«Notre ambition est de faire remonter le Maroc à une place qui devrait être la sienne»
Mohammed Bennis, Président de l'AUSIM. >
LE MATIN
25 Juin 2010
À 15:48
Les nombreux classements internationaux qui évaluent les performances des différents pays dans le domaine de l'utilisation des Technologies de l'information et de la communication révèlent que le Maroc occupe une position en deçà de ses ambitions et de son potentiel. Face à cette situation, les pouvoirs publics ne sont pas restés sans réaction. Notre pays est le foyer d'une activité sans précédent en faveur des TIC. L'adoption du plan « Maroc Numeric 2013 » témoigne d'une prise de conscience générale par les décideurs de l'importance de favoriser le développement d'une société de la connaissance, fondée sur la diffusion de l'usage des technologies de l'information.
ÉCO PLUS : Vous avez souligné l'opportunité de tenir les Assises de l'AUSIM (Association des utilisateurs des systèmes d'information au Maroc créée en 1993) .Quelle est cette opportunité ?
Mohammed Bennis: Nous sommes partis d'un constat : l'utilisation des Technologies de l'information et de la communication est plus que jamais un facteur de développement des nations et un atout décisif de différentiation pour les entreprises. La diffusion de l'usage des Systèmes d'information est devenue un critère essentiel pour juger le niveau de développement global d'un pays et son attractivité pour les capitaux et les investissements. Les nombreux classements internationaux qui évaluent les performances des différents pays dans ce domaine révèlent que le Maroc occupe une position en deçà de ses ambitions et de son potentiel. Face à cette situation, les pouvoirs publics ne sont pas restés sans réaction. Notre pays est le foyer d'une activité sans précédent en faveur des TIC. L'adoption du plan « Maroc Numeric 2013 » témoigne d'une prise de conscience générale par les décideurs de l'importance de favoriser le développement d'une société de la connaissance, fondée sur la diffusion de l'usage des technologies de l'information. La nouvelle note d'orientation télécoms à horizon 2013, adoptée au début 2010, a pour objectif d'accélérer le développement du secteur des télécommunications avec, en particulier, le développement de l'Internet très haut débit. On note aussi l'évolution rapide du cadre réglementaire qui régit le secteur, notamment toutes les questions relatives à la confiance numérique.
Pourquoi des Assises ?
En organisant ces Assises, les membres de l'AUSIM montrent à la fois leur engagement pour accompagner ces différentes initiatives et leur détermination pour la promotion des systèmes d'information au Maroc. Il s'agissait de partager, d'échanger, de diffuser les dernières informations relatives au système SI, aux principaux chantiers nationaux, sur le rôle du système d'information dans nos entreprises et administrations. Nous débattrons également sur les dernières innovations et tendances du secteur, les promesses du SAAS et du Cloud, la maturité de l'offre IT au Maroc, le capital humain SI et bien d'autres thèmes qui ont fait l'objet de présentations et de tables rondes.
L'AUSIM, promoteur des systèmes d'information au Maroc est, il faut le dire, peu connue. Un mot sur sa création et son programme actuel?
L'AUSIM est une association à but non lucratif créée le 16 avril 1993. Elle compte parmi ses adhérents de nombreuses structures qui jouent un rôle de premier plan au Maroc. La première réunion a eu lieu en avril 1993 au siège de la RAM pour peaufiner les statuts de l'association et la créer. Grâce aux fondateurs et aux équipes qui se sont succédé à sa direction, parmi lesquels des décideurs de premier plan, Si Mohamed Karim Mounir de l'oCP , Si Mohamed Horani d'EDIMAG, Abdelatif El Morjani de la BCP, Mohamed Bennani de la CNIA, Mustapha Machaouri de la CDG, Hassan Kadiri de la CNSS, Larbi Choukmane de l'ONPT, Boubker Jai de la BCM, Ahmed Karfia de la SOREAD… D'autres personanlités marqueront l'AUSIM, je pense à Ahmed Rahhou du CDM, Mountassir Billah du CIH, Zouheir Fassi Fihri de l'ODEP, Mohamed Ringa de Wafasystems Data, Abdelmajid Guergachi de l'OCP, Ouafa Fahlaoui de la CDG, Bouchra Khoujahi de la RAM, Ahmed Nakkouch de lONE, Abdel Jawad Benhaddou, Ahmed El Yacoubi, Mahmoud Oudghiri et bien d'autres que j'oublie qui se sont investis de manière remarquable dans leurs entreprises et à l'AUSIM pour lui faire gagner son pari de devenir l'association de référence au Maroc dans le domaine des systèmes d'information. La vison de l'AUSIM est de montrer la voie et de jouer le rôle de locomotive pour accélérer la diffusion de l'usage des systèmes d'information dans notre pays. Trois valeurs guident notre action :« Leadership », « Solidarité » et « Gouvernance».
Un mot sur la nouvelle feuille de route de l'AUSIM que vous présidez ?
Nous avons élu, le 20 janvier dernier, le nouveau bureau qui a mis en place un programme ambitieux pour concrétiser la vision de notre association. Parmi les projets du mandat en cours, on peut citer la mise en place d'un service de veille technologique pour les membres, la réalisation d'une radioscopie de l'usage des SI, le renforcement du partenariat écoles-entreprises à travers l'organisation de rencontres et de concours encourageant l'innovation et la créativité dans le domaine des technologies d'information, le lancement des « Rendez-vous mensuels de l'AUSIM » pour échanger des idées et débattre, entre ses membres et des experts reconnus, des problématiques d'actualité et la concrétisation de la dimension sociale et sociétale de l'association, et ce en mobilisant notamment les entreprises membres à faire don des ordinateurs qu'ils décident de remplacer, sans oublier, enfin, notre engagement pour sensibiliser nos membres et soutenir toutes les initiatives, en relation avec les technologies d'information, visant l'économie d'énergie et le développement durable. Notre ambition commune est de faire ''remonter'' le Maroc des technologies d'information à une place qui devrait être la sienne.
Quelles premières conclusions tirez-vous des dernières Assises?
Je crois que tous les participants et intervenants étaient d'accord pour dire que le défi de la compétitivité pour nos organisations se joue désormais plus sur le terrain de l'accès, la circulation et le traitement de l'information que sur celui de la production ou de la distribution des produits tangibles. La seconde conclusion découle de ce constat : toutes les parties prenantes concernées doivent redoubler d'efforts pour améliorer les initiatives existantes et en proposer des nouvelles visant à accélérer l'informatisation des PME-PMI en termes de régulation, sensibilisation , offre adaptée, bilinguisme, opportunité SaaS/Cloud, support financier, etc. Pour cela, le rôle des DSI dans nos organisations est appelé à évoluer. En effet, les dirigeants doivent associer les DSI à leurs stratégies et projets de transformation. Les DSI eux-mêmes, pour pouvoir assumer cette responsabilité, devraient redéfinir leur mission pour passer d'un simple fournisseur d'outils et d'applications à un partenaire des directions métiers. L'autre conclusion concerne l'ecosystème TIC au Maroc qui est appelé à évoluer en visant un meilleur alignement entre l'offre et la demande. L'opérationnalisation du Pacte de mobilisation positive, signé recemment entre l'AUSIM, l'APEBI et la CGEM, sera sans doute un levier majeur pour atteindre cet objectif. Le dernier point est relatif au rapprochement des écoles et universités avec le monde de l'entreprise qui est plus que jamais une nécessité pour la réussite des différents plans et stratégies nationales dans le domaine des TIC. Sur ces différents points, et dans son domaine de compétence, l'AUSIM va poursuivre ses travaux, avec un projet d'orientations mis en consultation publique pour une publication d'ici septembre ou octobre.
Vous avez évoqué la signature de deux conventions: la première, intitulée « Pacte de mobilisation positive » signée entre l'AUSIM, la CGEM et l'APEBI où les partenaires s'engagent à faire converger leurs efforts. Un mot sur ce Pacte de mobilisation positive?
Nous avons choisi cette dénomination qui est tout un programme « Pacte de mobilisation positive », afin d'assurer une synergie permanente et structurée entre l'offre et la demande, sur la base d'un cadre de travail collaboratif reposant sur des actions qui rapprochent, d'un côté, les grands donneurs d'ordres publics et privés comme l'administration, les Offices, banques, assurances, grands groupes… et de l'autre, les entreprises du secteur des TIC. Il a été décidé d'un commun accord entre l'APEBI, représentant des professionnels du secteur des TIC, et l'AUSIM, représentant des donneurs d'ordres, de formaliser cette approche à travers le Pacte de mobilisation positive. L'APEBI et l'AUSIM s'engagent conjointement à faire converger leurs efforts afin de renforcer ce cadre de partenariat ayant pour finalité d'inciter et de faciliter les relations d'affaires ''climat de confiance'' entre les membres des deux parties et de dynamiser tout aussi le secteur des TIC au Maroc. La mise en oeuvre de ce Pacte de mobilisation positive, initiée conjointement entre l'APEBI et l'AUSIM, permettra à terme de dynamiser le marché intérieur à travers la mise en place de dispositifs conjoints visant à rapprocher l'offre et la demande et de participer à la croissance économique et à la création d'emplois dans le Royaume. Cela nous permettra également de consolider nos acquis au niveau de l'ingénierie nationale et d'en faire une industrie forte.
Si nous entrons dans le détail, quels sont les principes du Pacte?
Ce partenariat portera sur un travail conjoint sur les indicateurs et statistiques relatifs au secteur, indicateurs d'usage entreprises et indicateurs de marché afin d'alimenter le plan d'action commun APEBI-AUSIM. Ces indicateurs couvriront l'offre et la demande pour une meilleure visibilité des opérateurs quant aux investissements des donneurs d'ordres du secteur (plans de consommation, prévisions d'investissement...) et le plan de développement des fournisseurs. Il portera également sur la mise en place d'un programme d'initiatives communes visant à valoriser le capital humain du secteur à travers une utilisation et un partage communs des outils « Répertoire Emplois Métiers » (REM) et « Référentiel Emploi Compétences » (REC) en plus de leur mise à jour commune. Le déploiement d'enquêtes périodiques RH spécifiques au secteur et l'élaboration d'un code de bonne conduite relatif aux ressources humaines (charte RH) ainsi que la mise en place d'un programme de rencontres périodiques dont les thématiques seront arrêtées conjointement entre les deux associations sont au programme. L'objectif de ces rencontres étant d'apporter des éléments de réponses aux attentes de la demande sur des sujets d'intérêt pour les opérateurs (Saas, Cloud computing, Green IT…)
Vous consacrez un chapitre à la mise en place des outils pour le développement de marché. Qu'entendez vous par là?
C'est la mise en place d'outils permettant aux opérateurs de l'offre et de la demande d'accélérer et d'être plus efficaces pour les phases avant projet comme celle relative au développement de modèles de contrats-types, de cahiers des charges standards …. C'est également la mise en place d'un label de qualité de service APEBI-AUSIM et enfin la mise en place d'une instance de médiation APEBI-AUSIM visant à encourager l'utilisation des modes alternatifs de résolution des conflits, en plus de la médiation dans le cadre de différends commerciaux liant un donneur d'ordres membre de l'AUSIM et fournisseur membre de l'APEBI.
Un mot sur le Comité de pilotage?
Afin de garantir la réussite de ce Pacte de mobilisation positive, un Comité de pilotage commun sera mis en place et se réunira régulièrement pour la mise en application desdites dispositions, le suivi concerté et régulier des indicateurs de performance des mesures mises en oeuvre. Et ce afin de mieux cadrer, approfondir et renforcer les résultats obtenus. Sur la base des résultats enregistrés, les parties concernées prendront si nécessaire les dispositions adéquates pour renforcer ce cadre de développement du secteur des TIC au Maroc.
Une deuxième convention a été signée entre l'AUSIM et la Fondation CIGREF (Cercle informatique des grandes entreprises françaises) en présence du professeur Ahmed Bounfour, coordinateur du Comité scientifique du programme. Qu'attendez-vous de cette coopération ?
La Fondation CIGREF et l'AUSIM conviennent de coopérer et de se tenir mutuellement informées des actions utiles au développement du Programme international de recherche dénommé ''ISD''.Le programme ''ISD'' « Dynamiques des usages des SI », a pour ambition d'éclairer les dirigeants des entreprises - publiques et privées - sur les enjeux stratégiques des systèmes d'information, notamment au regard des mutations en cours dans les modèles économiques des firmes. L'ISD est un programme d'intérêt public : il vise à évaluer les enjeux sociétaux et managériaux de l'usage des systèmes d'information sur le long temps (1970 2020). Il sera articulé à un agenda de recherche particulier à développer dans le contexte spécifique des entreprises marocaines membres de l'AUSIM. ---------------------------------------
Le CIGREF en quelques mots...
Le CIGREF (Club informatique des grandes entreprises françaises) a été créé en 1970. Il regroupe plus de cent grandes entreprises et organismes français et européens de tous les secteurs d'activités (banque, assurance, énergie, distribution, industrie, services...). Il a pour mission de promouvoir l'usage des systèmes d'information comme facteur de création de valeur et source d'innovation pour l'entreprise. Il a pour finalités de : • Rassembler les grandes entreprises utilisatrices de systèmes d'information afin de faire partager aux membres leurs expériences de l'utilisation des technologies et faire connaître les enjeux, les opportunités, contraintes et risques liés à l'usage des systèmes d'information et de communication. • Valoriser la fonction systèmes d'information au sein des entreprises en favorisant, auprès des DSI et de leurs collaborateurs, le partage des meilleures pratiques, les retours d'expérience et la gestion des connaissances en matière de systèmes d'information. • Développer une vision à long terme de l'impact des systèmes et technologies de l'information sur l'entreprise, l'économie et la société afin d'anticiper les besoins des grandes entreprises en matière de technologies de l'information, d'engager des actions d'innovations et travaux de recherche et de développer la coopération avec les administrations et les organisations internationales. La mission et les valeurs du CIGREF sont sans cesse actualisées au sein d'un projet stratégique dont les orientations sont adoptées en assemblée générale par les entreprises membres. Voté à l'occasion de son 35e anniversaire, le projet CIGREF 2010 se décline autour de trois métiers : • Intelligence: métier historique, il a pour objectif de permettre aux entreprises membres de développer une intelligence collective des meilleures pratiques d'aujourd'hui et d'anticiper celles futures possibles pour la fonction SI. • Appartenance: métier essentiel, il a pour finalité d'optimiser l'intensité de la relation entre les membres, en favorisant la rencontre, l'échange et la coopération permettant le partage des connaissances en matière de management de la fonction SI. • Influence : métier fondamental, il a pour but de promouvoir les convictions des entreprises membres quant aux enjeux, opportunités, contraintes et aux risques liés à l'usage des SI