au Maroc de jouir d'une image positive auprès des partenaires étrangers, notamment ceux européens. Cette évolution s'est avérée favorable pour le développement du climat des affaires et le renforcement des développements économique et social.
Sur le plan de la coopération bilatérale, des actions concrètes ont été réalisées et ont permis de renforcer le dialogue et la coordination sur des questions aussi critiques que celles se rapportant à l'immigration et à la lutte contre le terrorisme. S'agissant du volet économique, des avancées substantielles ont été accomplies, tant sur le front de l'amélioration du profil de la croissance et de la réduction de la pauvreté que sur le plan du renforcement de la compétitivité et de l'attractivité des investissements étrangers. De plus, des efforts indéniables ont été déployés en matière de la libéralisation économique. Cette tendance devrait culminer avec l'accélération de la libéralisation du commerce des services et celui portant sur les produits agricoles et de la pêche.
Par ailleurs, des progrès appréciables ont été enregistrés en matière de libéralisation et de régulation de certains secteurs-clés à l'instar des transports, de l'énergie et des télécommunications. Outre ces effets positifs en matière de renforcement de la gouvernance de ces secteurs, les réformes engagées seraient opportunes pour accélérer l'intégration régionale et favoriser la compétitivité des firmes marocaines. Reste qu'en dépit de ces avancées, la démarche adoptée en le domaine présente bien des limites. Selon la DEPF, certaines mesures du Plan d'action se prêtent difficilement à la quantification. C'est le cas, en l'occurrence, des divers aspects liés aux réformes. En outre, le rapport de la Commission européenne portant sur l'évaluation d'ensemble de la PEV ne met pas en exergue l'état d'avancement comparé des divers plans d'action en vue d'établir une certaine hiérarchisation au niveau des pays partenaires.
En outre, et compte tenu de ses conditionnalités très manifestes entre l'allocation des ressources financières et l'ouverture de nouvelles perspectives de partenariat, la Politique européenne de voisinage et son corollaire le Plan d'action gagneraient en crédibilité et en efficacité en offrant une plus grande visibilité financière nécessaire à leur réussite. Les ressources déployées dans le cadre des perspectives financières 2007-2013 nécessitent d'être renforcées. A cet égard, l'Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP), destiné à financer les mesures prévues dans les différents plans d'action, mérite d'être revu en qualité et en quantité. Le montant mobilisé et, sans commune mesure, les fonds alloués aux PECO dans la phase de pré-adhésion sont de surcroît soumis à une concurrence intense de la part des pays de la CEI, notamment l'Ukraine.
On va même plus loin en estimant que la PEV risque d'entraîner une dilution du projet de coopération Euromed. Une discrimination positive, à l'instar de la proposition française d'allouer 60% du nouvel instrument financier de «voisinage» à la coopération méditerranéenne, serait souhaitable, compte tenu de la priorité stratégique que constitue la Méditerranée pour l'Europe et vu l'influence grandissante des Etats-Unis dans la région. De fait, la PEV n'offre pas de réponses concrètes et immédiates aux diverses distorsions portées à la liberté de circulation des personnes. Ces distorsions, susceptibles de freiner la libéralisation du commerce des services, pourraient vider de sa substance la constitution d'un espace régional de libre-échange. Dès lors, une politique migratoire constructive dans un contexte de complémentarité démographique mérite d'être placée au centre des préoccupations des deux parties.
Le déficit démographique auquel est confrontée l'UE pourrait en effet être comblé par un traitement plus approprié des flux migratoires provenant des pays du Sud de la Méditerranée, d'autant plus que les nouveaux adhérents à l'UE affichent un profil démographique peu favorable. Il faut dire que les diverses contraintes auxquelles est confrontée l'Union européenne (déclin démographique, problème de la construction politique, renouveaux technologique et industriel, crise du modèle social), seraient de nature à affaiblir son positionnement sur l'échiquier mondial.
De plus, l'émergence de nouvelles puissances économiques concurrentes en Asie et le poids économique grandissant des Etats-Unis risquent de limiter les ressorts extérieurs de la croissance de l'UE et de la maintenir en dessous de son potentiel. Dès lors, une meilleure concrétisation de la PEV implique également la mise en place par le partenaire européen de nouvelles stratégies pour pallier les contraintes précitées. Une renaissance de l'UE, comme acteur majeur de l'économie mondiale, ne pourrait être que bénéfique à l'ensemble des pays voisins partenaires. -----------------------------------------------------------
165 millions d'euros en 2010
En termes d'années d'engagement, il y a lieu de constater que les montants annuels programmés sont quasiment identiques, évoluant de 162 millions d'euros en 2007 à 165 millions en 2010. Néanmoins, des différences notoires existent entre les différents programmes et à l'intérieur de chaque programme. Ainsi, hormis le volet social (projets INDH, alphabétisation, secteur de l'éducation, couverture médicale), pour lequel une enveloppe financière de 117 millions d'euros a été programmée au titre de l'exercice 2007, les montants prévus pour les autres volets au cours de la même année ont été dérisoires (20 et 25 millions d'euros respectivement pour le volet appui institutionnel et volet économique), sinon, aucune programmation n'est à l'ordre du jour pour les volets gouvernance et environnement. Par ailleurs, ce n'est qu'en 2008 que tous les programmes bénéficieraient d'un engagement financier de l'Union européenne.
Cet engagement est plus au moins équilibré entre priorité économique et celle sociale (60 et 50 millions d'euros respectivement), tandis que pour les autres priorités, les montants programmés varient entre 28 millions d'euros pour la priorité gouvernance et 10 millions pour la priorité appui institutionnel.