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Il a disparu il y a 70 ans a qui le tour ?

04 Octobre 2012 À 12:22

Portraits de disparus au Maroc

Des éléphants, des ours, des guépards, mais aussi des léopards vivaient sur nos terres voici moins d’un siècle... Tous ces animaux sauvages ont disparu au Maroc ou sont en grand danger.

Les éléphants d’Hannibal

La majorité des éléphants utilisés par Hannibal, dans sa traversée des Alpes en 218 avant Jésus-Christ, était essentiellement composée d’éléphants venant d’Afrique du Nord, transformés en éléphants de guerre et devenus par la suite emblèmes de la monnaie carthaginoise. Plus petit que leurs cousins des savanes, les «Loxondata africana cyclotis» vivaient dans les forêts, les prairies et les clairières. La dégradation ou la destruction de ces environnements, ainsi que le braconnage et la chasse, ont mené à leur disparition. Historiens, explorateurs et navigateurs, dont le célèbre Hannon, rapportèrent dans leurs récits que l’habitat naturel du pachyderme nord-africain s’étendait jusqu’aux régions côtières du Maroc.

L’ours du Maroc

De sources romaines, des ours vivaient dans les montagnes de l’Atlas, alors recouvertes de forêts de pins. En témoignent des représentations sur d’anciennes mosaïques trouvées dans la région. Il était plus petit que ses cousins européens ou américains, son museau plus plat, son pelage plus long et sa fourrure très sombre, presque noire. Il se distinguait par sa férocité, idéale pour les arènes romaines. Un des sultans du Maroc possédait un ours, plus tard étudié par le naturaliste allemand Shinz, qui nommera l’espèce, exterminée elle aussi depuis. Ursus Crowtheri ou Ours du Maroc finit par disparaître au 19e siècle. Le dernier ours de l’Atlas aurait été chassé sur la frontière maroco-algérienne en 1870.

Le léopard de l’Atlas

Sous-espèce vivant principalement dans l’Atlas, le léopard de l’Atlas a été annoncé, à tort, comme totalement disparu en 1995 par l’université de Cambridge. Caractérisé par sa fourrure très épaisse, bien adaptée à son environnement de haute altitude, il se nourrissait de petits mammifères, de rongeurs et de reptiles..


Animaux marins, oiseaux et invertébrés

Sur nos côtes aussi manquent à l’appel plusieurs animaux marins, comme la tortue grecque. Cette dernière, importée massivement du bassin méditerranéen vers l’Europe du Nord, a connu un bien triste sort durant les deux derniers siècles. Appréciée pour sa compagnie domestique, des millions d’individus ont été arrachés à leur terre, souvent de façon barbare, entraînant l’espèce vers la disparition.Chez les oiseaux, l’aigle impérial, en cours d’extinction dans tout le bassin méditerranéen, a été déclaré éteint au Maroc, alors que l’espèce y faisait souvent halte en période de reproduction. Il est pourtant l’un des plus puissants rapaces au monde. Persécuté par les chasseurs et les éleveurs, l’aigle impérial était redouté pour être capable de tuer et d’enlever un lièvre ou un petit agneau. L’autruche à cou rouge est un oiseau de grande taille (près de 3 m de hauteur pour les mâles !), réputé sans prédateur. Le lion lui-même est apeuré par l’impressionnante envergure de cet oiseau incapable de voler. Et pourtant, sa population s’est réduite comme une peau de chagrin pour disparaître au Maroc, puis pour y être réintroduite récemment.Pour les invertébrés, qui représentent pourtant les trois quarts des espèces animales et jouent un rôle indispensable au maintien d’autres espèces, végétales ou animales, le bilan est le plus désastreux avec une érosion catastrophique de leur diversité.


 D’autres espèces en voie de disparition au Maroc

Le singe magot, avait tiré parti dans un premier temps de l’extinction de ses principaux prédateurs. S’étant pourtant multiplié à vive allure, une récente étude indique que 50% de sa population aurait disparu durant les trente dernières années, principalement en raison de la destruction de son habitat naturel. Et on ne pourra pas reprocher à ce féroce primate de n’avoir pas donné le maximum de sa personne au service de l’homme : apprivoisé et dressé, il est utilisé militairement comme démineur, comme le rat peut aussi l’être, au Mozambique notamment.La mauvaise réputation de charognard de la hyène rayée n’est pas seule responsable de son extinction progressive dans notre pays. Ornée d’une magnifique crinière, identifiable à son pelage gris et jaunâtre rayé de bandes sombres, cet animal de la taille d’un chien ne dépasse pas les cinquante kilos, vit en solitaire et de façon nocturne. Chassée elle aussi à travers les âges, puis affamée par la raréfaction des petits rongeurs et animaux dont elle raffole, la hyène rayée disparaît de façon alarmante.Du côté des océans, la situation n’est guère plus réjouissante pour le phoque moine. Bien que la baie de Dakhla en héberge encore la plus grande population mondiale, Monachus monachus est victime de la pollution, de la chasse, et de l’appauvrissement de son environnement, causé notamment par la pêche industrielle. On compterait moins de 500 individus à ce jour, déclarés en danger critique d’extinction.Quid du cerf et du mouflon ? De la gazelle dama, de l’Oryx, de la loutre ou du fennec ? La liste ne cesse de s’allonger. Selon l’ONG WWF (World Wide Fund), les espèces disparaissent à un rythme mille fois supérieur au taux d’extinction naturel et cette hémorragie sans précédent est due à l’activité directe ou indirecte des hommes.


Quelques lueurs d’espoir ?

Fort heureusement, la science permet de nos jours de conserver le patrimoine génétique d’espèces éteintes, à l’état vivant (dans les parcs zoologiques, par exemple) ou en laboratoires (cryogénie). Le formidable travail des personnels, chercheurs et scientifiques du Jardin zoologique de Rabat a permis de voir, en avril dernier, la naissance de lionceaux triplés dans l’établissement ! Ceci porte ainsi à 29 le nombre d’individus du zoo, tous génétiquement «purs». D’autres réserves ou parcs français comptent également parmi leurs pensionnaires quelques survivants. Et c’est sans compter le rôle majeur de la Ménagerie royale dans ce dossier.Mais le miracle nous vient de la Nature elle-même : en 2010, une équipe de zoologues espagnols, menée par le professeur Francisco Purroy de l’Université de Léon (Castille-nord) a retrouvé une trentaine de léopards de l’Atlas vivant en totale liberté, en altitude, dans des zones où l’Homme n’a jamais élu domicile ni pris pour habitude de circuler. Cette nouvelle a eu un effet retentissant majeur sur l’ensemble de la communauté scientifique internationale en charge de la conservation de la nature, incitant à la reprise et favorisant le financement de nouvelles expéditions envoyées à la recherche d’espèces déclarées éteintes ou disparues. Et redonne espoir...

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