Mohammed Larbi Nouha, Directeur du pôle prévoyance à la CDG.
LE MATIN
09 Octobre 2009
À 13:27
Dans un contexte difficile pour le secteur de la retraite, le management du RCAR reste serein. S'appuyant sur «une forte dose de provisionnement, couplée à la gestion financière performante de la CDG», le régime gardera sa pérennité jusqu'à l'horizon 2049. Le RCAR s'est à l'évidence bien préparé, d'après Mohammed Larbi Nouha. Entretien.
Éco-Plus : Comment se présente la santé financière du régime RCAR et pour combien d'années, restera-t-il viable ? MohammedLarbi Nouha : Il convient tout d'abord de souligner que le mode de financement du régime RCAR allie la technique de capitalisation (2/3) à celle de la répartition (1/3). Cette architecture hybride lui a permis de constituer des provisions techniques à même d'honorer, les engagements à long terme contractés vis-à-vis des affiliés. A fin 2008, le montant global du portefeuille financier du régime s'était élevé à quelque 80 milliards de dirhams.Cette forte dose de provisionnement, couplée à la gestion financière performante de la CDG, organisme gestionnaire du régime, permet à ce dernier d'assurer sa pérennité jusqu'à l'horizon 2049, selon les études actuarielles réalisées récemment par un expert actuaire international. Signalons également que le taux de couverture des engagements actuariels du régime s'élève à 76%, pourcentage nettement supérieur à celui des autres caisses de retraite nationales. Il est également largement supérieur au taux de capitalisation du régime fixé, quant à lui, à 67%.
Dans quelle mesure le RCAR est concerné par la réforme en cours et que pourra-t-elle lui apporter ? Il est à noter que le RCAR a anticipé sur cette réforme en entamant, dès 2002, le processus d'intégration des caisses internes de retraite de certaines grandes entreprises publiques, opérations constituant un premier jalon de cette réforme. Ensuite, la réforme initiée par les pouvoirs publics se veut globale et intéressera tout le secteur et non chaque régime à part. Paramétrique ou systémique, elle devra déboucher sur un cadre législatif et réglementaire uniforme et doit surtout s'inscrire dans l'optique de la généralisation de la couverture retraite aux populations qui n'en disposent pas encore. La bonne santé financière du RCAR ainsi que son expertise en matière de gestion par capitalisation sont de nature à lui permettre de jouer un rôle prépondérant dans cette réforme, notamment à travers la prise en charge d'un éventuel pilier national de capitalisation. Cependant, la réforme du RCAR est surtout d'ordre interne. En effet, le développement soutenu de son activité lui a permis d'entamer un processus de modernisation de son système de management par le développement d'une culture orientée client, la mise en place d'un système de management par la qualité, la refonte de son système d'information, la dématérialisation des processus, l'adoption d'un système de gestion actif – passif afin d'optimiser sa gestion financière et le pilotage actuariel du régime pour le suivi de son équilibre démographique et financier. Autant d'outils mis en place par le Régime afin de faire face à la réforme du secteur de la retraire, quelle qu'en soit la nature.
Quelles sont les perspectives du RCAR concernant l'intégration d'autres caisses internes de retraites ? A ce jour, il a été procédé à l'absorption des caisses de retraite de l'ONCF, de la Régie des Tabacs, de l'ODEP, de l'OCP et de 3 régies de distribution d'eau et d'électricité (la LYDEC, la Société des eaux d'Oum Errabi (SEOER) et de Jorf Lasfar energy company (JLEC). Le RCAR poursuivra prochainement ces opérations d'intégrations avec les caisses de retraite de l'ONE et quelques autres Régies de distribution d'eau et d'électricité. La réussite de ces opérations d'intégrations, conjuguée à la modernisation du régime et à sa bonne situation financière ne manqueront pas de lui conférer un repositionnement afin qu'il joue un rôle central dans le cadre de la réforme du secteur de la retraite.
Comment se porte l'activité retraite du CNRA ? Il est tout d'abord utile de rappeler les principales activités de cet établissement public, doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière et dont la gestion a été confiée à la CDG. Conformément aux textes la régissant, la CNRA gère le portefeuille des rentes accidents de travail, la gestion des rentes d'accidents de circulation au profit des victimes et ayants droit mineurs, le Régime complémentaire de retraite (RECORE), le Fonds de retraite des ordres des avocats du Maroc (FRAM), le système Addamane Al Hirafi au profit des commerçants et artisans et le système de pensions différées au profit des salariés de certains organismes. Parallèlement, la CNRA gère, par voie conventionnelle le Régime de Retraite des Membres de la Chambre des Représentants, le Régime de Retraite des Membres de la Chambre des Conseillers et la Caisse de retraite de l'ordre des avocats de Casablanca (CRAC). A fin 2008, la CNRA a réalisé un chiffre d'affaires de 460 MDH, en progression de 11% par rapport à l'exercice précédent. Ce CA, qui représente près de 7% de la branche vie du secteur des assurances, a bénéficié essentiellement au régime de retraite RECORE : 225 MDH, à la gestion des rentes d'accidents de travail : 122 MDH et à la gestion des rentes d'accidents de circulation : 92 MDH. S'agissant de la gestion financière, le portefeuille de la Caisse s'est élevé à 2.971 MDH, en hausse d'environ 4% par rapport à l'exercice précédent, générant de ce fait un montant de produits financiers de 170 MDH, en progression également de 3,3%. Enfin, le total bilan de la Caisse s'est élevé à 3.939 MDH contre 3.669 MDH un an auparavant, en amélioration de 7,4%. ------------------------------------------
CNRA étendra sa couverture
« Compte tenu des mutations que connaît notre environnement à travers la réforme du secteur de la retraite et la libéralisation du secteur des assurances, la CNRA s'emploie à la concrétisation des axes stratégiques qu'elle s'est assignés, à savoir le renforcement de l'activité institutionnelle et le développement de la retraite facultative ou de base pour les catégories socioprofessionnelles non encore couvertes », selon Mohammed Larbi Nouha.S'agissant de la couverture «retraite», et consciente du besoin exprimé à maintes reprises en la matière, notamment par les associations et Ordres professionnels, la CNRA se positionne pour une éventuelle prise en charge de la retraite des professions libérales et indépendants, soit par l'extension du fonds de retraite des avocats (FRAM) à cette catégorie socioprofessionnelle, soit par la création d'un régime institutionnel propre à cette population, a-t-il précisé.