Le tissu denim se fait rare sur le marché marocain

Le denim (toile de coton utilisée pour la fabrication notamment de jeans) est devenu une denrée rare sur le marché local. Principale cause avancée, le fort déséquilibre entre l'offre et la demande de coton sur le marché international. Et c'est la Chine, encore une fois, qui est pointée du doigt par les opérateurs marocains. « Ce géant de l'économie mondiale a tout bouffé », se plaint Samir Belkoura, directeur des ventes chez ICOMA (Industrie Cotonnière du Maroc). Même si elle est connue pour être un pays de la fibre blanche, « la Chine a enregistré une nette baisse de sa production de coton en raison de conditions climatiques défavorables », explique notre interlocuteur. Pour combler le gap, la gigantesque industrie textile s'est retournée vers bon nombre de producteurs mondiaux, dont les pays qui approvisionnent habituellement les fabricants marocains de denim, dont des pays de l'Afrique subsaharienne tels le Tchad, Cameroun, Burkina Faso... Pendant ce temps, les cours du coton vont de record en record sur les marchés infranationaux.

Même si la flambée constatée ne se répercute pas encore sur le prix des articles dans les magasins de prêt-à-porter, les industriels eux, surtout les producteurs de denim, en ressentent fortement l'impact. Toutefois, les différents segments du marché marocain de denim ne sont pas logés à la même enseigne. Celui du denim destiné à l'export reste « tant bien que mal approvisionné  », laisse entendre Samir Belkoura. Par contre, les fabricants de jeans pour le marché local pâtissent le plus de cette augmentation des prix et de la rareté du coton.
« Il y a deux à trois mois, nous avons constaté une hausse importante du prix », nous confirme le responsable commercial d'un fabricant local de jeans. Et d'ajouter : « nous sommes actuellement obligés de débourser entre 7 et 10 dirhams de plus par m² ». Ainsi, au lieu de 36 dirhams, les textiliens paient de 45 à 50 DH/m² pour le denim de premier choix. Pour le deuxième choix, le prix passe d'une moyenne de 22 à 35 dirhams le m². Les sociétés de délavage de jeans ont, elles-aussi, ressenti l'onde de choc.

« Actuellement, nous travaillons essentiellement pour le compte de sociétés d'exportation. Certains de nos clients travaillant pour le marché local sont même en arrêt de production, les autres ne produisent que de petites quantités », apprend-on auprès d'un directeur commercial d'une société de délavage opérant à Casablanca. Est-ce à dire que le marché marocain manquera de jeans ?