La défiscalisation des bons repas va-t-elle booster le secteur ?
Le doublement de la détaxe sur les bons repas et d'alimentation, stipulé par l'article 57 de la Loi de Finances 2008, est passé presque inaperçu ! Pourtant désormais, «sont exonérés de l'impôt, le montant des bons de restauration, dans la limite de 20 dirhams par salarié et par jour travaillé».
LE MATIN
30 Janvier 2008
À 21:00
Cette bonne nouvelle à un impact double, dans la mesure où il va permettre d'augmenter le pouvoir d'achat des employés, sans pour autant augmenter les charges des entreprises. Mais en réalité, que cachent ces bons de restauration? Plus souvent, ils sont matérialisés sous forme de chèques, ou bons comme leur nom l'indique, remis par les entreprises à leurs collaborateurs, afin de leur permettre de se restaurer dans un réseau de snacks et restaurants, mais aussi de supermarchés ou superettes, dits «affiliés».
Pour investir ce créneau, les opérateurs n'ont pas attendu cette mesure du gouvernement pour rivaliser dans la qualité du service, et proposer une offre adaptée. Mais aujourd'hui que la décision est prise, comment réagissent les prestataires de services pour l'accompagner ? Sodexho Maroc, filiale de Sodexho, se présente comme le précurseur de l'Activité chèques et cartes de service sur le marché marocain. Dès 1999, date de promulgation de la première exonération fiscale, elle s'est implantée dans le Royaume.
Avec ses chèques Mida Pass et Cado Pass, elle propose des concepts alliant originalité, réactivité, économie, souplesse et finalité d'utilisation, sans occulter la sécurité. Au Maroc, Sodexho compte plus d'une centaine d'entreprises-clientes. Le nombre de ses affiliés monte à 600. Mais c'est incontestablement Eurest Maroc devenu vers la fin du mois de juin Newrest Maroc, intégrant les activités restauration de Rahal (1/3 des participations), qui détient la plus grosse part de marché. Avec ses 2.700 salariés et un chiffre d'affaires dépassant 300 millions de dirhams, la filiale marocaine, détenue par la maison-mère à hauteur de 51% (le reliquat étant constitué de participations appartenant à des institutionnels marocains), se positionne en leader incontestable.
Grâce aux labels Newrest et Newrest Rahal Retail dans le catering aérien, elle n'a jamais caché ses ambitions dans un marché au potentiel énorme. D'ailleurs, Newrest Maroc vient de remporter lundi dernier l'appel d'offres pour la restauration du CHU Ibnou Sina de Rabat (625 000 repas malade/an, 344 000 repas personnel de garde/an et 46 800 repas médecin interne/an). Les témoignages de salariés sont quasi-unanimes, pratiquement tous ont accueilli avec satisfaction cette décision. De toutes les façons, ceux qui font partie d'une entreprise qui utilise déjà les chèques restauration, avaient salué le concept. Aujourd'hui que la détaxe est double, ils sont encore plus preneurs. Pourtant, malgré cette importante offre des opérateurs privés, dont les chefs de file sont des filiales de multinationales, on constate que l'utilisation des chèques restauration reste encore assez timide.
Qu'est-ce qui empêche une plus grande vulgarisation, du moins sur le marché formel ? Gageons que la défiscalisation s'accentuant, le pouvoir d'achat des salariés s'améliorant sans que les charges des employeurs se pondèrent, le concept à beaucoup d'avenir devant lui, à condition que la qualité suive. A titre d'exemple, la crainte des allergènes par une clientèle avertie et de plus en plus méticuleuse est un excellent stimulus. Sur le terrain, la nature ayant horreur du vide, bien des traiteurs, s'activant le plus souvent dans l'informel, ont investi le créneau de la restauration collective, depuis que l'horaire continu est adopté. Aujourd'hui dans les quartiers des affaires, la tendance n'est plus de faire deux allers-retours dans la journée, mais de déjeuner sur place.
Outre une circulation urbaine dense, le stationnement, qui commence à devenir un véritable calvaire, amène les plus réticents à le souhaiter vivement, à défaut de l'adopter. Se basant sur une conception moderne et rationnelle de la gestion du temps, l'Administration nationale l'a adoptée depuis la fin du mois de mai 2005. A l'époque, l'ex-Premier ministre Driss Jettou l'avait solennellement annoncé devant la Chambre des représentants. Cette option avait été retenue après une évaluation précise de la question. Les avantages, en termes de gestion des affaires publiques, mais aussi d'intérêts pour le citoyen lambda, l'économie nationale, les fonctionnaires et agents de l'Etat, les collectivités et établissements publics, l'exploitation du facteur temps, la consommation d'énergie, des relations avec les partenaires nationaux et internationaux, avaient été mis en exergue. -----------------------------------------------
Les clés du succès
Le succès d'une telle démarche dépend, d'une part, de la rigueur des prestataires dans la sélection de leurs affiliés et, d'autre part, du contrôle a posteriori du service fourni à la clientèle. Faire la guerre à la non-qualité, c'est éloigner le spectre des allergènes et de contaminations quelconques. Dans un tel secteur, redoubler de vigilance est un euphémisme dans la mesure où la restauration collective embrasse souvent plusieurs milliers d'individus. Avec des prestataires qui ont des références solides et qui se basent sur des normes standardisées, qui ont fait leurs preuves ailleurs, le service n'en sera que meilleur. Il est vrai que l'adoption de l'horaire continu y sera pour beaucoup dans les sphères où il n'est pas encore en vigueur.
Mais aujourd'hui que les entreprises s'agglomèrent à la périphérie, dans des centres industriels, des complexes technologiques ou des cités intelligentes, le concept du ticket restaurant s'impose. Une offre adéquate, adaptée, ou à la carte, suivant les budgets ou les spécificités de l'entreprise fera le reste. Last but not least, si les pouvoirs publics arrivent à convaincre la grande masse d'informels, qui se muent en traiteurs au gré des saisons, de l'énorme potentiel, un grand pas sera franchi vers une plus importante vulgarisation de la restauration collective.