2007 restera l'année d'un envol remarquable des cours du brut, concentré essentiellement sur le second semestre.
LE MATIN
02 Janvier 2008
À 18:43
Alors qu'au cours de cet exercice, les prix du pétrole ont quasiment doublé, en 2008, ils pourraient bien caracoler à 100 dollars le baril. De moins de 50 dollars le baril en janvier de l'année écoulée, les cours ont atteint à New York un plus haut de 99,29 dollars le 21 novembre pour terminer l'exercice à 95,98 dollars lundi dernier, en hausse de 57,21% sur l'année. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord a fini à 93,85 dollars, après une hausse de 54,21% en 2007. A peine ralentie par la crise des «subprimes», cette progression a été soutenue par la chute du dollar par rapport à l'euro.
Peu d'observateurs avaient prévu une telle envolée, hormis quelques-uns qui avaient prédit, dès 2005, une poussée des prix, en tablant sur un baril de brut à 105 dollars à la fin 2008. Plusieurs analystes considèrent que le prix du baril de pétrole va grimper considérablement pour diverses raisons. Les prévisions vont même jusqu'à 150 dollars le baril, et les plus optimistes quant au prix de l'or noir ne s'attendent pas à ce que le prix soit en dessous des 100 dollars. En tous les cas, une chose est quasi-sûre : le niveau psychologique des 100 dollars le baril, qui n'était guère envisageable jusqu'à une date récente, a plus de chance de se concrétiser dans un futur très proche. Ce niveau des prix ne pourrait être écarté que moyennant la résolution des divers déséquilibres monétaires et financiers dont pâtit l'économie mondiale.
De façon récurrente, le pétrole a touché des plus hauts, quand le billet vert tombait à des plus bas historiques, la perte de valeur du dollar offrant un pouvoir d'achat accru pour les opérateurs du marché du pétrole, qui disposent d'autres devises. Après être retombés sous 90 dollars début décembre, les prix ont repris de l'élan, l'assassinat jeudi dernier de l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto au Pakistan remettant les tensions géopolitiques sur le devant de la scène. Les Etats-Unis, la première économie mondiale, doivent faire face à la fois à la crise du secteur immobilier et au resserrement des conditions de crédit. L'année 2007 a vu se poursuivre une dynamique amorcée dès 2004, sous l'effet de la croissance de la demande pétrolière dans les pays émergents, notamment en Chine. Pour 2008, la demande pétrolière proviendra exclusivement des pays non-OCDE, et en particulier, des pays émergents d'Asie et du Moyen-Orient.
Reste que cette flambée n'est pas propre au pétrole. Sur l'année, l'ensemble des matières premières a progressé, profitant pour une part de la faiblesse du billet vert. Certaines céréales comme le blé, ou l'orge, qui jouent le rôle de produits de substitution au brut, via le développement de biocarburants, ont connu une année record. Le blé a plus que doublé de mars à décembre, profitant de la sécheresse en Australie et d'une moins bonne récolte que prévu dans les autres pays exportateurs. La particularité de la situation actuelle tient au fait que la hausse des prix enregistrée au niveau des produits énergétiques se transmet aux produits agricoles via le développement des agrocarburants. En effet, pour faire face au renchérissement du prix du baril de pétrole, plusieurs pays ont eu recours à l'énergie renouvelable issue de l'agriculture, notamment le blé et le maïs pour la production d'éthanol. Cette situation est sans précédent, tant par l'ampleur des hausses constatées que par le fait qu'elle concerne un très grand nombre de produits.
En tant qu'importateur net de pétrole, et donc de certaines denrées agricoles, le Maroc est soumis au gré de la conjoncture mondiale, particulièrement défavorable ces dernières années. Les canaux de transmission d'un renchérissement de la facture énergétique et agricole à l'économie nationale se manifestent ainsi à travers une aggravation du déficit commercial et une hausse des prix à la consommation qui engendre une ponction sur le pouvoir d'achat des consommateurs et une augmentation des coûts supportés par les entreprises. Parallèlement à ces effets directs, s'ajoute un effet indirect lié aux impacts du renchérissement des cours pétroliers sur la croissance dans les économies partenaires, qui se répercute évidemment sur le rythme de progression de la demande d'importation adressée au pays.
Dans ce contexte de renchérissement des cours des principaux produits de base, l'économie marocaine a été négativement affectée à l'instar des autres pays fortement ouverts sur l'extérieur et qui importent une grande partie de leurs besoins en matières premières, de demi-produits et de biens d'équipement. L'impact de la hausse des prix internationaux sur la balance commerciale a été négatif, même si l'appréciation du dirham face au dollar a permis d'éponger une fraction de ce surcoût. -------------------------------------
Prix pétroliers
La détermination d'un cours de référence international pour les prix du pétrole brut est complexe car il n'existe pas un seul type de brut mais autant de bruts que de gisements, chacun possédant des caractéristiques différentes. De plus, il n'existe pas un marché au comptant pour chaque type de brut mais sept principaux marchés physiques qui reflètent chacun les prix de plusieurs bruts. Depuis le début des années 1980, les contrats à terme sur le pétrole ont connu un développement spectaculaire, à tel point qu'aujourd'hui les prix de ces contrats sont très souvent utilisés en référence (les volumes de pétrole brut traités par des contrats à terme ont dépassé le volume de la production mondiale).