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Lueurs d'une zone de libre-échange

Réunis dans le cadre de la 9e session de leur Conseil, les ministres maghrébins chargés du Commerce ont convenu, lundi dernier à Tripoli, de la nécessité d'accélérer le rythme de création de la zone de libre-échange entre les pays de l'UMA. Les membres se sont mis d'accord sur la tenue d'une session extraordinaire avant la fin 2010, qui sera consacrée à l'adoption d'un projet d'accord sur la création de cette zone. Le business intra-maghrébin devrait y renaître de ses cendres…
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17 Juin 2010 À 16:55

Malgré la hausse remarquable des échanges commerciaux entre les pays du Maghreb entre 2006 et 2009; de 2,5 à 4,5 milliards de dollars (+86 %); ces derniers n'ont pas dépassé les 3% du volume total des échanges commerciaux des 5 pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA), contre les 6% du Conseil de coopération du Golfe (CCG), 10% des pays de l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UEMAO) et 15% des pays du Mercosur (Marché commun du Sud). Ceci étant, la composition de la structure de la marchandise commerciale maghrébine multilatérale n'est pas diversifiée, elle concerne dans une grande partie des produits limités. Le secteur des matières chimiques et plastiques constitue environ 61% des échanges commerciaux inter-maghrébins, suivi de l'industrie mécanique, minérale et électrique avec un taux de 14%. Le frein politique a si pesé que le ''Maghreb économique a ravagé l'UMA économique, retrouvée égarée juridiquement''.

Cadre juridique
A ces constats, Abdellatif Maâzouz, ministre du Commerce extérieur, réuni avec ses homologues à Tripoli, a souligné que la révision du cadre juridique des échanges commerciaux maghrébins, à la lumière des nouveautés nationales, régionales et internationales, est devenue nécessaire et revendiquée par les pays de l'UMA, d'autant que les négociations en cours pour la création d'une zone de libre-échange (ZLE) maghrébine se basent sur la libéralisation des échanges de marchandises et la mise en place d'avantages dépassant ceux attribués dans le cadre d'autres groupements.

Les pays de l'UMA ont souffert, à l'instar des pays du monde entier, des effets négatifs de la crise financière mondiale sur leurs économies, a noté A. Maâzouz, cité par la MAP, relevant que cela nécessite plus d'efforts communs et urgents dans le cadre d'un espace maghrébin, en vue de faire face aux répercussions de cette crise et amortir son acuité.

Dans ce contexte et rappelant les fondements historiques, géographiques, culturels et civilisationnels de l'Union; A. Maâzouz a mis l'accent sur "la conviction du Maroc que l'intégration du développement, fondée sur la complémentarité et la coordination dans les domaines de l'économie, des infrastructures, de la législation, des procédures, de la formation et de la recherche, demeure le moyen le plus efficient à même de donner à la dimension maghrébine ses composantes tangibles et modernes". Le Royaume "n'hésitera pas à s'engager dans tous les efforts visant à renforcer l'esprit de complémentarité et à concrétiser le principe d'intérêt commun et général de nos pays et de nos peuples", a-t-il indiqué.

Feuille de route
Plusieurs accords et conventions ont été signés sans pour autant concrétiser l'intégration économique projetée dans le cadre d'une ZLE pour un marché commun potentiel de près de 100 millions de consommateurs. Un accroissement conséquent des échanges apporterait deux points de croissance supplémentaires à chacun des 5 pays.

Concrètement, en vue de créer cette ZLE, les ministres maghrébins du Commerce ont décidé de mettre en oeuvre une série de mesures relatives notamment à la libéralisation du commerce des services de façon progressive et l'exonération totale et immédiate des produits industriels des droits de douanes et impôts assimilés après l'entrée en vigueur de l'accord, à l'exception des produits inscrits sur la liste annexe de cet accord.

Ils se sont également mis d'accord sur la libéralisation des produits agricoles, agro-industriels et de la pêche dans le respect des trois listes des exonérations, à savoir l'exonération immédiate, l'exonération progressive à 20 % par an sur une période de cinq ans, et l'exonération progressive à 10 % par an sur une période de dix ans.

Le Conseil a appelé, par ailleurs, le groupe de travail chargé de finaliser le projet d'accord de création de la ZLE maghrébine à se réunir avant la fin 2010 en vue d'entamer l'examen des règles d'origine maghrébine. Il a appelé également le groupe de travail chargé d'élaborer un tarif douanier maghrébin unifié à redoubler d'efforts afin de parachever son élaboration.

A l'issue de cette session, les membres du Conseil se sont mis d'accord sur la nécessité de tenir leurs réunions régulièrement chaque année, saluant la proposition marocaine d'abriter la prochaine session du Conseil.

BMICE et CEM
Enfin, parallèlement au projet de ZLE comme levier d'intégration économique maghrébine, c'est la Banque maghrébine pour l'investissement et le commerce extérieur (BMICE) qui se prépare à tenir sa réunion constitutive à Tunis avant la fin de l'année. Une fois mis en service, cet établissement financier sera en mesure de stimuler l'investissement et les échanges maghrébins. Par ailleurs, le projet portant création de la Communauté économique maghrébine (CEM) est sur le point d'être finalisé.
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« Un problème préjudiciable aux peuples de la région »

L'absence d'une ZLE maghrébine constitue un «grand problème» qui nuit aux peuples de la région du Maghreb, estime le directeur du Centre marocain d'études stratégiques (CMES), Mohamed Benhammou, dans une interview publiée, la mi-mai passé, par le quotidien tunisien «Assabah».
Face à l'aide insuffisante de l'UE, il est nécessaire d'ouvrir les frontières et de faciliter le flux des passagers, des marchandises et des capitaux entre les cinq pays de l'UMA, a-t-il dit, déplorant la faiblesse des échanges commerciaux entre ces pays par rapport «au reste de nos partenaires commerciaux».
Le développement des échanges commerciaux avec l'UE «ne pourra remplacer notre partenariat maghrébin et les relations Sud-Sud aux niveaux arabe, africain et musulman», a estimé M.Benhammou. «Les pays du nord, a-t-il dit, s'intéresseront plus à nous lorsque nous réussirons à mettre en place un large marché qui s'étend de Nouakchott à Benghazi avec 100 millions de citoyens jouissant de la stabilité».
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