Offshore financier, le Maroc mal préparé !
Plus de 0,2 milliard de DH de chiffre d'affaires, c'est le potentiel identifié de la délocalisation des services financiers au Maroc. Mais attention à la formation et à la tension sur les salaires !
LE MATIN
11 Février 2011
À 12:25
Un grand potentiel de développement pour lequel le Maroc n'est pas bien préparé. Il s'agit de la délocalisation des services financiers : octroi de crédits, recouvrement, gestion d'actifs, maintenance des bases de données clients, gestion des moyens de paiement. C'est la conclusion que l'on peut retenir du dernier rapport de le direction des Etudes et des prévisions financières du ministère des Finances et de l'économie. Document publié sous le titre « le secteur de l'offshoring au Maroc : les opportunités à saisir dans le marché de l'externalisation des services financiers ».
Selon cette étude, le potentiel de l'offshore francophone des services financiers est estimé à 1,1 milliard de dollars à l'horizon 2013. Il se place certes en troisième position derrière le CRM (9,1 milliards USD), les RH (7,5 milliards) et les Fiances & Comptabilité (2,5 milliards). Mais, « l'externalisation au sein de l'industrie des services financiers tend aujourd'hui à prendre de l'essor», affirment les auteurs de l'étude. Pour le Maroc, les estimations tablent sur un chiffre d'affaires de 0,2 milliard de dirhams et sur 1.000 emplois à l'horizon 2013 sur le marché francophone des services financiers délocalisés. Si le potentiel est là, force est de constater que le Maroc ne semble pas être le mieux placé pour en saisir les opportunités.
Le rapport du département de Mezouar recense plusieurs faiblesses dont les ressources humaines et l'inflation des salaires sont les plus importantes. En ce qui concerne les RH, « l'offre marocaine pour les services financiers reste amputée d'une composante stratégique pour son développement, à savoir la formation ». « Le Maroc souffre en effet d'une capacité de formation insuffisante puisqu'il ne produit que 1,43 ingénieur pour 10.000 habitants face à des concurrents tunisiens et européens de l'Est qui en forment respectivement 2,5 et 6 pour 10.000 habitants », explique l'étude. « Le Maroc doit multiplier le nombre de ses compétences qualifiées s'il veut faire face à une concurrence mondiale très intense menée par les pays de l'Est (Roumanie en tête) sur le marché francophone et par l'Inde sur le marché anglophone », alertent les auteurs de l'étude du ministère des Finances.
Quant à l'inflation des salaires, c'est là une menace à prendre très au sérieux. Elle serait liée à une tension sur le marché de l'emploi provoquée par l'insuffisance d'une offre adéquate ce qui risque d'« impacter négativement l'attractivité et la compétitivité de l'offre Maroc ». En effet, déjà sur le créneau CRM (centres d'appels première génération), les opérateurs déplorent un manque cruel de téléconseillers sachant parler un français correct. L'insuffisance est telle que les opérateurs du secteur sont obligés de revoir les exigences linguistiques à la baisse. Dans un tel contexte, les salaires connaissent généralement une hausse, annulant de fait la raison même de la délocalisation.
« Les facteurs clés qui déterminent le choix du lieu d'implantation sont les coûts, la disponibilité des compétences et la réglementation », rappelle-t-on dans cette étude.
La tension risque donc d'être encore plus importante dans le cas des services financiers où le niveau de qualification est plus important.