Fin amère d'une partie mal entamée
C'est fini. Cette fois-ci, pour de bon. L'équipe nationale de football a brûlé toutes ses cartes.
Même le sursaut d'orgueil qu'on aurait tant souhaité voir n'a pas eu lieu. Dans le camp adverse, c'était la sérénité qui a gagné, alors que les Lions indomptables laissaient, au départ de ce long feuilleton des qualifications pour le Mondial et la CAN, entrevoir le pire.
Absolument faux. Passé les moments d'hésitation, les coéquipiers d'E'too se sont ressaisis et en moins que rien ils ont pu décrocher des trois autres équipes formant ce groupe. D'autres formations ont fait de même. Sauf, la nôtre. Un parcours pour le moins catastrophique. Trois nuls, trois défaites, trois buts inscrits, huit buts encaissés, trois petits points et, cerise moisie sur un gâteau pourri : une dernière place dans le groupe. Du jamais vu ! Pas besoin d'aller déterrer les raccourcis et distribuer les responsabilités.
Cette situation est la résultante logique d'une longue et lente descente aux enfers. Car, en remontant le temps, l'unique lumière est celle de la fameuse finale devant les Aigles de Carthage. Depuis ? Rien, walou, nothing…
Reposer la question des origines et des évolutions qui ont débouché sur ce constat reviendrait à refaire une archéologie des échecs. Sachant que le grand absent est cette rage de vaincre, de défendre jusqu'à l'épuisement ce maillot national qui fût tant aimé autrefois... L'actuelle équipe à la tête de la Fédération a hérité d'un cadavre. Dès lors, le plus important est de savoir ce que les uns et les autres entendraient bien entreprendre pour assurer l'envol escompté du football national. Or, quand on voit la série des forfaits enregistrés de la part de nos pros, on a vraiment le droit de s'interroger dans quelles conditions et sous quelles circonstances on peut compter sur les talents qui évoluent sous d'autres altitudes. Stérile serait le débat sur la nécessité de ne faire appel qu'aux locaux. D'autant plus que le championnat -qui est ce qu'il est- a démontré qu'il ne produit plus de joueurs capables de se mesurer aux gros calibres africains. Même nos équipes peinent à sortir leur épingle du jeu lors des compétitions régionales ou continentales.
Que faire ? Tout est à refaire. Et cela prendra le temps que cela prendra. Il est clair, là aussi, qu'un vrai travail à la base est attendu pour jeter les bases d'une politique autre. Et à la base se trouvent les équipes elles-mêmes qui sont appelées, plus que jamais, à prendre leur part de responsabilité en vue d'instaurer les socles de pratiques de nature à rendre notre football plus compétitif, ne serait-ce qu'à l'échelle d'un continent qui a vu l'émergence de ses équipes que l'on pouvait se permettre de «bouffer» en moins que rien, jusqu'à il n'y a pas longtemps.
Il nous faut réinventer les pépinières d'antan, aller à le recherche des graines de talents, assurer l'encadrement adéquat, garantir le suivi de l'évolution des jeunes, ancrer la logique de la formation, développer les structures d'accueil, éviter de se perdre dans les procès d'intention, se dire que tout le monde doit inscrire au fronton de ses préoccupations que nous devons tendre vers le même objectif.Tout un programme qui doit être, en fait, le soubassement d'une réelle stratégie d'action. Et non de slogans.