Les industriels de la chaussure en quête de visibilité
Les industriels continuent à défendre leurs marchés et à investir autant que possible dans l'amélioration de la qualité et dans le repositionnement concurrentiel, avec l'espoir que le moteur de l'économie internationale puisse reprendre à plein régime.
LE MATIN
05 Mars 2010
À 12:57
Malgré la crise économique, le nombre des exposants du MICAM ShoEvent, tenu du 2 au 5 mars 2010 à Milan, n'a pas baissé par rapport à l'édition de 2009. Par leur présence, les entreprises de production prouvent qu'elles considèrent la manifestation comme une grande perspective commerciale incontournable d'où elles peuvent relancer leurs affaires. Même les entreprises marocaines n'ont pas renoncé à leur présence sachant que le Maroc est à sa deuxième participation à ce salon mondial de la chaussure italienne haut de gamme. Le nombre des exposants, épaulés par Maroc Export, s'est élevé à huit contre six en septembre 2009, en plus de la FEDIC (Fédération marocaine des industries du cuir) et les industriels qui ont exposé avec des Italiens. Si lors de la première participation, le Maroc était le seul pays arabe à avoir participé à cet événement, cette fois, les concurrents lui ont emboîté le pas. Des exposants tunisiens et égyptiens n'ont pas manqué d'y prendre part pour pouvoir collecter des commandes, dans la mesure où le salon rassemble fabricants et acheteurs de tous les continents et accueille les grands noms de la maroquinerie et des accessoires de la chaussure.
Rassemblant les plus grands noms et designers de renommée internationale, il permet également de s'imprégner du savoir-faire italien. D'ailleurs, l'importance de cette manifestation pour le Maroc ne se dément pas. Lors de la première participation, marques et centrales d'achat de notoriété internationale avaient souligné leur intérêt pour l'offre marocaine diversifiée et de bonne qualité.
Des relations d'affaires ont été tissées avec des donneurs d'ordre espagnols, américains, italiens, australiens et japonais. Pour dire que la qualité et le savoir-faire marocains sont bien cotés en la matière. Cette fois aussi les exposants marocains sont animés par l'espoir de voir leurs collections appréciées par les acheteurs provenant du monde entier dans le cadre de la principale foire internationale du secteur, véritable point de repère qui dicte les lignes directrices des achats en matière de chaussures. En ces temps difficiles, la recherche de visibilité est l'objectif ultime de tous les exposants. «Au début de l'année 2010, on a senti une petite reprise, mais il n'y a pas beaucoup de visibilité, sachant que l'activité connaît deux saisons : celle d'été et celle d'hiver. Les commandes d'hiver viennent de commencer. On attend l'évaluation des commandes pour avoir plus de visibilité», a souligné Yassine Berrada, administrateur à SONIC (Société nouvelle de l'industrie de la chaussure). A souligner que plus de 2000 collections sont proposées pour l'hiver 2010/2011. Pour sa part, Miloud Chekkab, directeur général de Aladin Shoes, plus grande unité au Maroc de fabrication de chaussures avec 4000 paires par jour et 450 personnes employées, affirme, «C'est le marché qui va nous orienter. Tout est en fonction des commandes». Cette situation n'est que la résultante d'une année 2009 difficile. Les commandes, les quantités produites et celles exportées ont subi des reculs. «90% de notre production est destinée à l'export, c'est pourquoi, on a bien senti la crise. Les marchés sont très peu demandeurs tandis que l'offre est la même.
Ainsi, avec la concurrence qui devient plus exacerbée, on a des difficultés à écouler notre production sur les marchés étrangers », a déclaré Abdelhai El Mernissi, manager à Tanger Shoes. Pour dépasser la crise, les entreprises devront donner le meilleur d'elles-mêmes. Elles sont en effet appelées à innover à tous les niveaux pour transformer les moments difficiles en opportunités. « Pour se distinguer des concurrents, on fait des modèles plus complexes. On fait plus d'efforts sur la qualité. On attend des commandes et de recruter des représentants dans les pays où on n'est pas encore présent. On exporte vers la France, l'Espagne et l'Italie», a ajouté Abdelhai El Mernissi. Les industriels continuent à défendre leurs marchés et à investir autant que possible dans l'amélioration de la qualité et dans le repositionnement concurrentiel, avec l'espoir que le moteur de l'économie internationale puisse reprendre à plein régime. «Notre activité est à 100% orientée vers l'export.
Avec la crise, elle a chuté de 20%. Pour contrecarrer cette situation délicate, on a adopté une approche agressive au niveau commercial. On cherche à un rythme plus accéléré de nouveaux clients et de nouvelles commandes», a noté Yassine Berrada. Idem pour la société Aladin Shoes dont le chiffre d'affaires a avoisiné les 800 millions de dirhams en 2009. «L'année dernière était difficile. La chute de l'activité exportatrice a reculé de 20 à 25%. A savoir que notre production est orientée à 80% vers le marché européen et à hauteur de 20% vers le marché américain », a rétorqué Miloud Chekkab. En somme, 2010 a débuté par un ralentissement significatif de la plupart des tendances négatives, mais malheureusement, aussi bien la collecte des commandes du dernier trimestre 2009 que les perspectives à court terme poussent à considérer avec la plus grande prudence les premiers signes de la reprise.
Nouvelle ère
L'industrie de la chaussure, une des principales activités de la filière Cuir au Maroc, franchit une nouvelle étape. La stratégie que la Fédération marocaine des industries du cuir (FEDIC) a tracée repose désormais sur le produit fini et la co-traitance. Fini le temps où les industriels ne faisaient que de la sous-traitance. En effet, il y a près de 5 ans, la sous-traitance représentait 99% de cette industrie. L'heure est donc au repositionnement pour donner de l'élan à ce segment et gagner des points par rapport à la concurrence notamment tunisienne. La participation du Maroc pour la deuxième fois au MICAM, salon mondial de la chaussure italienne haut de gamme, qui s'est tenu du 2 au 5 mars à Milan, sur un stand qui s'étend sur une superficie de 178 m², s'inscrit dans cette logique. Reste à préciser que l'industrie du cuir bénéficie d'un grand potentiel à l'export. Partie intégrante du Plan Emergence, elle est considérée comme l'un des 8 métiers mondiaux du Maroc qui devront générer 70% de la croissance industrielle à l'horizon 2015 pour atteindre trois objectifs : stimuler la croissance, créer un secteur industriel fort et conforter les entrées de devises. En parallèle de l'exportation, le marché domestique fait l'objet d'un plan spécifique. Avec un potentiel de croissance estimé à 60% d'ici 2015, il présente les opportunités importantes de développement.