Des défaillances historiques
Le groupe Euler Hermes, représenté par sa filiale au Maroc Euler Hermes ACMAR, prévoit une augmentation des défaillances de +35% en 2009, après +27% en 2008.
LE MATIN
18 Juin 2009
À 17:04
Vraisemblablement, l'année 2009 est loin de connaître une accalmie côté finances, à la lumière de la crise mondiale dont les séquelles continuent de sévir. En ce sens, 35%, c'est le chiffre relatif à l'augmentation des défaillances d'entreprises selon les prévisions du groupe Euler Hermes, représenté par sa filiale marocaine Euler Hermes ACMAR (EHA), N°1 de l'assurance-crédit au Maroc. Lors d'une rencontre organisée cette semaine à Casablanca, les propos tenus par Jean-Christophe Batlle et Youssef Douieb, respectivement DG et DGA d'EHA, augurent d'un marasme qui est loin d'épuiser son dernier souffle.
« L'évolution des défaillances d'entreprises en 2008, qui se poursuivra en 2009 sur les principaux marchés cibles des exportateurs marocains, devrait accroitre significativement les risques auxquels ils sont exposés. Les exportateurs doivent dorénavant faire face à des baisses importantes de commandes aggravées d'une augmentation sensible des défaillances potentielles de leurs clients. Prospecter de nouveaux marchés, conquérir de nouveaux clients tout en se protégeant contre leur défaillance potentielle est plus que jamais devenu une nécessité », indique Jean-Christophe Batlle.
A ce propos, l'analyse réalisée par Eurel Hermes fait ressortir que l'indice global des défaillances (IGD) qui synthétise l'évolution des défaillances d'entreprises dans le monde est ressorti en forte hausse en 2008 (+27% contre +25% prévu). La tendance à l'accélération des défaillances s'était amorcée dès 2007 (+4%) du fait d'un nombre croissant de pays déjà touchés par un rebond des faillites d'entreprises. En 2008, la décélération de l'activité mondiale au 1er semestre (dans un contexte difficile d'explosion des prix des matières premières), puis surtout son brutal et violent effondrement en seconde partie d'année s'est traduit par une dégradation rapide de la situation financière des entreprises, une accélération de leurs difficultés de paiement et, in fine, une envolée des défaillances, en particulier au 4ème trimestre. Mais si le scénario s'est avéré quasi identique dans tous les grands pays, à l'exception notable de l'Allemagne, celui-ci a pris une tournure exceptionnelle dans plusieurs pays comme l'Espagne (+187%), le Portugal (+67%), l'Irlande (+113%), le Royaume-Uni (+31%), l'Italie (+45%), le Danemark (+67%), sans oublier les Etats-Unis (+45%).
« Dans un contexte de récession mondiale majeure, c'est à un nombre considérable et historique de défaillances d'entreprises partout dans le monde que nous devons faire face, au moins jusqu'à la fin de l'année 2009. La progression de notre indice global des défaillances est anticipée à +35%. Il est peu probable que le niveau de défaillances d'entreprises retombe en 2010 : il arrêtera sans doute de progresser, mais le trop faible souffle de reprise anticipée ne permettra pas de sauver beaucoup plus d'entreprises que cette année », souligne pour sa part Karine BERGER, directrice des études chez Euler Hermes. Dans le même ordre d'idée, l'étude mentionne qu'après un 1er trimestre 2009 très déprimé, dans la lignée de la fin d'année 2008, la récession mondiale majeure qui se profile pour l'ensemble de l'année 2009, la plus sévère jamais enregistrée depuis l'après seconde guerre mondiale, appelle de longs et douloureux processus d'ajustements dans les entreprises. En se prolongeant dans la durée et en se propageant progressivement à la majorité des secteurs d'activité, la contraction des pays développés risque de prolonger et d'accentuer le rebond des défaillances. Celui-ci s'est déjà confirmé sur le 1er trimestre 2009 avec des hausses, en glissement annuel, dépassant 15% (France, Autriche, Suisse), 20% (Belgique), 30% (Portugal), 40% (Royaume-Uni) et des situations plus dégradées encore avec un doublement des faillites en Irlande et au Danemark, et plus qu'en triplement en Espagne. Alors que certains pays s'orientent vers des niveaux record de sinistralité, l'IGD devrait connaître une hausse très significative en 2009 (+35% en moyenne annuelle).