Selon Business Monitor International, le Maroc est classé 64e au monde pour son environnement des affaires dans le secteur pharmaceutique. Toutefois, les perspectives de développement sont encourageantes.
LE MATIN
11 Février 2011
À 12:39
Le bureau d'étude Business Monitor International (BMI) vient de publier un rapport sur le secteur pharmaceutique au Maroc et ses perspectives de croissance. Le document se penche d'abord sur le secteur de la santé, pour s'attaquer ensuite à l'industrie pharmaceutique. Pour ce qui est de ce second volet, la rapport s'arrête sur la réglementation, la propriété intellectuelle, la tarification, le régime de remboursement, avant d'évoquer les scénarios de développement de l'industrie pharmaceutique au Maroc.
En gros, le document indique que le marché pharmaceutique national reste de taille moyenne par rapport aux normes régionales. Selon sa notation BER (Business Environment Ratings), qui évalue l'environnement des affaires dans le secteur pharmaceutique , le Maroc est classé au 14e rang dans la région Moyen-Orient Afrique (MEA) sur une liste de 19 pays. Au niveau mondial, il pointe à la 64e place sur les 83 plus importants marchés pharmaceutiques. Des performances peu reluisantes mais qui montrent, comme l'indique BMI, qu'il existe un fort potentiel de croissance de l'activité. En témoigne la faible consommation de médicaments par habitant, particulièrement dans les zones rurales. Toujours d'après BMI, ce qui est encourageant aussi pour les industries et sociétés pharmaceutiques désirant investir dans le pays, c'est le niveau des risques spécifiques à l'industrie. « Le niveau des risques pour le secteur est relativement faible au Maroc qui se trouve dans une région relativement volatile. Cela est illustré par la présence directe d'un certain nombre de grandes sociétés multinationales sur le marché », souligne le cabinet d'étude.
Concernant l'évolution de la demande, les experts de BMI soulignent, « d'après leurs propres analyses », que les dépenses en médicaments au Maroc ont atteint en valeur environ 5,15 milliards de dirhams (662 millions de dollars) en 2009. En 2010, ces dépenses auraient augmenté de 14,8% en monnaie locale, soit à 5,91 milliards de DH (713 millions de dollars). BMI estime que cette tendance haussière devrait se poursuivre durant les années avenir. Ainsi, en 2014, les dépenses en médicaments monteraient à 7,1 milliards de DH (809 millions de dollars), avec un taux de croissance annuel de 6,65% en monnaie locale entre 2009 et 2014 et de 4,08% en dollars américains. Les prévisions à long terme, couvrant la période 2009-2019, tablent sur une croissance du marché de 5,52% en monnaie locale pour atteindre plus de 8,81millirads de DH. Les médicaments génériques contribueraient à l'essentiel de cette évolution puisque cette niche devrait être la plus dynamique d'ici 2020. L'équipe de Business Monitor International explique que ces prévisions sont basées sur plusieurs faits actuels liés au secteur, principalement la vision du gouvernement marocain quant au développement de l'activité mais aussi l'amélioration de l'environnement des affaires y afférent ainsi que la dynamique de l'économie marocaine et de son marché.
Le cabinet d'études avance en effet que le ministère marocain de la Santé prévoit d'augmenter la part des médicaments génériques de 25 à 70% à moyen terme. La même source souligne que le système de santé publique utilise déjà les médicaments génériques. En revanche, la pénétration de ces médicaments dans le secteur privé ne représente qu'environ un quart du total consommé. « Afin d'augmenter la proportion des médicaments génériques et d'améliorer la santé publique, le gouvernement met la pression sur le secteur privé», soulève BMI.
Le cabinet estime que la stratégie gouvernementale devrait normalement être une bonne nouvelle pour les fabricants de médicaments nationaux, vu les opportunités de croissance. Malgré les résistances, le générique est appelé à se tailler une plus grande place compte tenu du niveau de vie de la population. Les multinationales opérant sur le marché marocain ont également tout à gagner. « Les sociétés étrangères devront en principe profiter de l'amélioration de l'environnement des affaires. A cela, il faut ajouter que sur les 220 milliards de DH consacrés aux dépenses de l'Etat en 2011, le secteur de la santé s'adjuge un budget de 11 milliards », soutiennent les auteurs du rapport. « Nous considérons que la situation financière du Maroc va se consolider et la croissance économique se raffermir les années à venir, améliorant entre autres les performances du marché pharmaceutique ». Ce secteur, résume le cabinet d'études, devra aussi profiter de l'excédent budgétaire au Maroc en 2011, qui s'établirait à 1,8% du PIB, au moment où la croissance réelle du PIB s'élèverait en moyenne de 4% tout au long de la période 2011-2014. Autre argument mis en avant par BMI pour convaincre de l'amélioration attendue de la croissance économique : l'acceptation de l'UE d'accorder au Maroc un soutien financier de 580 millions euros sur la période 2011-2013.
L'industrie locale perd du terrain
Dans un rapport intitulé « Le marché pharmaceutique au Maroc », publié en décembre 2010 par Piribo.com, spécialiste en ligne pour l'industrie biopharmaceutique, il est également indiqué que le secteur pharmaceutique au Maroc est amené à se développer davantage, à la lumière de l'adoption d'une nouvelle législation pharmaceutique, jugé plus moderne pour le secteur. Cette législation, explique le rapport, vise à répondre à certaines faiblesses structurelles inhérentes à l'ancien système et à ouvrir le secteur pharmaceutique à l'investissement étranger.
Bien que le marché pharmaceutique marocain soit globalement faible, les dépenses par habitant sont relativement élevées pour un pays africain. Le marché pharmaceutique, ajoute l'étude, devrait progresser modérément entre 2010 et 2015 après une période de stagnation enregistrée surtout avant 2006. Le rapport souligne, par ailleurs, que le gouvernement veut réduire les prix des médicaments et encourager la consommation des génériques. Il rappelle, en outre, que le marché pharmaceutique reste très concentré, puisqu'un nombre réduit de sociétés satisfont la majeure partie de la demande. « Le Maroc a une industrie pharmaceutique bien développée, menée par Cooper Pharma. Ces dernières années, cependant, l'industrie locale a perdu du terrain face à la concurrence croissante des produits importés, majoritairement de France. En tête de liste des ventes figurent Sanofi-Aventis mais aussi GlaxoSmithKline et Pfizer ».