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Sama Dubaï se renforce dans la marina de Casablanca

La décision vient d'être prise à l'issue du dernier conseil d'administration de la société gestionnaire du projet. Le groupe dubaïote a libéré sa part initiale du capital.
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10 Décembre 2010 À 16:47

Partira, partira pas ? La question se pose depuis près de deux ans par rapport à l'engagement du groupe émirati Sama Dubaï dans le gigantesque chantier de la marina de Casablanca. Il y a quelques mois, Mohamed Ouannaya, ex-patron de la CGI devenu président du directoire de CDG Développement, n'hésitait pas à assurer que la compagnie immobilière du groupe CDG n'avait pas besoin du concours de son partenaire émirati et pouvait bien assurer toute seule le bon déroulement du chantier.

Augmentation de capital

Aujourd'hui, ce discours a changé. « Lors du dernier conseil d'administration, nos partenaires dubaïotes nous ont exprimé leur détermination à rester dans le projet et participer à la réalisation de toutes ses étapes », affirme Mohamed Lemrini, fraîchement nommé président du directoire d'Al Manar, la filiale de CDG qui chapeaute la réalisation des chantiers de la marina. Lemrini occupait auparavant le poste de directeur du pôle tertiaire de la CGI, en charge entre autres, du projet de la marina.

Aux paroles se joignent enfin des actes. Les Emiratis viennent de libérer leur part du capital à l'occasion du dernier conseil d'administration. La promesse se transforme ainsi en engagement financier. « D'ailleurs, Sama Dubaï n'a jamais prévu de se désister de la marina de Casablanca. Même au moment où le groupe était en difficulté de paiement vis-à-vis de ses créanciers internationaux, ce projet est resté inscrit dans son portefeuille d'activité », indique depuis Dubaï une source proche de Sama Dubaï. Cela dit, l'engagement financier du géant émirati dans son projet à Casablanca demeure très limité.

En effet, sa part de capital ne dépasse pas 34%. Si l'on se réfère au capital de départ de la société gestionnaire du projet (100 millions de DH), la mise préliminaire de Sama Dubaï, ne dépasserait par 34 millions de DH. Aux dernières nouvelles, cette mise devrait sensiblement augmenter. « Le dernier conseil d'administration a décidé d'opérer une augmentation de capital à laquelle participera Sama Dubaï », annonce Lemrini, qui précise que les détails de cette opération sont encore au stade des discussions techniques. « Tant que ce n'est pas définitivement signé, je ne peux encore rien annoncer », lance-t-il. En tout cas, le principe de l'augmentation de capital est acquis.

Les portes océanes pour fin 2012

Au-delà de ce qui se trame dans les conseils d'administration, visiblement, le chantier de la Marina avance lentement. Les seuls bâtiments qui sortent de terre sont ceux des portes océanes. Lemrini réitère son engagement de livrer cette tranche avant fin 2012. C'est à ce niveau que se trouve l'assiette immobilière de Marjane Holding. La filiale distribution du groupe SNI y réalisera un hypermarché et un centre commercial de grande envergure.

La prochaine étape pour Al Manar et son nouveau patron Mohamed Lemrini n'est autre que d'attaquer le terrain situé derrière les portes océanes. C'est là que sera réalisée la première tranche résidentielle du projet. Le site abritera également des espaces bureaux. Reste à savoir quels seront les concessionnaires de cette partie, avec ses deux volets. « Nous somme en cours de négociation avec des opérateurs immobiliers marocains en dehors du groupe CDG », lance Lemrini. Le ou les opérateurs à sélectionner ne sortiront, certainement, pas du cercle fermé des géants immobiliers de la place casablancaise, tels qu'Addoha ou Alliances… Mais Lemrini avance encore une fois le même discours : « tant que ce n'est pas conclu, je ne peux pas m'exprimer sur l'identité de l'opérateur choisi ».

Reste la partie centrale de la Marina qui se compose d'une tour-hôtel de grand luxe adossée à un palais de congrès. Selon Lemrini, cette composante est encore au stade de l'étude. Mais des sources bien informées parlent de discussions engagées entre la société gestionnaire du chantier et le géant hôtelier international Mariott. Les négociations auraient démarré il y a des mois et se poursuivraient lentement mais sûrement. En plus de Mariott, un autre géant mondial de l'hôtellerie, à savoir Ritz Carlton, aurait engagé des négociations avec Al Manar pour gérer un autre hôtel de taille moindre programmé à la Marina. A en croire les mêmes sources, ces négociations auraient été interrompues.

Pourquoi Actif Invest a quitté la marina de Casablanca

Avant qu'il ne soit concédé à Marjane, le patrimoine foncier avait été initialement attribué à Actif Invest, filiale du groupe BMCE Bank spécialisée dans la gestion des fonds immobiliers. Officiellement, cette rupture de contrat entre la société gestionnaire de la Marina et la filiale de BMCE Bank est due à des conditions suspensives intervenues au niveau de l'accord de principe. Les raisons de la rupture sont entourées du secret absolu au point de laisser libre cours à des spéculations négatives. Les mauvaises langues parlent en effet de marchés de prestations de services et d'études qui seraient difficiles à justifier pour les partenaires d'Actif Invest. Des sources internes à BMCE Bank rejettent catégoriquement ces informations qu'elles jugent infondées. « L'accord conclu avec les gestionnaires de la marina de Casablanca n'était qu'une déclaration d'intention de cinq pages.

S'il a été suspendu, c'est parce que les deux parties se sont rendu compte que leurs intérêts étaient ailleurs. D'ailleurs, l'interruption de la collaboration sur la Marina n'a affecté en rien la relation entre FinanceCom et la CDG. En témoignent les multiples opérations stratégiques réalisées entre plusieurs filiales des deux groupes », explique une source interne. D'autres informations ont circulé sur Actif Invest, et plus précisément sur le fonds Maghreb Siaha Found placé sous sa gestion. Des opérateurs du marché pointent du doigt ce qu'ils qualifient de baisse de la valeur des parts constituant ce fonds. « Ces titres ont été lancés avec une valeur nominales de 100 DH, actuellement leur valeur ne dépasse pas 24 DH », indique un trader de la place. « Si vous trouvez des parts de Maghreb Siaha Found à ce prix, vendez-les mois, je suis preneur », ironise notre source au sein de BMCE Bank. « Le fonds est actuellement en période d'investissement.

De ce fait, il est encore trop tôt de parler de vente ou de négociation de ses parts à n'importe quelle valeur », conclut la même source.
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