29 Novembre 2012 À 16:05
Souvenez-vous de cette époque révoltante ou tout votre corps était totalement chamboulé par le réveil des hormones sexuelles ! Chez les filles, les hormones œstrogènes et progestérones sont secrétées par les ovaires et vont donc exister en quantité supérieure dans le sang de l’organisme féminin. L’augmentation du taux de ces hormones va permettre le développement des caractéristiques féminines. La poitrine va gonfler, la pilosité apparaît (aisselles, pubis…), le bassin s’élargit, la structure osseuse se façonne…Les hormones œstrogènes et progestérones font équipe ensemble et sont sécrétées tous les 28 jours, soit la durée moyenne d’un cycle de menstruation. Le cycle menstruel féminin est divisé en deux phases : lors de la première moitié du cycle, l’hormone œstrogène permet à l’ovule de mûrir jusqu’à son expulsion. C’est durant cette période dite d’ovulation, que le col de l’utérus se dilate, se préparant à accueillir les spermatozoïdes potentiels. Après cette phase, c’est au tour de la progestérone d’entrer en jeu en préparant l’utérus à l’implantation de l’œuf fécondé. L’hormone progestérone s’assure de préparer un petit nid douillet pour l’œuf fécondé en maintenant le col de l’utérus fermé et en développant les glandes mammaires, d’où la douleur souvent ressentie dans les seins juste avant les règles. À noter que le mécanisme est en marche même lorsqu’il n’y a pas fécondation, dans ce cas le taux de progestérone va chuter d’un seul coup et entrainer la destruction de la dentelle utérine, ce que l’on appelle les règles.Toujours chez les filles, l’hormone testostérone est aussi présente sauf qu’elle n’est produite qu’en petite quantité par les ovaires. Elle augmente la production de globules rouges, l’énergie et la libido. Chez les garçons, l’hormone testostérone est produite en continue par les testicules, mais c’est à l’adolescence qu’elle va permettre aux organes génitaux d’entrer en phase de maturation et de voir leurs volumes augmenter, les poils pousser et la voix muer. La testostérone régule les fonctions reproductrices de l’homme, assure la production de spermatozoïdes et entraine aussi le développement de la structure osseuse et musculaire. Comme chez les filles, elle augmente également la production de globules rouges, l’énergie et la libido.À noter que les hommes aussi produisent des œstrogènes, en très petite quantité. En quoi les hormones sexuelles influencent-elles notre quotidien ?On sait maintenant que chez l’homme, les testicules produisent de la testostérone en permanence à partir de la puberté c’est pourquoi c’est précisément à ce moment-là que l’adolescent ressent les effets de l’entrée en action des hormones. Outre les transformations corporelles, l’adolescent «garçon» va devoir apprendre à apprivoiser son nouveau corps. Le réveil de la testostérone provoque principalement, dans la plupart des cas, de l’acné (les hormones font travailler les glandes de la peau qui devient alors plus grasse et propice aux boutons et points noirs), des odeurs corporelles plus fortes (transpiration, parties intimes, peau), la sensibilité des testicules, des érections plus fréquentes (parfois spontanées, durant le sommeil et au réveil) et des éjaculations nocturnes (pendant les rêves). Tous ces désagréments peuvent sembler lourds, mais chez l’homme ils sont vécus uniquement durant la puberté tandis que chez les femmes, les gènes occasionnés apparaissent dès l’apparition des règles et les changements hormonaux ont lieu à chaque cycle. L’acné et les odeurs corporelles plus fortes s’invitent aussi chez les dames avec, en plus, une très forte sensibilité nerveuse due aux baisses et aux augmentations brutales des taux hormonaux à répétition, des états de déprime passagers lorsque la progestérone entre en jeu lors de la deuxième phase du cycle, des douleurs à la poitrine…
› Insuline› Leptine
Il y a les hormones qui influencent notre humeur, celles qui permettent le développement de notre corps et bousculent notre appétit sexuel et il y a celles qui perturbent notre appétit tout court !Rassurez-vous, les hormones ne sont en aucun cas coupables de votre excès de poids, bien qu’elles interviennent sur l’assimilation des aliments par votre corps, vous êtes encore responsables de ce que vous mettez dans votre assiette.
L’insuline est une hormone qui se charge de faire entrer le sucre dans les cellules pour faire diminuer le taux de sucre dans le sang. Cette hormone est sécrétée en permanence et en petite quantité par des cellules du pancréas. Lorsque l’on mange des glucides (pâtes, riz, fruits, sucres…), la glycémie s’élève et le taux d’insuline augmente immédiatement. Elle augmente pour pouvoir réguler la quantité de sucre dans le sang sauf qu’au moment où l’insuline retire le sucre de votre sang pour le placer dans les cellules, ça s’appelle le stockage de graisses. Voilà pourquoi il est fortement conseillé de ne pas consommer des aliments à taux glycémique élevé comme le miel, les sodas, le pain blanc...À noter que les aliments riches en glucides sont à privilégier le matin au petit-déjeuner, mais à éviter après 17 heures. Pour diminuer le taux d’insuline, la consommation de fibre et la pratique d’un sport d’endurance sont fortement recommandées. La leptine est une hormone sécrétée par le tissu adipeux qui ordonne au cerveau d’utiliser les graisses pour en faire de l’énergie et supprimer la faim compulsive. Autrement dit, si l’hormone leptine (appelée également hormone de satiété) fonctionne bien, elle réduit la graisse corporelle et assure l’état de santé global en agissant contre des problèmes tels que l’obésité, l’hypertension, le cholestérol…Lors d’un régime trop drastique ou d’une alimentation déséquilibrée, le taux de leptine circulant diminue ce qui entraine principalement deux effets :Premièrement, l’organisme n’atteint plus la satiété, vous n’êtes donc plus rassasié et votre besoin de manger ou de grignoter augmente inévitablement. Deuxièmement, en étant moins présente dans l’organisme, la leptine ne communique plus très bien avec le cerveau, il ne reçoit plus l’ordre de brûler les graisses et elles finissent par être stockées. Rien qu’un seul repas sauté et voilà que le taux de leptine diminue dans l’organisme, vous comprenez pourquoi les régimes qui induisent une perte de poids très rapide ne durent jamais longtemps. La plupart du temps, le poids perdu revient en force dès l’arrêt du régime avec parfois même, des kilos en plus comme invités-surprises.
Entretien avec Samia Nejjar,médecin endocrinologue à Casablanca
«Le diabète et la maladie de la thyroïde sont les troubles hormonaux les plus fréquents au Maroc»
Le Matin Week-end : Quel rôle jouent les hormones dans notre bien-être physique et psychique ?Dr Samia Nejjar : Les hormones ont un rôle fondamental dans l’équilibre et l’homéostasie du corps humain, rien n’est superflu et pratiquement toutes les hormones communiquent entre elles pour obtenir cette fameuse harmonie tant physique que mentale. Prenez le cas par exemple des hormones thyroïdiennes, elles interviennent pour réchauffer le corps, augmenter le débit cardiaque et les battements du cœur, augmentent la glycémie en cas d’hypoglycémie sévère, ont un rôle capital dans le développement de l’os et du système nerveux central, développent les phanères (ongles, cheveux…) et jouent même un rôle dans la reproduction !»Au-delà de son caractère insolite, cette information risque de créer une révolution dans les rapports entre les gents masculine et féminine. C’est dire l’importance de ces substances chimiques dans notre vie et à quel point ils peuvent influer sur nos comportements. Quelles sont les maladies hormonales les plus fréquentes au Maroc ? Les maladies hormonales les plus fréquentes au Maroc sont essentiellement le diabète de type 2 et les nodules et goitres thyroïdiens, dans une moindre mesure.Quelles en sont les causes ?Le diabète de type 2 est une véritable pandémie mondiale, liée à une prédisposition génétique ainsi qu’à l’obésité (la malbouffe «fast food») et à la sédentarité. Si nous avions gardé les habitudes alimentaires saines de type méditerranéen de nos ancêtres qui marchaient beaucoup, surtout par nécessité en l’absence d’autres moyens de locomotion, nous n’en serions pas là ! Mais que faire pour combattre le modèle occidental, surtout américain ? Par ailleurs, le diabète est lié à la perte de la fonction de plus de la moitié du pancréas, qui ne sécrète plus assez d’insuline pour réguler le taux de sucre dans le sang, et à l’insulino-résistance à l’action de l’insuline au niveau du foie et du muscle en raison de l’obésité importante de ces patients diabétiques. Il survient vers l’âge de 50 ans et a une grande composante héréditaire.Les autres maladies sont thyroïdiennes et surviennent essentiellement chez la femme. Elles ont des causes diverses, et sont nombreuses, allant du goitre endémique (grossissement de la thyroïde) par carence iodée aux goitres nodulaires (petites boules qui se greffent sur la thyroïde), nodules solitaires, hyperthyroïdie sur maladie de Basedow, hypothyroïdie sur traitement par cordarone ou interféron, aux inflammations thyroïdiennes aiguës, microbiennes, subaiguës suite à des affections ORL ou chroniques, puis il y a aussi les cancers thyroïdiens dont la variété la plus fréquente se soigne très bien (quand elle est diagnostiquée au bon moment) au moyen d’une chirurgie faite par des mains expertes et un traitement par iode radioactif, et sans récidives !Les traitements proposés permettent-ils de les guérir ou au moins d’améliorer le quotidien des malades ? Les traitements proposés pour le diabète normalisent la glycémie sous réserve d’une bonne hygiène de vie, mais ils ne guérissent pas le diabète. Certaines maladies thyroïdiennes se soignent complètement soit par médicaments, soit par chirurgie. Quant aux autres maladies endocriniennes liées à une insuffisance voire un non-fonctionnement de la glande en question, nous ne pouvons que proposer un traitement substitutif à vie pour améliorer les fonctions vitales du patient et sa qualité de vie.