Le plan solaire marocain enflamme les débats

Un incontournable pré-requis

Les clubs marocains disposent-ils réellement de centres de formation comme ceux que l'on trouve en Europe ou en Amérique Latine? Si oui, pourquoi rares sont les jeunes joueurs qui émergent de ces centres et accèdent aux équipes premières et par la suite aux sélections nationales ?

25 Janvier 2011 À 13:40

Tous les centres de formation des clubs ont pour objectif de combiner une formation sportive de haut niveau à une formation scolaire, la plus adaptée qui soit, au profil du jeune joueur de football. Mais est-ce réellement le cas chez nous ? La réponse est non. Quelques-uns parmi les centres qui existent n'ont de formation que le nom. Certains clubs étaient obligés de les créer, uniquement pour répondre à la demande de la Fédération royale marocaine de football qui les a appelés à se doter de ces centres de formations. Ces centres n'ont aucune véritable démarche pédagogique pour former des jeunes. Dans la majorité des cas, ce sont d'anciens joueurs, sans aucune formation, qui furent chargés de ces centres.

Trop souvent, en effet, ces centres sont bondés de jeunes qui n'ont pratiquement aucun potentiel pour atteindre le haut le niveau. Ce n'est pas une surprise en soi, du fait que les recruteurs ne sont pas de vrais formateurs, capables de déceler le potentiel des uns et des autres. Autrement dit, on privilégie la quantité plutôt que la qualité, alors qu'il faut, comme l'explique Jean-Pierre Morlans, directeur technique national (voir l'entretien), d'abord s'appuyer sur une bonne détection.

L'autre problème de ces centres est celui de l'environnement dans lequel évoluent les jeunes recrutés. Avant même de parler de centre de formation, il faut former des éducateurs et des entraîneurs. En d'autres termes, il faut des éducateurs formés dont le métier, le profil et l'approche sont différents de l'entraîneur de l'équipe 1. Ce dernier prépare un groupe à la compétition et donc à obtenir des résultats à court ou moyen terme. Le premier travaille sur des individualités dont il faut développer les aptitudes pour que certains puissent alimenter et renouveler le haut niveau national. En résumé, si vous sautez les étapes incontournables de l'apprentissage, du perfectionnement ou de la formation, vous aurez toujours des lacunes et des imperfections qui limiteront la progression vers le haut niveau et l'évolution constante du joueur.

A l'exception de l'Académie Mohammed VI, qui dispense réellement une formation scientifique et assure un suivi quotidien des jeunes joueurs, très peu de centres ont le souci de la qualité de la formation. La preuve en est que dès son ouverture, tous les parents de jeunes inscrits dans des centres de formation des clubs ont voulaient que leurs enfants intègrent l'Académie, en raison de la qualité de la formation et de l'instruction reçues. Ceci dit, certains clubs, et non des moindres, ont consenti beaucoup d'efforts pour disposer de centres de formation qui répondent aux normes. C'est le cas du Raja de Casablanca, du WAC, ou encore du MAS… Il n'y a qu'à voir les recrutements effectués chaque année par ces clubs pour se rendre compte que les centres de formation de ces clubs ne sont pas encore capables de hisser des jeunes à un très haut niveau. Du coup, les clubs se rabattent sur le recrutement pour essayer de former des équipes compétitives.

Chaque année, tous les grands clubs font des dépenses énormes qui grèvent leur budget. Avoir un centre de formation pour la forme ne sert à rien. Un centre digne de ce nom coûte énormément d'argent et le club qui n'est pas capable de consentir ce sacrifice ferait mieux de ne pas en avoir. Créer un centre suppose que le club puisse dispenser à la fois une formation sportive et un cursus scolaire, mais une formation sportive avec des accompagnements individualisés, un hébergement adapté, un suivi médical et toute la structure doit converger vers le développement personnel de chaque jeune. Des centres de formations, il y en a. Mais jusqu'à présent, ils ne remplissent pas réellement leur mission. Il n'y a qu'à recenser le nombre de jeunes des clubs de l'élite qui alimentent l'équipe nationale juniors ou celle des moins 17 ans, et les comparer avec ceux de l'Académie Mohammed VI qui a à peine deux ans d'existence. On se rendrait alors compte qu'il y a forcément quelque chose qui ne tourne pas rond dans ces centres.
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