Le système des retraites contraint de se réinventer un avenir

«Plusieurs entreprises reporteront des recrutements à 2013»

16 Septembre 2012 À 12:08

Le Matin Emploi : Comment se porte le marché de l'emploi actuellement ?Ali Serhani : Je dirai, mi-figue mi-raisin, non pas que les entreprises ne veulent plus embaucher, mais tout le monde attend d’avoir plus de visibilité. Toutes les nouvelles concernant la situation économique mondiale ont un impact très négatif sur le moral des employeurs. Beaucoup d’entreprises préfèrent embaucher des personnes, si j’ose dire et que les lecteurs m’excusent le terme «Prêtes à l’emploi» !!! Pas besoin de les former ou investir quoi que ce soit en formation. Elles ne peuvent plus attendre. Je m’explique : Actuellement les entreprises notamment les multinationales – et ce n’est pas de la mesquinerie ou de mauvaises intentions de leur part, précisons-le souhaitent un retour sur investissement rapide lorsqu’elles recrutent de nouveaux salariés notamment les Cadres supérieurs qui coûtent très chers pour rappel. Pour la plupart des multinationales, un recrutement doit être justifié non pas à 100%, mais à 1 000%. Ces dernières ont des consignes très strictes en matière d’optimisation des coûts surtout que ça va très mal dans leur pays d’origine.

Pour l’anecdote plusieurs candidats, et pas des moindres, souhaitent intégrer des groupes nationaux solides plutôt que des multinationales. Devant notre étonnement devant une telle réponse, puisque depuis toujours il n’y avait que le terme «multinationale» dans la bouche des candidats, ces derniers nous disaient qu’ils ne voulaient pas se retrouver du jour au lendemain sur le carreau, car vu la conjoncture économique internationale la maison mère d’une filiale installée au Maroc pouvait décider du jour au lendemain de fermer, d’indemniser ses salariés et de partir. Sauf que lorsque vous vous retrouvez avec des gens qui approchent de la cinquantaine donc des Seniors que voulaient vous qu’ils fassent avec uniquement un chèque alors qu’ils ont des traites mensuelles (maison, scolarité des enfants…) qui ne finiront que dans une éternité. Pour les seniors ayant des compétences introuvables le problème ne se pose pas, cependant et par exemple que peut faire un DAF «si j’ose dire classique» ayant la cinquantaine remercié du jour au lendemain alors que le marché regorge en compétences financières genre DAF et RAF.Quelles sont les prévisions pour les quatre prochains mois ? Et en matière de rémunérations que pourriez-vous dire de manière très synthétique ?Sans être devin, la cadence sera, je dirai moyenne, et ce, en attendant la fin de l’année, les entreprises préféreront recruter en interne et ce n’est que devant l’impossibilité de trouver la perle rare parmi le personnel existant qu’elles se tourneront vers un recrutement en externe soit directement via les soins de leur DRH soit via des cabinets de recrutements. Plusieurs entreprises reporteront des recrutements à 2013.Les salaires quant à eux stagneront ou baisseront surtout pour les métiers dans lesquels ont trouvé des salaires stratosphériques. Fini donc les salaires «mirobolants». D'ailleurs, la plupart des cadres avec des salaires importants ont du mal depuis des mois à pouvoir se «recaser» ailleurs. Pour reprendre la terminologie utilisée par un DRH : «Leur employabilité est plombée à cause des salaires vertigineux qu’ils ont !»Quels sont les métiers qui ont le vent en poupe ?Pour reprendre ce que j’annonçais plus haut je dirai les métiers qui, de par les missions, leur sont affectés peuvent permettre un retour rapide sur investissement. Parmi les métiers les plus en «vogue» : Métier numéro 1 depuis toujours c’est le commercial et rien d'autre que le commercial. Actuellement, les bons commerciaux qui vendent et qui font du chiffre ne courent pas les rues. Ils sont les plus recherchés et les mieux payés. Ensuite viennent des métiers où l’optimisation des coûts constitue la raison d’être comme la logistique et les achats. Ensuite, il y a les directeurs de projets dans les BTP et les infrastructures industrielles. Les financiers ne sont pas en reste surtout ceux qui maîtrisent les normes IFRS. Les fiscalistes maîtrisant les grands axes de la fiscalité internationale sont très demandés (ils sont quasi inexistants sur le marché). Les directeurs chargés de l’export notamment vers le continent africain. Seule nouveauté concernant ce métier. Les entreprises recherchent de parfaits connaisseurs du marché de l’Afrique anglophone. Nous en avons trouvé à Londres, mais disons-le, ils sont très chers. Les juristes spécialisés dans les contrats internationaux, mais ayant des expériences plus que probantes à l’international dans le cadre de la conclusion de très gros marchés. Le marché souffre de manière flagrante du manque de cette ressource.

Enfin, the last but not the least, concernant les RH on demande des DRH/RRH connaissant parfaitement le côté administratif de la fonction et qui maitrisent toutes les dispositions fiscales et sociales de la fonction (l’optimisation des coûts est passée par là). Fini donc le temps où chaque candidat RH ne parlait que de développement RH et de gestion des carrières et ne voyait dans l’administration du personnel qu’une tâche subalterne réservée au Back Office de la fonction.Enfin pour clore et ce n’est plus la peine de le rappeler tous les métiers nécessitent la maitrise parfaite de l’anglais. Ce n’est plus un atout, mais une normalité. À titre d’exemple, 80% des entretiens qui se font chez Gesper Services sont en anglais !!!

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