Un effet de mode ou une nécessité pour avancer ?

Le Football déchaîne des passions. L'avènement des écoles privées de football y a ajouté le rêve : celui d'être demain une star du ballon rond. Plusieurs familles n'hésitent plus à y inscrire leurs enfants en dépit des frais très élevés. Autant dire que ces dernières années, le rêve a pris le pas sur la passion. C'est que la formation de jeunes footballeurs est devenue un véritable métier, mais surtout un filon économique pour certains hommes d'affaires et ex-joueurs internationaux. Il n'y a qu'à voir le nombre d'écoles existantes et celles qui vont voir le jour. On murmure aussi que même certains grands clubs comme le Real Madrid ou le FC Barcelone étudient des possibilités d'ouvrir des écoles au Royaume.

L'arrivée de ces écoles (Mazagfoot, Arsenal soccer school, le Fantazia club de l'ex-international Mery Krimou) prouve si besoin il y a que la formation des jeunes footballeurs n'est plus une affaire exclusive des clubs. De l'avis de plusieurs spécialistes, l'arrivée du privé dans le secteur de la formation des footballeurs s'explique par le fait que les clubs, censés former la relève du football marocain en privilégiant toutes les catégories, se sont focalisés sur les seniors. Rangeant du coup la formation aux calendes grecques. Excepté quelques-uns.

Mais en faisant un peu l'inventaire de ces écoles, on s'aperçoit vite que certaines se contentent de jouer un rôle ludique tout en laissant la voie à une possible reconversion dans le domaine de la formation. C'est le cas de Mazagfoot qui se concentre uniquement sur le volet ludique et loisir. Selon Hassan Bernoussi, président de Mazagfoot academy, Mazagfoot est une colonie de vacances dédiée au football. Et d'ajouter que son académie réfléchit sur un business plan concernant l'établissement d'un véritable centre de formation, où les jeunes recrues sont internes et alternent sport de haut niveau et étude. "Ce volet du projet ne pourra voir le jour que si nous trouvons un partenaire financier de taille et surtout une entreprise socialement responsable", a-t-il indiqué.
Un autre modèle complètement différent est celui d'Arsenal soccer school qui dispense une véritable formation aux jeunes enfants âgés de 9 à 18 ans. Cette formation est basée sur le modèle des écoles d'Arsenal dans le monde. Pour Samir Benmakhlouf, initiateur du projet Arsenal soccer school, la création des écoles privées est une nécessité au moment où le football marocain s'apprête à intégrer le monde professionnel. «Le Maroc a réalisé qu'on ne peut pas faire des choses gratuitement. Pour amener un savoir-faire et de nouvelles connaissances de formation, il faut payer», a-t-il indiqué. Il faut payer, voilà un mot qui fait jaser et qui remet un peu en question la légitimité de ces écoles soupçonnées de vouloir faire simplement de l'argent.

Preuve, dit-on, les tarifs jugés élevés, fixés par ces écoles, et qui ne sont pas à la portée des familles démunies dont les enfants pratiquent le plus souvent le football. Ces mêmes avis annoncent également que les enfants qui accèdent à ces écoles n'auront certainement pas tous leur avenir dans ce métier. Cette thèse est réfutée par Benmakhlouf qui souligne qu'Arsenal soccer school dispense aussi une formation gratuite à 40 enfants issus des familles démunies. Et d'ajouter que son école n'a pas vocation à vendre les joueurs qu'elle forme, mais elle les réserve pour clubs marocains sans aucune contrepartie financière.

Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui la fièvre d'ouvrir les écoles privées de football a gagné pratiquement tout le monde. Et chaque jour, on entend que tel ou tel homme d'affaires veut ouvrir une école du genre. Reste à savoir si le football marocain bénéficiera de ces écoles ou seuls leurs concepteurs en seront les principaux bénéficiaires.