Entretien • Saïd Kouza, ancien judoka et arbitre africain. >
LE MATIN
10 Novembre 2008
À 16:08
LE MATIN-SPORTS : Vous-vous apprêtez avec un groupe d'anciens judokas à constituer une association. Quel en sera l'objectif ?
Saïd Kouza : Le but de cette association est de contribuer au développement de ce sport. Nous sommes prêt à collaborer avec la fédération pour donner un nouveau souffle à cette discipline. On espère apporter une nouvelle réflexion pour permettre au judo de retrouver sa place au niveau africain et pourquoi pas d'ici l'avenir avoir des champions olympiques.
Pourquoi, selon vous, le judo marocain a du mal à décoller ?
La raison est simple. Nos champions souffrent du manque de moyens financiers pour subvenir à leurs besoins. Souvent, ce sont les parents qui supportent en grande partie les charges qui pèsent sur nos judokas. C'est d'ailleurs pour cette raison que beaucoup de sportifs ont opté pour l'immigration afin d'assurer leur avenir. Un judoka de l'équipe nationale en pleine période de préparation reçoit trente dirhams comme argent de poche. Et la plupart d'entre eux n'a pas de boulot stable. Comment voulez-vous que ces jeunes puissent avoir le moral pour affronter des adversaires de taille lors des compétitions internationales ? Surtout que le côté psychique est très déterminant au cours d'un combat.
Les responsables de la FRMJ se plaignent du manque de moyens. Pensez-vous qu'avec les ressources actuelles de l'instance fédérale on serait capable de former l'élite de demain ?
La fédération a certes des moyens modestes, mais avec une meilleure gestion, on peut obtenir de bons résultats. En tout cas, mieux que ce qu'on a aujourd'hui. En plus, la fédération devra revoir ses méthodes de travail. Il faudra des gens qualifiés pour former l'élite de demain. La direction technique nationale devra s'entourer de gens qualifiés, ayant la compétence et la formation requises, pour établir un programme bien ficelé étalé sur une longue période. Un champion olympique ça se construit ! Et pour cela, il faut miser sur le moyen et long terme.
En tant qu'ancien judoka et arbitre africain que faut-il faire pour relancer le judo marocain?
Vous devez savoir que le Maroc regorge de jeunes talents prêts à affronter n'importe quoi. Mais quand on voit que même l'élite, porte-drapeau du judo national, arrive difficilement à joindre les deux bouts, comment voulez-vous que les générations futures réagissent ? C'est normal que les judokas soient démotivés. Le judo devient pour eux un simple passe-temps. Auparavant, il y avait un certain nombre de clubs appartenant à des entreprises qui finissaient par embaucher les éléments talentueux. Mais hélas ce n'est plus le cas. Actuellement, seul le ministère de l'Intérieur offre de temps en temps des postes à certains judokas.