Si les entreprises se mettent de plus en plus au Web, elles n'en font toutefois jusqu'à présent qu'une utilisation rudimentaire (messagerie, recherche d'information,…), alors que le commerce électronique est encore à ses premiers balbutiements. Pire, un renversement de tendance ne se profile pas à l'horizon.
LE MATIN
17 Juillet 2009
À 16:11
Certes, les entreprises se mettent de plus en plus aux Technologies de l'information et de la communication (TIC), mais elles n'arrivent pas encore à les adopter pour les intégrer définitivement dans leur vie. En fait, en plus d'une progression lente de l'informatisation des entreprises, celles-ci continuent à faire un usage basique des TIC, notamment du Web, comme en témoigne le recours très timide au commerce électronique, resté à l'état embryonnaire.
C'est ce que révèle la dernière enquête de collecte des indicateurs TIC réalisée par l'Anrt (Agence nationale de réglementation des télécommunications). En fait, les entreprises sont encore frileuses et n'osent pas s'aventurer dans le domaine des transactions sur le Net. « Le commerce électronique accuse un faible développement au niveau des entreprises aussi bien sur le plan de la vente que de l'achat en ligne étant donné le faible taux d'utilisation et le désintérêt constaté », selon l'enquête. Ainsi, explique-t-on, à fin 2008, seules 5% des entreprises enquêtées déclarent réaliser des achats en ligne et seulement 2% utilisent le Net pour leurs opérations de vente. De plus, cette tendance n'est pas prête à se rompre, puisque les entreprises manifestent de moins en moins de l'intérêt pour l'utilisation du e-commerce. En fait, selon l'enquête de l'Anrt, les intentions de recours au Web pour cet usage restent limitées et diminuent année après année, avec une baisse continue depuis 2006 de 5% en 2008 des intentions d'achat en ligne et de 7% pour les intentions de vente en ligne.
S'agissant des freins au commerce en ligne, les entreprises évoquent deux principaux facteurs. Il s'agit de l'hésitation de la clientèle à faire ses achats en ligne (38%) et du fait que les produits proposés par ces entreprises sont peu adaptés au commerce en ligne. Cette hésitation des particuliers est due en premier lieu, selon ceux-ci, au risque d'insécurité de paiement (27%). A défaut de cette utilisation qui leur permettra une optimisation de la connexion au Web pour une plus forte valeur ajoutée, les entreprises continuent à en faire un usage basique. En fait, la messagerie et la recherche d'information restent les principaux usages d'Internet dans les entreprises (>95%), selon l'enquête. L'obtention d'information auprès d'organismes publics a connu une forte augmentation, passant de 50% en 2007 à 78% en 2008. Ce qui peut s'expliquer par la mise en œuvre par les organismes publics de sites web plus riches en services aux entreprises, plus dynamiques et interactifs. Par ailleurs, les entreprises sont de plus en plus connectées à la toile. En effet, d'après cette enquête, la quasi-totalité des entreprises interrogées (91%) sont connectées à Internet en 2008. S'agissant du mode de connexion, si l'ADSL continue à dominer le marché (94%), il est toutefois confrontée désormais à une vive concurrence de la part de la 3G qui a réalisé une percée avec un taux de 13% des entreprises connectées.
Néanmoins, peu d'entreprises (16%) disposent pour le moment d'un site web. Et même celles qui s'en sont dotées n'en font qu'une utilisation rudimentaire, puisque la majorité (61%) des sites d'entreprises ont plutôt un caractère commercial. Autre donnée révélée par l'enquête, la plupart des entreprises (94%) qui disposent d'un site web possèdent un nom de domaine propre, notamment les extensions en «.ma» et en «.com».
En ce qui concerne la part des postes de travail connectés à Internet, il a atteint 75% en 2008, gagnant 5 points par rapport à 2007. Pour le profil des usagers, l'enquête révèle que 64% des utilisateurs d'Internet en entreprise sont des cadres.
En outre, selon un guide publié par la CGEM sur l'e-gov au service des opérateurs marocains, le recueil des procédures d'administration électronique destinées aux entreprises, actuellement en exploitation ou en cours de développement fait ressortir que "peu d'administrations ont développé de véritables e-services". Toutefois, on note une amélioration en cours au niveau de leur portail et de leurs services en ligne. En vue d'inciter les opérateurs à en profiter, le guide recommande de lancer des campagnes de promotion et de sensibilisation. ---------------------------------------------
L'Internet à domicile en progression
L'accès à Internet s'est fortement accéléré en 2008 chez les particuliers, selon l'enquête. En fait, le taux de pénétration dans les ménages passe de 7% à près de 14%, et on compte aujourd'hui près de 3 connexions Internet pour 100 habitants. Cet accès reste corrélé à certaines variables, notamment la CSP (catégorie socioprofessionnelle). Ainsi, explique-t-on, plus de deux tiers (67%) des ménages ayant un accès Internet appartiennent à la CSP A, B et C alors qu'elles ne représentent que 16% de la population. A l'inverse, les CSP D et E comprennent 33% des ménages ayant un accès à Internet, alors qu'elles représentent 60% de la population. Autre renversement de tendance révélée par l'enquête, est la montée de l'équipement en Internet à domicile. En fait, fait-on savoir, jusqu'en 2007, ceux qui disposaient d'un accès hors ménage ne voyaient pas d'utilité à l'équipement en Internet à domicile. En 2008, cette tendance n'a pas résisté et les taux tendent à s'équilibrer. Le potentiel de développement de l'Internet à domicile est même en hausse en 2008 (+10 points par rapport à 2006) : 38,3% des individus non équipés d'Internet à domicile ont l'intention de se doter d'un accès Internet en 2009. Cela représente un potentiel de 1,6 millions de ménages S'agissant du mode de connexion, si l'ADSL reste le plus prisé par les ménages (64%), il est toutefois en perte de parts de marché au profit de la 3G. Rappelons qu'il dominait le marché avec une part de 80% en 2007 et 89% en 2006. La montée en puissance de la 3G sans fil lui a permis de se hisser à hauteur de 30%.