Devenir chef pour une femme n'est pas de tout repos. En plus des missions et des obligations auxquelles elle est confrontée, elle doit faire face aux appréhensions et aux jugements de ses collaborateurs hommes, surtout. Donc, c'est une situation à gérer avec des «pincettes». Actuellement, de plus en plus de femmes gravissent les échelons, prennent les rênes des entreprises et accèdent aux postes de responsabilité.
LE MATIN
09 Novembre 2008
À 12:43
Certaines entreprises et mêmes organismes publics favorisent l'approche genre et essayent de donner plus de chance aux femmes en leur laissant la chance de devenir managers et de s'affirmer devant des hommes qui sont parfois hostiles à leurs égards. Donc, devenir un bon manager et bien diriger une équipe est un challenge que les femmes d'aujourd'hui doivent confronter. Pour éviter les animosités, une grande partie d'entre elles s'impliquent davantage dans leur vie professionnelle. Elles iront même jusqu'à travailler plus pour concilier vie privée et boulot. Autre remarque, non des moindres, les femmes ne cessent pas de travailler lorsqu'elles ont des enfants, mais au contraire, elles s'attachent à mener de front vie professionnelle et de famille. Résultat : les interruptions de carrière sont en net recul.
Certes, s'affirmer en tant que manager est un exercice aussi difficile pour l'homme que pour la femme, mais il l'est davantage pour la gent féminine vu la méfiance dont elle fait l'objet de la part du sexe opposé. Pour asseoir sa légitimité et se faire accepter en tant que chef, la femme doit s'affirmer par ses compétences et prouver qu'elle est aussi capable de manager au même titre que l'homme, encore mieux, dans certains cas. En faisant montre de compréhension et en étalant son savoir-faire et ses connaissances, elle a plus de chance de réussir et de venir à bout de ces problèmes.
La femme manager doit également savoir gérer certaines situations, rester ferme et parfois distante, gagner la confiance de l'équipe et surtout asseoir une bonne communication. En règle générale « un bon manager, c'est quelqu'un qui sait porter une attention collective à son équipe et qui est en même temps capable de déléguer, d'organiser et de garder toujours une capacité d'arbitrage», précise un consultant. En atteignant, ce niveau-là de perfectionnement, la femme passera haut la main cette épreuve et gagnera le titre de manager avec un grand M. In fine, devenir manager pour une femme est une tâche difficile, car non seulement elle doit faire valoir ses compétences, mais elle doit aussi ?uvrer pour se faire accepter en tant que chef par ses collaborateurs. Une preuve de courage inégalable. Bravo..
Comment évoluent les femmes dans un poste de top management ? Peut-on parler d'un management au féminin? Je pense que les femmes qui sont dans une position de manager le sont, car elles ont mérité une promotion ou le sont par ambition, après avoir travaillé dur pour accéder à ce rang. Une fois cette étape franchie, à quelques exceptions près, les femmes managers justifient de réelles compétences qui font d'elles des leaders hors du commun. Quant au management au féminin, Il n'y a pas, selon moi, de façon typiquement féminine ou masculine de manager. Chacun donne le meilleur de soi pour atteindre les objectifs fixés. Cependant, on peut remarquer des valeurs qui font la force des femmes managers comme par exemple le sens du contact, la capacité d'écoute et d'appréciation des situations complexes, le consensus, l'ouverture et un pragmatisme à toute épreuve. Ce débat sur le management au féminin souligne bien une chose, c'est l'immense contribution des femmes à la croissance de l'économie et à l'exercice du pouvoir. Dans un contexte économique troublé par le spectre de la crise qui peut être lié à l'excès de confiance qui caractérise les hommes, les femmes managers ont cette capacité de sécuriser au lieu de risquer. On peut dire qu'elles ont un sens des réalités beaucoup plus aigu que celui des hommes.
Les femmes présentes dans les hautes sphères de la responsabilité restent minoritaires au Maroc, quelles sont à votre avis les raisons ? Si la question du management au féminin ne se pose plus – de plus en plus de femmes accèdent à des postes à responsabilité - cependant, elles restent trop peu nombreuses à accéder aux sphères de décisions. C'est un constat qui malheureusement reflète la triste réalité. En effet, il y a eu peu d'évolution malgré les efforts louables entrepris pour encourager la gent féminine à des niveaux de responsabilité élevés.
Même si les femmes, une fois en poste de top management, démontrent de réelles compétences dans l'exercice de leur fonction, elles ne sont que rarement proposées et pas toujours de manière spontanée à ce type de promotion. Pourtant, elles sont déterminées, ambitieuses, reconnues par leur expérience et par leur intelligence relationnelle, mais il existe encore beaucoup de freins sociaux à leur évolution. En effet, une sorte de résistance s'organise dès qu'il s'agit de promouvoir une femme à un poste stratégique. Un autre frein et pas des moindres, une femme doit faire face aux responsabilités complexes de manager, épouse et mère. Et c'est un exercice qui se révèle souvent très éprouvant pour nombre d'entre elles.
Pour anecdote, à un homme on ne posera jamais la question « mais comment ferez-vous pour concilier entre vie professionnelle et vie familiale » alors que cette question fatidique est automatiquement posée à toute femme à qui il vient d'être confié un poste de direction. On peut même constater que les femmes managers qui arrivent à se donner à fond dans leur responsabilité et à tirer leur épingle du jeu sont celles qui ont moins, voire pas de contraintes familiales.
En tant que femme manager, quels sont les conseils que vous pouvez donner aux femmes chefs et les pièges à éviter ?
Les femmes managers ont beaucoup de cartes à jouer, que ce soit au niveau des compétences ou au niveau des capacités relationnelles. Cependant, elles restent isolées, ne communiquent pas entre elles et ne fonctionnent pas en réseau comme le font les hommes. Que ce soit par manque de temps ou parce qu'elles n'y voient pas une priorité, les femmes ne «réseautent» pas assez. Pour monter en puissance, les femmes auront tout à y gagner notamment en développant la culture de réseau, en s'impliquant davantage dans des évènements professionnels et associatifs pour augmenter leur visibilité sociale et en cherchant constamment à se former pour élargir leurs domaines de compétences.
Par ailleurs, une femme qui se voit confier un poste de responsabilité doit éviter le piège de se «masculiniser» pour convaincre et asseoir son autorité. De plus, une femme sait faire passer bien des choses, y compris son autorité, sans se forcer à être "rude”, car elle est à l'écoute de ses collaborateurs, elle les sollicite, recueille leurs idées, et affectionne particulièrement le management par les valeurs. De par la mixité des rôles qu'elles ont à assumer, les femmes managers ont la responsabilité de faire évoluer les mentalités ambiantes et qui constituent un frein à leurs ambitions professionnelles. En effet, c'est la femme qui éduque, façonne et montre la voie aux générations futures et peut donc agir pour faire évoluer les représentations sociales. Ainsi, société et entreprise retrouveront l'équilibre dicté par la nature, car nous avons été créés pour être complémentaires.
Et pour conclure ?W L'idéal serait de voir se développer une réelle mixité dans les sphères de décision pour mettre à profit la complémentarité des pratiques de management homme-femme.