La Société Nationale d'Electrolyse et de Pétrochimie (SNEP), unique producteur national de PVC, veut exercer son droit par l'application urgente des mesures de sauvegarde prévues par l'OMC, au cas de son importation des Etats-Unis qui déversent leurs surstocks à des prix «dumping» : la situation est jugée très préjudiciable à ce secteur, joyau du tissu industriel au Maroc.
LE MATIN
22 Janvier 2010
À 19:02
Le MCE a convoqué l'ensemble des parties prenantes du dossier pour une audience publique dans le cadre de son enquête.
La SNEP tire la légitimité de sa requête d'un cadre réglementaire national et international bien défini: l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a prévu des mesures de sauvegarde afin de protéger les pays signataires contre les pratiques déloyales, une démarche qui s'est avérée pertinente dans la majorité des pays industrialisés.
C'est ainsi que la Turquie a relevé le taux de son droit d'importation sur le PVC d'origine américaine en sus de l'application d'une taxe antidumping. Dans l'obligation de déstocker massivement pour parer au plus pressé, les prix pratiqués par les USA ont été tellement attrayants que même les Chinois ont été dans l'impossibilité objective de s'aligner, prolongeant du fait la pratique des mesures antidumping pendant 5 ans supplémentaires sur certains polychlorures de vinyles (PVC) américains. Au Maroc, face à cette situation, la branche industrielle de PVC dont la SNEP est aujourd'hui l'unique producteur national estime exercer son droit par l'application urgente des mesures de sauvegarde prévues par l'OMC.
Suite à la demande de la SNEP d'instaurer de telles mesures sur les importations de PVC, le ministère du Commerce Extérieur (MCE) a rassemblé l'ensemble des parties prenantes du dossier pour une audience publique dans le cadre de son enquête. Des conditions jugées « favorables à un débat constructif » a estimé la SNEP dans un communiqué rendu public à la suite de cette rencontre, notant que la démarche permettra «d'aborder cette problématique dans un cadre organisé et serein ».
La SNEP, entreprise 100% marocaine depuis sa privatisation, est convaincue que laisser un pays comme les Etats-Unis déverser ses surstocks de PVC à des prix «dumping » est très préjudiciable au tissu industriel moderne et productif au Maroc.
C'est ainsi que la SNEP, aujourd'hui unique producteur national, veut exercer son droit par l'application urgente des mesures de sauvegarde prévus par l'OMC. Les préjudices pour la SNEP se sont fait ressentir de manière instantanée à travers «la diminution des ventes suite aux détournements des commandes» de ses clients en faveur des importations.
Depuis la crise économique mondiale de 2008, un ensemble de dysfonctionnements conjoncturels mondiaux ont affecté le marché international du PVC. En effet, les groupes pétrochimiques internationaux ont été frappés de plein fouet par le ralentissement de la demande de produits plastiques. De ce fait et devant le déclin de la demande du PVC d'environ 16% en Europe et aux USA, ces groupes ont été amenés à déverser leurs produits à l'étranger à des prix dumping défiant toute concurrence. De ce fait, la SNEP n'a cessé d'insister sur la recrudescence effrénée des importations du PVC qui ont atteint une progression de 147% durant le premier semestre par rapport à la même période de 2008 et presque 90% de la quantité totale importée durant l'année 2008. «Aujourd'hui, la situation devient de plus en plus préoccupante, en ce sens que les importations réalisées au 30 sept 2009 ont connu un accroissement notable de 155% par rapport à la même période de 2008. A noter que les importations provenant des USA totalisaient à elles seules 73% des importations totales avec une croissance de 370% par rapport à la même période en 2008» indique la même source. ------------------------------------------
Mise à niveau
C'est suite à un appel d'offre international que le groupe Chaâbi a obtenu l'acquisition de la SNEP, qui a par la suite mis en oeuvre un programme de mise à niveau très ambitieux afin de contrecarrer les effets de la mondialisation, en investissant plus d'1 MMDH en FP entre 1994 et 2007 afin d'acquérir de nouvelles technologies, d'augmenter ses capacités de production et d'améliorer son système de management. C'est ainsi que la SNEP a pu répondre complètement aux besoins du marché national allant même jusqu'à se positionner sur le marché international entre 1999 et 2004 en exportant son excédent de production à hauteur de 10.000 T/an. De plus, la SNEP a participé activement dans le développement du secteur de la plasturgie par la création d'autres filiales pour la production des profilés, chaussures et tubes. Cependant, suite à la forte croissance économique qu'a connue notre pays depuis 2006, notamment dans des secteurs fortement consommateurs de PVC (BTP, tourisme,…), la demande reste soutenue sur les produits liés (câbles, tuyaux,…). La SNEP a proactivement engagé un investissement supplémentaire de 650 MDH pour le doublement de sa capacité de production de 70.000 T à 140.000 T afin d'accompagner l'évolution du marché.