La ville se protège contre les crues

Pour faire face aux crues dans les bassins amont de la ville de Fès, l'Agence du bassin hydraulique de Sebou projette de mettre en place un système de prévision et d'alerte. L'étude de faisabilité de ce projet est lancée en partenariat avec la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC), la wilaya de Fès et la Direction de la météorologie nationale. « Ce projet concerne la ville de Fès et ses bassins versants amont et devrait nous permettre de disposer d'un réseau de prévention et d'annonce de crues efficace pour une meilleure protection des populations », souligne Samir Rhaouiti, chef de la division Développement et gestion des ressources en eaux à l'Agence du bassin hydraulique de Sebou. Il précise qu'il y a aujourd'hui une urgence. L'agglomération du Grand Fès se caractérise par un important réseau hydrographique axé principalement sur l'oued Fès avec 5 affluents avant de se déverser dans l'oued Sebou : oued Smen, oued Aïn Chkef, oued Himmer, oued Mahraz et oued Boufekrane. La ville de Fès a, par ailleurs, connu dans le passé (septembre 1950 et octobre 1989) deux crues excessivement violentes qui ont causé de très importants dégâts (inondations et destruction de maisons, de ponceaux, effondrement de berges, érosion de chaussées, coupures de routes, etc.).

«L'alerte et la prévention des inondations sont nécessaires pour une meilleure maîtrise et protection des populations et des biens. Ceci nécessite la mise en place d'un système de télémesure pour la prévision et l'annonce des crues. La composante ''études'' est d'ores et déjà lancée et la composante ''installation du matériel de télémesure au niveau de la source des oueds'' est prévue l'année prochaine.

Les études devraient coûter 800 mille DH, alors que le budget alloué au matériel est de 2 à 3 millions DH », explique t-il. A noter que ce n'est pas une première au niveau national. Un système de prévision et d'alerte aux crues est déjà installé à Marrakech au niveau de la région d'Ourika et qui permet de prévenir à l'avance l'arrivée des pluies et des orages et, de fait, permet aux autorités locales d'évacuer la population. «Après la période d'études fixée à six mois et qui se termine dans trois mois. Nous comptons passer à l'étape de l'installation du matériel et de l'équipement.

Il y a lieu de noter que ce projet est mené par des experts marocains de l'agence. Les Suisses ont juste apporté l'appui financier de la première tranche des études concernées et ils nous ont proposé de prendre connaissance de l'expérience suisse en la matière en organisant des visites chez eux », indique Aziz Bouignane, chef du service ''Planification et gestion des ressources en eaux''. Il précise aussi que la ville de Fès n'est pas dépourvue d'un système de protection.

«Les pouvoirs publics ont construit deux barrages : Barrage Oulad Gaâda et celui de Moulay Arafa ainsi qu'un canal qui les relie en plus de la digue de Dhar El Mehraz. Ce dispositif permet de protéger la ville à un degré convenable contre les inondations et les crues qui viennent du sud notamment du Moyen Atlas. Mais la bonne gestion des barrages se trouve compromise parce que le domaine public hydraulique est investi par des infrastructures et des habitats souvent insalubres, notamment au niveau des quartiers de Mont Fleurie et Aouinate Haja », explique-t-il.

Pour lui, le système de prévision et d'alerte des orages et des crues s'impose aujourd'hui et l'on ne peut pas attendre d'être envahi par des crues pour prendre des dispositions. « Ce système qui a déjà fait ses preuves ailleurs nous permet d'agir au niveau de la source du bassin versant en montagne. Nous recevons l'information en temps réel. A partir de ce moment, nous avons six heures pour alerter les autorités et agir surtout quand il y a des orages hors saison des pluies que personne ne prévoit. On peut aussi détecter l'arrivée des orages grâce aux satellites et prendre nos dispositions », ajoute-t-il. Conceptuellement, le système de prévision et d'alerte des crues sera composé de six parties. Il y a la prédiction qui se traduit par la détection de variations de l'état de l'environnement qui pourraient déclencher une inondation et la prédiction des niveaux et débits pendant cet évènement (prévision hydro-météorologique).

Cette étape est suivie, selon Aziz Bouignane, par l'interprétation avec l'identification du risque et des vulnérabilités et la construction de messages via le processus d'élaboration d'alertes aux inondations imminentes. «En dernier lieu vient la diffusion de l'information, en temps réel, des autorités pour la prise de décision, des entités qui pourraient êtres affectées et la génération automatique d'actions adéquates auprès des différents organismes compétents intervenant dans le domaine des inondations», affirme-t-il. A noter que ce projet s'inscrit dans le cadre de la stratégie du secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement visant à renforcer les capacités humaines et techniques des agences hydrauliques. Une soixantaine de stations seront équipées par des systèmes d'alerte reposant sur des instruments de mesures sophistiqués et des moyens de communications modernes et efficaces à l'horizon 2012.
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Implication de la population dans les plans de secours

La wilaya de Fès a signé une convention avec l'ambassade suisse portant sur un projet de renforcement du secourisme au niveau de cette ville. Cela a permis la formation de quelque 136 Secouristes volontaires de proximité (SVP) en vue d'améliorer les plans de secours et d'alerte au sein de l''ancienne médina. Cette formation, qui a duré 12 mois, a été une réussite sur tous les plans, étant donné le choix de l'ancienne médina, notamment pour ses caractéristiques urbanistiques, avec des ruelles étroites, la rendant difficilement accessible en cas de sinistres d'envergure. Le but de ce projet est de renforcer la capacité de la société civile à répondre efficacement en cas de désastre en établissant un réseau durable et extensible de volontaires issus de la population locale.