Le WAC jubile après son titre acquis au sprint final
Les importations marocaines sans droits de douane à partir du 1er mars 2010
Les exportations européennes vers le Maroc seraient appelées à s'accroître. Ce qui devrait favoriser le développement compétitif des confectionneurs marocains en "produits finis". Concurrence oblige.
LE MATIN
19 Février 2010
À 18:33
A compter du 1er mars 2010, les droits de douanes applicables par le Maroc aux importations directes de produits textiles et d'habillement en provenance de l'Union européenne seront totalement supprimés. «La suppression des droits de douane, au 1er mars 2010, sur les importations directes de matières textiles va favoriser le développement compétitif des confectionneurs marocains en "produits finis" et le développement des exportations textiles européennes vers le Maroc», a précisé Jean-François Limantour, président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (CEDITH). Ceci, en application d'une décision du gouvernement marocain prise en 2005, et approuvée par le Conseil d'association Maroc-UE. Ce démantèlement a été appliqué par étapes selon une procédure accélérée depuis 2007. Les droits de douane actuels, applicables jusqu'à fin février 2010, sont généralement de 2,5% pour les fils, les cordes et ficelles, les dentelles et passementerie, de 5% pour les tapis et revêtements de sol et pour les vêtements de bonneterie et en tissus et de 7,5% pour les tissus et les étoffes à maille.
En 2009, le Maroc a importé des produits textiles et d'habillement pour une valeur de 19,3 milliards de dirhams, soit 1,72 milliard d'euros, dont 1,2 milliard d'euros de l'Union européenne. Le Maroc est le 5e client de l'Union européenne. Pour l'essentiel, il s'agit d'importations, en admission temporaire, de matières textiles (tissus notamment) destinées aux confectionneurs marocains sous-traitants. Le Maroc importe par an plus de 300 millions de mètres de tissus. Ses principaux fournisseurs européens de tissus sont ses grands "donneurs d'ordres" en habillement: Espagne, France, Italie. Mais le Maroc importe également, et de plus en plus, des matières textiles de Chine et de Turquie. En 2009, les importations marocaines de textile-habillement en provenance de Chine se sont élevées à 3,38 milliards de dirhams, en progression de 37% par rapport à l'année 2008. Elle est maintenant le second fournisseur textile-habillement du Maroc, derrière l'Espagne et devant la France et l'Italie.
Sur un autre registre, «il convient de signaler qu'en dépit de son accord de libre-échange avec les Etats-Unis et des efforts de prospection menés sur ce marché, le Maroc régresse fortement (-36,1%) avec des exportations très faibles, à 58 millions de dollars, soit pas mieux que la Tunisie», selon la lettre mensuelle du CEDITH. Globalement, les exportations des fournisseurs méditerranéens vers les Etats-Unis reculent en 2009 de 18,5%, à 2,77 milliards de dollars. Pour la Jordanie (-21,3%) et pour la Turquie (-30,9%), la chute est sévère, alors que l'Egypte ne recule que de 2,6%, ce qui lui permet de se hisser au premier rang des fournisseurs méditerranéens du marché américain. Rappelons que l'Egypte, comme la Jordanie, bénéficie d'un accord préférentiel «QIZ» lui permettant d'exporter à droits nuls vers les Etats-Unis des vêtements intégrant des composants israéliens. Le recul de la Jordanie, observé depuis trois ans, est d'autant plus préoccupant que le marché américain est le seul débouché extérieur du pays.
Israël enregistre également une baisse significative de ses exportations : -16,1% à US$ 352 millions. Les autres pays méditerranéens (Algérie, Lybie) n'exportent rien vers les Etats-Unis. Les pays méditerranéens perdent également des parts de marché en Europe. Certes, le tassement de la consommation vestimentaire est un facteur explicatif important. Mais il n'a été que de - 3% en Europe (-2,1% en France selon l'Insee). Du reste la baisse des importations d'habillement de l'U.E a été limitée à 3,8% contre -13% à -16% pour les pays méditerranéens. «En réalité, on assiste depuis quelques années à un transfert de sourcing européen au profit de l'Asie et au détriment de la Méditerranée», selon la même source. Ainsi, la part relative des trois principaux exportateurs méditerranéens (Turquie, Tunisie, Maroc) dans les importations européennes de textile-habillement est tombée de 24,5% en 2005 à 19,5% en 2009, avec une accélération depuis deux ans. Dans le même temps, la part des trois plus gros exportateurs asiatiques (Chine, Inde, Bangladesh) grimpait de 44,5% à 56,4% ! ---------------------------------------------
Le Maroc mal loti
Chacun des quatre pays méditerranéens recule, tant en textile qu'en habillement. La Turquie conserve son rang de second fournisseur de l'Union européenne derrière la Chine, en dépit d'une baisse significative de ses exportations.
La Tunisie recule globalement de 12,2% (- 9% à euros constants). Le Maroc est le plus sévèrement touché parmi les quatre avec une baisse de 16,4 % et glisse de la 6e place en 2008 à la 7e en 2009 - 2009 ; il marque également un coup d'arrêt aux exportations de l'Egypte, après plusieurs années de croissance. Globalement, on assiste donc à une perte de compétitivité globale du textile-habillement méditerranéen qui tient à plusieurs causes dont notamment l'érosion des préférences européennes, les importants efforts d'investissement de l'Asie, en particulier de la Chine, le démantèlement de l'AMF et des pratiques déloyales de certains pays asiatiques (dumping économique et social). Pour éviter cette hémorragie, les pays méditerranéens, dans un contexte concurrentiel, n'ont d'autre alternative que de mener une vigoureuse politique volontariste fondée sur le savoir et l'intelligence, la création et l'innovation, les nouvelles technologies d'information et de communication.