Harcèlement managérial au travail

Les menaces qui guettent le plan Azur

La vision 2010 a certes accumulé de grandes réalisations.

30 Avril 2010 À 17:17

Toutefois, elle n'est pas un long fleuve tranquille. Butant au début sur des problèmes liés au pilotage et la gouvernance, elle reste sous la menace d'autres risques, dont la rupture d'équilibre entre les lits hôteliers et ceux résidentiels.

La dynamique de la vision 2010 a rencontré un succès majeur car elle a démontré que l'industrie du tourisme a toute sa place dans le PIB national, dans l'enrichissement de toutes les couches sociales et dans les régions du Royaume. Les propos de Othman Cherif Alami, président de la Fédération nationale du tourisme (FNT), étaient on ne peut plus clairs quant au jugement positif qu'il porte sur cet ambitieux plan arrêté au début de la décennie et qui arrive à terme dans quelques mois.

Premièrement, explique-t-il, ce plan a instauré une nouvelle réalité qui n'avait aucune existence avant les années 2000. Deuxièmement, ajoute-t-il, cette vision a eu le mérite d'identifier les axes majeurs tant au niveau commercial qu'aux niveaux financier, foncier, de la réglementation, de la gouvernance et de la formation, et que sur ces points, des avancées notables ont été réalisées et sont tout à fait justifiées et on peut les évaluer. Certes le flux des investissements directs s'est ralenti dernièrement, mais c'est surtout à cause de la crise mondiale, explique-t-il, en signalant qu'on travaille actuellement pour renforcer le retour des investissements touristiques vers le Maroc. Et c'est cette crise qui explique d'ailleurs, selon lui, certains retards enregistrés au niveau du plan Azur.
«Toutefois, nous nous félicitons de la reprise en main par des grands groupes nationaux qui ont vu des opportunités d'investissement touristique importantes alors qu'au départ (2001-2003), ils n'étaient pas preneurs», relève-t-il, en insistant pour que l'équilibre ne soit pas perdu entre ce qui a été prévu en nombre de lits hôteliers et en nombre de lits immobiliers résidentiels touristiques, à cause du problème de financement, de rentabilité ou de nouvelles donnes économiques et financières mondiales. Car à ce moment-là, prévient-il, «le plan Azur n'atteindrait pas malheureusement ses objectifs».

S'agissant du rôle des investisseurs nationaux dans la réussite du plan Azur, M. Cherif Alami estime que des opérateurs marocains s'érigent aujourd'hui en champions nationaux incontestables du tourisme marocain. «Ils jouent aujourd'hui un rôle important dans la structuration de l'offre marocaine».

Par ailleurs, nuance-t-il, il y a lieu de s'arrêter et réfléchir sur le dimensionnement des stations touristiques concédées, afin de permettre à des opérateurs nationaux de taille moyenne d'accéder à ces investissements.

La vision 2010 n'évoque toutefois pas que la réussite, puisqu'il traîne quelques faiblesses qui viennent notamment, selon le président de la FNT, du pilotage et de la gouvernance. «Nous aurions dû, le secteur privé et le secteur public, être beaucoup plus exigeants avec nous-mêmes sur le pilotage et la concertation permanente tant sur le plan Azur que sur le plan de développement de nos régions touristiques», estime-t-il. Concernant ce dernier point, il relève les retards enregistrés au niveau des «Pays d'accueil touristiques» (PAT), des Plans régionaux de développement touristiques (PDRT) qui ne sont que trois ou quatre, alors qu'ils devaient être 13. Pour le transport aérien, l'Open Sky doit être plus cadré, estime-t-il, en ajoutant que le gouvernement doit mettre en place de toute urgence un plan de transport aérien «pour savoir où se situe la RAM et comment le pavillon national doit continuer à être le bras armé du développement du tourisme marocain, mais avec un nouveau modèle rentable, constructif et dynamique».
En ce qui concerne la diversification des marchés, il affirme qu'on ne manque ni de moyens, ni d'ambition. Toutefois, la promotion touristique marocaine a encore beaucoup de défis à relever. Il s'agit notamment d'adopter une approche basée sur les marchés par rapport aux produits existants.

«Il est clair que nous devons diversifier nos marchés mais nous devons avoir des produits adaptés aux marchés qu'on cible», souligne-t-il, en insistant sur l'action au niveau régional, beaucoup plus qu'au niveau national.

A ce sujet, il a donné plusieurs exemples où des efforts restent à faire. Il s'agit, entre autres, de la promotion golfique, du tourisme de la nature et de la montagne, de la commercialisation des produits du sport de glisse, des congrès et des incentives et des séminaires mondiaux dans les grandes villes comme Marrakech… Toutefois, il garde espoir quant à l'élaboration, à partir de 2010, des plans de promotion national et régional stratégiques sur trois ans et que des centres régionaux de la promotion touristique soient créés au sein des CRT auxquels on devra affecter les 120 MDH de taxe de promotion touristique.
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Toujours pas d'association pour MICE

En projet depuis au moins l'année dernière, la création d'une association pour le créneau MICE (Meetings, incentives, conventions and exhibitions) n'est toujours pas créée. «Malheureusement, à ce jour, pour des raisons indépendantes de notre volonté, l'ONMT n'a pu encore mettre en place cette association pour laquelle il devait débloquer un budget de 25 à 30 MDH dans une première phase», regrette M. Cherif Alami. Mais, ajoute-t-il, à ce sujet je reste persuadé que la méthodologie d'implication public-privé tant au niveau national que régional est à reconstruire complètement. En effet, explique-t-il, « les propositions du privé ne sont pas toujours prises en compte avec une réelle coresponsabilité pour atteindre les meilleurs objectifs et à décharge, les attentes de l'ONMT ne sont pas toujours en temps réalisées par notre secteur privé ».

Pour sortir de cette impasse, il propose de commencer par la rénovation du conseil d'administration de ONMT que «nous réclamons sans cesse depuis au moins 5 années afin de prendre juridiquement toutes nos responsabilités dans les décisions stratégiques de la promotion de notre destination…».
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