«Ce n'est pas équitable l'imposition des OPCVM actions à 20%»
INTERVIEW Si Mohamed Maghrabi, président du directoire de MSIN, société de Bourse >
LE MATIN
20 Février 2008
À 22:01
LE MATIN : Quel regard portez-vous sur le marché boursier marocain en général ?
Mohamed Maghrabi : Le marché boursier marocain a connu un développement très important depuis la réforme de 1995. En effet, les principales étapes de cette évolution ont été le passage à la cotation électronique, la dématérialisation des titres, la garantie de bonne fin des opérations, ce qui met la bourse aux meilleures normes internationales. Côté réglementaire, les textes de loi, relatifs au marché boursier, ont été publiés et ont connu une évolution et une mise à jour continue en fonction du développement du marché.
Et comme vous pouvez le constater la bourse joue actuellement son rôle de financement de l'économie avec l'engouement pour les introductions en bourse (une vingtaine depuis début 2006), et une épargne mobilisée via les différents canaux que ce soit, institutionnels ou domestiques, ce qui assure une certaine liquidité du marché. Un autre indicateur important, c'est la capitalisation qui, pour la première fois en 2007 a dépassé le PIB, et une géographie sectorielle de côte qui reflète les secteurs économiques du pays à l'exception d'un ou deux, comme le textile et l'agriculture.
Comment s'est portée l'activité de M.S.I.N en 2007 ?
L'activité de M.S.IN, d'ailleurs comme c'est le cas de toutes les sociétés de bourse de la place a connu un développement important de ses activités. La partie intermédiation et la conservation ont constitué le principal de notre activité en 2007.
L'activité d'une société de bourse étant fortement soumise aux fluctuations du marché. MSIN n'a-t-elle pas connu des moments difficiles en 2007 ?
Certes, l'activité de toute société de bourse dépend du marché lui-même, depuis l'année 2004 avec le retour des privatisations BCP et surtout Maroc Telecom, le marché s'est popularisé et depuis ce temps on a assisté à une évolution des moyennes de volumes traités très régulière pour atteindre actuellement un niveau frôlant le Milliard de DH, et grâce à l'effet des introductions en bourse, le nombre d'intervenants sur le marché a connu lui aussi une hausse significative.
Quelle lecture faites-vous des dispositions fiscales de la Loi de finances 2008 se rapportant au placement boursier, notamment la taxation à l'I.R des profits sur cession de valeurs mobilières qui vont de 10% à 15% ?
Le changement au niveau du taux d'imposition ne devrait pas impacter le marché d'une manière très significative, du fait que le taux de 15% reste très compétitif par rapport aux autres produits de placement, néanmoins nous regrettons l'imposition des OPCVM actions à un niveau de 20%, ce qui n'est pas équitable, vu que le sous-jacent de ces produits n'est autre que les actions. Maintenant avec ces niveaux d'impositions, il est temps de proposer un produit alternatif qui pourrait être défiscalisé totalement (comme les Plans d'Epargne en Actions) ce qui permettra de mobiliser de l'épargne long terme sur le marché.
La nouvelle organisation de la Bourse de Casablanca prévoit dans sa vision stratégique d'encourager les PME à s'introduire en bourse. Quel est le rôle des sociétés de bourse dans ce sens ?
Le rôle des sociétés de bourse dans le cadre de l'encouragement des PME à s'introduire en bourse est un rôle d'accompagnement et de concrétisation de l'opération, autant la Bourse de Casablanca a un rôle de vulgarisation des aspects relatifs à l'introduction en bourse en terme d'image, de notoriété, de succession et surtout un financement à des coûts raisonnables, voire même très bas. Les sociétés de bourse doivent elles-mêmes démarcher et dénicher ces PME et les assister pour l'opération d'introduction. Ce travail a donné des fruits notables si on ne tient compte que pour les deux dernières années, le nombre de PME introduites en bourse a représenté pratiquement 50% du nombre de nouvelles recrues à la bourse.
Les sociétés de bourse doivent faire preuve de transparence en ce qui concerne les frais et commissions facturés. Est-ce concrètement le cas aujourd'hui ?
Le CDVM en tant qu'autorité de marché et à travers un certain nombre de circulaires, obligent les sociétés de bourse à afficher les prix en toute transparence et surtout informer le client de toute modification tarifaire et ce 15 jours avant son entrée en vigueur. Et chaque société de bourse facture les commissions en fonction du service offert à sa clientèle.
Un nombre d'avis ont été dernièrement publiés par la Bourse de Casablanca qui se rapportent au mode d'exécution des ordres, et aussi concernant la suppression du principe de compensation automatique par le système, pendant la phase de séance en continu. De quoi s'agit-il ?
Les avis publiés par la Bourse de Casablanca auxquels vous faites allusion, sont des avis réglementaires qui en abrogent d'autres qui sont en vigueur et se rapportent au démarrage du nouveau système de cotation. La suppression du principe de compensation automatique concrètement permet une plus grande équité dans le traitement des ordres de la clientèle et une application rigoureuse du principe du premier venu premier servi. J'ajoute que ces avis rapprochent encore davantage la place de Casablanca des principes de cotation les plus modernes du monde.
Enfin, un mot sur les perspectives de développement du marché en 2008
Le marché a amorcé l'année 2008 par un bon démarrage de ses indices de références, le nombre d'introductions en bourse sera aussi important que les années passées, ce qui augure d'une bonne année boursière.