L'humiliation de samedi laisse planer des doutes sur la capacité du sélectionneur national à amener les Lions de l'Atlas en haut de l'affiche.
LE MATIN
30 Mars 2009
À 12:43
Depuis son arrivée à la tête du onze nationale en juillet 2008, Roger Lemerre a disputé 6 matchs, mais les Lions n'ont jamais rassuré quand à leur niveau de jeu. Les victoires signées sous sa houlette l'ont été essentiellement face à des petites nations de football africain et en matchs amicaux comme le Bénin, Angola, Zimbabwe et la Mauritanie en match officiel. Appelé au chevet de l'équipe de Maroc pour lui rendre son prestige d'antan, Lemerre peine a imprégné sa touche aux Lions de l'Atlas. Du coup les Lions sont devenus l'ombre d'eux même. Les belles promesses semblent envolées. Le match contre le Gabon ne vient que confirmer la peine qu'il a imposée son style de jeu. La formation alignée face aux Panthères gabonais est à ce titre révélatrice, puisque la vieillesse et l'expérience ont été préférés à la vitesse et l'audace des jeunes surtout en défense. Avec le résultat que l'on connaît. Ses fautes ? Une grande dose d'assurance, doublée d'une incapacité manifeste de ne pas avoir pu ou su lire le jeu des Gabonais. Samedi, en assistant au naufrage des Lions de l'Atlas, il n'a à aucun moment manifesté le moindre mouvement sur le banc de touche. Il est resté de marbre comme si de rien n'était.
On dirait presque une tragédie. Loin semble donc l'époque où le Maroc régnait sur le football en Afrique. Cette équipe n'a pas d'âme, pas de liant, pas de stratégie, peu d'envie et donc peu de génie. Lemerre est le premier et dernier responsable de cette défaite. Lui et son adjoint n'avaient que leurs têtes baissées en rejoignant les vestiaires. Lors de son point de presse d'après match, Lemerre, contrairement à l'ensemble de l'assistance, a trouvé des motifs de satisfaction lors de cette rencontre surtout en deuxième mi-temps. «Ce que je veux retenir dans cette rencontre, c'est la deuxième mi-temps. Pourquoi? Parce que à aucun moment, il y a eu une faiblesse de l'un ou l'autre des joueurs. On a continué sur notre lancée pour revenir au score, mais le football a cette particularité de ne pas récompenser parfois celui qui joue bien. Les Gabonais ont bien exploité les contre attaques », a-t-il martelé devant la presse.
Seulement la réalité du terrain affirme le contraire. Une défaite devant une modeste équipe gabonaise et trois points de perdus à domicile. C'est raté une nouvelle fois. Les Lions de l'Atlas sont donc condamnés à réaliser l'exploit lors de leurs prochaines sorties à commencer par le Cameroun le 6 juin à Yaoundé. Bien sûr on peut miser sur une vive réaction des Marocains contre les Camerounais. Pas sûr, vu la piètre prestation face au Gabon. ----------------------------------------------- Abdelkhalk Louzani, ancien entraîneur de l'équipe nationale «C'est vraiment dommage ! Perdre au départ est la mauvaise chose qui pouvait nous arriver. Nous avons constaté, clairement, qu'il y avait un problème au niveau de l'organisation de la défense et du jeu en général. Il y avait, également, un manque de coordination au milieu du terrain. L'équipe manquait d'une défense solide qui pouvait renforcer le reste. En tout cas, ça fait longtemps que la défense n'était pas à la hauteur. Ce n'est pas, du tout, une nouvelle chose. Le match a fait preuve d'une équipe qui était en désordre sur le terrain ainsi que d'un manque d'organisation.»
Hassan Benaabicha, entraîneur du KACM «Il n'y avait pas une harmonisation au sein de l'équipe nationale. Le jeu collectif manquait à cette rencontre. Il y avait plutôt à la place un jeu d'individualité. Il ne faut pas oublier que Chamakh et Hamdaoui jouent ensemble pour la première fois. Il est donc tout à fait normal de voir un manque de cohésion au sein d'une équipe que certain de ses joueurs ne sont pas habitués à jouer ensemble. Ceci ne veut pas dire qu'il faut sous-estimer les joueurs, mais plutôt se concentrer plus sur les prochains matchs. Il faut bien travailler pour pouvoir récupérer ces trois points.»
Rajhi Fakhredine, entraîneur de la JSM «La vérité de l'équipe nationale a été dévoilée, hier, dans le match. Beaucoup de gens ont sous-estimé le Gabon. Je l'avais bien dit à plusieurs reprises, il n'existe plus une équipe africaine qui est faible. Le Gabon a fait renforcer hier ce constat. Un autre exemple, celui du Cameroun qui s'est incliné face au Togo. Ce qui est difficile dans les qualifications, c'est toujours le premier et le deuxième match. Perdre le premier match et qui s'est joué en plus au Maroc est une mauvaise chose. Que fera t'on aux matchs joués à l'extérieur ? Il faut savoir que jouer face à des équipes européennes en match amical n'est jamais la solution pour évaluer l'équipe nationale. Son évaluation se fera tout d'abord devant des équipes africaines. Bref, il y a beaucoup de travail à faire à part le physique et le psychique. Il s'agit plutôt du travail du groupe qui est très important. Sans ce dernier, l'équipe ne pourra pas avancer.»