Du diesel pour plus de séduction

À la découverte de la philatélie

Un morceau de papier, une illustration au recto, de l’adhésif au verso, vous croyez ? détrompez-vous, n’est pas timbre qui veut, loin de là ! Au-delà de l’affranchissement de courrier, le timbre voyage, fait voyager, véhicule une certaine image... et se collectionne.
• La Poste chérifienne existe depuis 1892 grâce à des cachets spéciaux appelés «Cachets Maghzen». Le premier timbre-poste marocain a vu le jour en 1912.
• Le Maroc a obtenu en 2008 la médaille de bronze lors de la compétition philatélique internationale organisée par l’Union postale universelle.

15 Novembre 2012 À 15:10

Un morceau de papier, une illustration au recto, de l’adhésif au verso, vous croyez ? Détrompez-vous, n’est pas timbre qui veut, loin de là ! Et ce morceau de papier ne peut être réduit à ça. C’est une représentation miniature de l’évolution d’un pays aussi bien au niveau culturel, économique, politique qu’environnemental. C’est d’ailleurs un très bon moyen, pour les plus jeunes comme pour les plus âgés, pour en savoir plus sur l’histoire d’une nation, ses monuments et ses personnages phares. Au-delà de l’affranchissement de courrier, le timbre voyage, fait voyager, véhicule une certaine image… et se collectionne.Au Maroc, les associations philatélistes se sont multipliées ces dernières années grâce à l’engagement et aux efforts de leurs membres, mais aussi grâce à l’accompagnement de Barid Al Maghrib (Poste Maroc) qui met à leur disposition, via son portail philatélique, un large choix de timbres aussi beaux que rares. «À Barid Al-Maghrib, nous sommes plus que jamais engagés à asseoir et maintenir une position de choix aux services de La Poste marocaine. Cette préoccupation permanente met bien évidemment l’accent sur le développement de la philatélie, en raison de son rayonnement culturel incomparable à l’étranger comme au plan national. La présence de nombreuses associations philatéliques du Royaume atteste de cette volonté», déclarait il y a quelques semaines Amine Benjelloun Touimi, directeur général du Groupe Barid Al-Maghrib sur les colonnes du journal «Le Matin».Chaque timbre à sa propre histoire qui lui confère une valeur différente. Ce qui fait que les timbres sont aimés, recherchés, échangés et, comme cette année au Maroc, célébrés. L’année 2012 marque en effet le centenaire du timbre-poste marocain. Ce n’est nullement un hasard si le Maroc a obtenu en 2008 la médaille de bronze lors de la compétition philatélique internationale organisée par l’Union postale universelle. Dans notre pays, timbre-poste a toujours rimé avec qualité, beauté et créativité.

LA PHILATÉLIE KÉSAKO ?

La philatélie c’est l’art de collectionner les timbres postaux ou fiscaux, un passe-temps qui a fait son apparition peu de temps après les premières émissions de timbres et qui, par la suite, s’est répandu à travers le monde. Depuis, des associations locales, nationales et internationales ont été créées, les collectionneurs se rencontrent dans les clubs dédiés à la philatélie ou dans les grandes expositions et les congrès. À noter qu’il existe trois façons principales de collectionner les timbres. La première c’est la philatélie thématique qui consiste à rassembler les timbres liés à un thème commun. Le philatéliste peut ainsi organiser ses collections par thèmes selon ses préférences ou dans un but scientifique. Une collection sur les zèbres, par exemple, pourrait révéler de nombreux détails historiques sur l’évolution et la rareté de l’espèce. La marcophilie ou collection des oblitérations consiste à étudier les marques postales présentes sur les lettres ou objets de correspondance. Les oblitérations peuvent désigner à la fois des timbres, des vignettes autocollantes ou des empreintes apposées sur un document. Les marques postales sont alors classées selon diverses catégories : les marques manuscrites, les marques au tampon, les cursives, les cachets ronds à date, etc. La philatélie fiscale, quant à elle, se consacre à la collection des timbres fiscaux. À l’instar de la philatélie postale, les timbres fiscaux se collectionnent également par thème, par pays, par date…

Histoire du timbre

Les Hommes envoient des courriers depuis des siècles, mais le manque de réglementation en termes d’affranchissement a laissé place à des pratiques frauduleuses dans le paiement des frais d’acheminement.Rowland Hill, directeur des postes britanniques, s’arrêta un jour dans une auberge et aperçut une jeune fille recevoir une lettre du facteur. Selon les principes de l’époque, la jeune fille destinataire se devait de régler les frais d’acheminement calculés en fonction du poids de la lettre et de la distance à parcourir. Les frais étant excessivement chers, la jeune fille, ne pouvant pas payer, dut refuser la lettre. Rowland Hill lui proposa de régler les frais d’acheminement, mais la jeune fille lui expliqua qu’elle avait une méthode secrète pour échanger avec son fiancé. Pour ne pas avoir à payer, elle et son fiancé inscrivaient des signes sur l’enveloppe, un code qui leur permettait de s’envoyer quelques mots d’amour et de savoir si tout allait bien.La jeune fille et son fiancé n’étaient pas les seuls à user de cette méthode, une enquête révéla qu’ils étaient nombreux à utiliser de cette astuce qui coûtait cher aux gouvernements. Pour en finir avec ces méthodes douteuses, Rowland Hill tenta, en 1837, de lancer une série de réformes pour la mise en place d’une taxe pour l’acheminement des envois et c’est ainsi que le premier timbre-poste au monde a vu le jour, le 1er mai 1840, en Grande-Bretagne. Le tout premier timbre, appelé Black Penny (d’une valeur d’un penny), à l’effigie de la reine Victoria, est suivi, une semaine plus tard, par un deuxième timbre bleu, toujours à l’effigie de la reine Victoria. Depuis ce jour, la tradition veut qu’en Grande-Bretagne tous les timbres soient à l’effigie du monarque régnant. Il n’en fallut pas plus pour qu’un nouveau passe-temps voie le jour. Très vite, les timbres postes deviennent des objets de collection et ce sont les numismates qui s’y mettent en premier. Collectionneurs de monnaie et de médailles, les numismates incluent le timbre à leurs collections en tant que nouveau support fiduciaire.À partir de 1850, les courriers sont de plus en plus affranchis, les timbres suscitent l’intérêt des usagers et c’est ainsi qu’une nouvelle catégorie de collectionneurs appelée «timbromanes» voit le jour. Ils prennent rapidement conscience que la collection de timbres est bien plus qu’une distraction, ils se recherchent, se regroupent et s’échangent les timbres, les moins courants se négocient au prix fort.«Le Catalogue des timbres-poste créés dans divers États du globe» d’Alfred Potiquet est publié en 1861. C’est le début d’une longue série de catalogues, d’albums et de revues dédiés aux timbres. C’est dans une de ces revues, «le Collectionneur du timbre-poste», qu’en 1864 George Harpin invente le mot «philatélie» pour remplacer «timbrologie», un mot jugé péjoratif. Créé à partir des racines grecques «philos (ami)» et «ateleia (exemption de taxe)», le mot philatélie est parfaitement intégré par les collectionneurs, qui se feront désormais appeler les philatélistes.

Le premier timbre-poste marocain

Au Maroc, La Poste chérifienne existe depuis 1892 et permettait, à l’époque, la distribution du courrier à travers le Royaume grâce à des cachets spéciaux appelés «Cachets Maghzen». Avant cela et depuis 1891, des postes privées inspirées du modèle européen utilisaient des timbres spéciaux pour gérer les correspondances de ville à ville. Forte de son succès, la Poste privée de Mazagan-Marrakech a suscité l’intérêt du Sultan Moulay Abdelhafid. Un an plus tard, le Sultan décide de créer La Poste chérifienne et c’est en décembre 1911 qu’il remplacera les «Cachets Maghzen» par le timbre-poste. Un premier tirage aura lieu le 22 mai 1912 avec une série de 6 timbres représentant la mosquée Aissaouas de Tanger.Après l’Indépendance en 1956, les services de La Poste et des télécommunications dépendent du ministère de La Poste du télégraphe et du téléphone jusqu’en 1998.À cette date, l’établissement public marocain «Barid Al Maghrib» (Poste Maroc) est créé, à la suite d’une loi marocaine séparant le secteur de La Poste de celui des télécommunications. Poste Maroc va jouer son rôle, émettre régulièrement des timbres et participer à quelques expositions. Les quelques passionnés de l’époque vont pouvoir renflouer leurs collections, mais il faudra du temps avant de voir le nombre de philatélistes augmenter.

La philatélie au Maroc

Il existe au Maroc plusieurs associations s’intéressant à la philatélie. Elles sont présentes dans les grandes villes comme Rabat, Casablanca, Fès, Tétouan, Tanger et Marrakech. Dispersées à travers le Royaume, ces associations tentent, tant bien que mal, d’entrer en contact pour faciliter l’acquisition de timbres, mais les échanges sont encore «trop peu nombreux». Les quelques regroupements organisés par les associations permettent les échanges et les acquisitions auprès de collectionneurs chevronnés. Michel Desprès, président de l’Association philatélique d’Agadir, déplore tout de même l’absence d’une Fédération marocaine de philatélie qui pourrait, selon lui, faciliter la tâche aux philatélistes.En effet, comme nous le confie M. Desprès, «beaucoup de philatélistes arrêtent leurs collections parce qu’ils se sentent isolés et ne parviennent plus à trouver des personnes avec qui échanger ou comment acquérir d’autres timbres». Selon lui, le Maroc compterait actuellement entre 5 000 et 10 000 collectionneurs et le nombre d’adhérents aux associations à l’échelle nationale ne dépasse pas les 1 000.Mais il faut souligner toutefois l’effort de Barid Al-Maghrib en matière de philatélie. Son portail philatélique est une mine d’informations aussi bien pour les curieux que pour les mordus de cette passion. Il leur propose toutes les nouveautés liées à cette activité avec possibilité d’acquérir les timbres qu’ils souhaitent via une boutique en ligne. Ce portail leur permet en outre une visite virtuelle du musée de La Poste ainsi qu’une collection de timbres émis depuis 1990 classés par thèmes.

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