Des piliers de la croissance

L'effet des vases communicants

Le ralentissement, sans précédent, de l'économie mondiale en 2009, devrait affecter le dynamisme des activités non agricoles.

12 Février 2009 À 13:24

En revanche, les bonnes performances du secteur primaire et la vigueur de la demande intérieure soutiendraient le dynamisme de l'activité économique nationale dans son ensemble et atténueraient les répercussions de la récession économique internationale.

Malgré le dynamisme manifesté au cours du premier semestre 2008, l'activité économique a connu un ralentissement durant le second semestre, attribuable à la modération de la croissance des activités non agricoles. Celles-ci auraient augmenté de 5% au lieu de 6,2% enregistré en 2007. Toutefois, le secteur primaire a réalisé une croissance soutenue en 2008 estimée à 11,1% au lieu d'une baisse de 20% enregistrée en 2007. Ainsi, la croissance du PIB aurait été de 5,8% en 2008 au lieu de 6,2% retenue au mois de juin dernier dans le budget économique exploratoire peaufiné par le HCP. Les activités non agricoles (le secteur secondaire et les services) auraient été affectées par la baisse de la demande mondiale et l'augmentation sensible des prix en particulier, celui du prix du pétrole brut qui a atteint 146 dollars le baril au mois d'août avant de connaître un net fléchissement à fin 2008. L'inflation importée a été excessive pour l'économie marocaine et sans l'intervention des pouvoirs publics, par le biais de la compensation, la hausse des prix intérieurs aurait atteint des niveaux insoutenables. Globalement, l'accroissement de l'Indice du coût de la vie s'est situé à 3,9% en 2008. Mesurée par le prix implicite du PIB, indice synthétisant l'inflation auprès de l'ensemble des agrégats de la comptabilité nationale, la hausse aurait été de 3% en 2008.

Selon le HCP, les activités non agricoles ont commencé à subir les effets du recul de la demande mondiale depuis les derniers mois de 2008, en raison de la contraction des importations des principaux partenaires du Maroc, notamment la zone Euro. La valeur ajoutée non agricole a connu ainsi un léger ralentissement en passant de 6,2% en 2007 à 5% estimé pour 2008. Ce résultat est attribuable au ralentissement des activités, à la fois des secteurs secondaire et tertiaire, qui n'ont pas pu maintenir le rythme élevé enregistré pendant le premier semestre de l'année. La valeur ajoutée du secteur secondaire n'aurait été que de 4,8% en 2008 au lieu de 6,6% enregistré en 2007, alors que celle du secteur tertiaire aurait atteint 5,2% au lieu de 6,1% une année auparavant. Le rythme de croissance des activités secondaires a reculé en 2008. Ainsi, l'activité minière a dégagé une valeur ajoutée en volume en baisse de 1,5%, en raison de la régression de la production des phosphates et des autres minerais.

En terme nominal, le secteur minier a profité largement du renchérissement des prix des phosphates et de ses dérivées sur les marchés internationaux. Les recettes des exportations des phosphates ont plus que doublé en 2008. Il convient de noter que cette expansion des ventes des phosphates et de ses dérivées a largement dopé les exportations totales du Maroc en 2008. Le secteur de l'énergie, de son côté, aurait affiché une croissance modeste d'environ 3,6% au lieu de 8,7% en 2007, compte tenu de la baisse de l'activité du raffinage et de la décélération de la production d'électricité, en liaison avec la modération de la demande affectée par le ralentissement de l'activité économique au cours de la deuxième moitié de l'année. De même, les industries de transformation auraient progressé à un rythme légèrement inférieur à la moyenne des trois dernières années, soit un taux de 3,7%, et ce, malgré le dynamisme manifesté au début de l'année 2008.

Plusieurs facteurs ont atténué le rythme de croissance des industries de transformation. Il s'agit essentiellement de la décélération des exportations, notamment pour les industries de textile et d'habillement, de la hausse des coûts de facteurs de production et de la réduction des stocks des matières premières en raison des difficultés d'approvisionnement de certaines branches d'industrie. Quant à l'activité du bâtiment et travaux publics, elle aurait maintenu son dynamisme, quoiqu'à un rythme légèrement inférieur à la tendance antérieure, soit un taux de 9,8% au lieu de 11,7% en 2007. Ce secteur continue de bénéficier de l'amélioration des investissements publics et du dynamisme des investissements privés, soutenu par la poursuite de la hausse des crédits en faveur des ménages et des promoteurs immobiliers.

Il est à souligner que le secteur du bâtiment reste tributaire du dynamisme de la demande intérieure et n'est pas fortement lié à la conjoncture défavorable que traverse le secteur de l'immobilier au niveau mondial. Le ralentissement du secteur tertiaire, composé des services marchands et de l'activité des administrations publiques, s'explique par la progression modérée du commerce intérieur en 2008 affecté par la hausse du niveau général des prix et aussi par la décélération du rythme de croissance des télécommunications, du transport et des services rendus aux entreprises. L'activité touristique, quant à elle, a connu une amélioration des arrivées dont le nombre a atteint près de 8 millions de touristes au lieu de 7,5 millions en 2007. Néanmoins, les recettes voyages auraient enregistré un léger recul par rapport à l'expansion des dernières années, en raison du fléchissement du nombre de nuitées.
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Supérieure à la moyenne

La croissance du secteur primaire, annoncée initialement à 9,7% en 2008, a été révisée à la hausse pour atteindre 11,1%. Cette performance a été largement soutenue par l'amélioration de la production céréalière, se situant à 50 millions de quintaux au lieu de 21 millions une année auparavant, la consolidation du rythme d'accroissement des activités de l'élevage, des légumineuses et des cultures fruitières ainsi que par la reprise de l'activité des pêches maritimes. Malgré ces résultats, la part du secteur primaire n'a pas dépassé 12,8% du PIB, au lieu de 14,7% en moyenne annuelle durant la période 1998-2007. Les conditions climatiques ont été jusqu'au mois de janvier très favorables à la campagne agricole 2008-2009. La production des cultures céréalières atteindrait, selon un scénario moyen et provisoire, 70 millions de quintaux. Ce résultat serait conforté également par la consolidation de la production des autres cultures et de l'élevage.
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