27 Septembre 2012 À 15:21
Nombreux sont les systèmes de mesure qui cohabitent dans le monde et l’Histoire. Parfois témoins des rivalités, parfois symboles d’unification, leurs différences et similarités en disent long sur le passé de leurs pays. Les changements d’unités sont très souvent liés à d’importants changements politiques : avènement d’un roi, révolution... Pour faciliter la communication scientifique et le commerce, le nombre de systèmes est aujourd’hui beaucoup plus restreint. De fait, tous les pays du monde, sauf la Birmanie, les États-Unis et le Liberia, ont adopté le système international d’unités (SI) dérivé du système métrique. Les États-Unis utilisent quant à eux toujours le système anglo-saxon (le système qui était d’usage avant le SI en Angleterre et dans les anciennes colonies britanniques). Mais derrière cette apparente uniformisation, qui fait par exemple que les panneaux routiers donnent dans la majorité des pays les distances en kilomètres, de nombreux domaines conservent leurs unités propres : le pouce en informatique, le mille marin, la pinte dans les pubs anglais...
Mise en place
Devant la multiplicité des unités existantes dans les différents pays, la Conférence générale des poids et mesures avait demandé à son comité dès 1948 de mettre en place une réglementation complète des unités de mesure. On ouvrit alors une enquête officielle sur l’opinion des milieux scientifiques, techniques et pédagogiques mondiaux afin d’établir un système pratique susceptible d’être adopté par tous les pays. L’accord est réalisé en 1960 sous le nom de système international d’unités (abrégé par SI dans toutes les langues). Ce système s’est répandu dans le monde entier au point que le Royaume-Uni, le Canada, les États-Unis d’Amérique et les pays sous leur influence étaient les derniers à pratiquer le système dit «impérial» (yard, inch, pound...) ; le système métrique était autorisé dans ces pays, mais n’était connu que dans les milieux scientifiques. Après le Royaume-Uni, tous ces pays sont en train de se convertir au système métrique ou ont déclaré leur intention de le faire, et le système international d’unités sera bientôt celui de tous les peuples. Il est bien sûr recommandé par toutes les grandes associations internationales scientifiques.
Avantages
Son emploi exclusif apporte une unification du langage et évite les complications, incompréhensions et erreurs occasionnées auparavant. Il y a une seule unité SI par grandeur. Les unités SI sont cohérentes : les relations entre grandeurs sont les mêmes que celles entre unités, il n’y a pas de facteurs numériques dans les expressions. Par exemple, on définit la vitesse par la longueur parcourue divisée par le temps mis pour la parcourir, l’unité de vitesse est donc le mètre par seconde, de simples opérations entre les grandeurs servent à définir les proportions ou les valeurs à partir des grandeurs de base. Le kilomètre-heure n’est pas une unité cohérente avec le système SI, car il y a un facteur numérique par rapport aux unités de longueur et de temps. Chaque unité SI peut donner naissance à des multiples ou sous-multiples décimaux par l’emploi de préfixe pour plus de commodité quand l’ordre de grandeur le nécessite.
Jusqu’au XVIIIe siècle, il n’existait aucun système de mesure unifié. Malgré les tentatives de Charlemagne et de nombreux rois après lui, visant à réduire le nombre de mesures existantes, la France comptait parmi les pays les plus inventifs et les plus chaotiques dans ce domaine. En 1795, il existait en France plus de sept cents unités de mesure différentes.Nombre d’entre elles étaient empruntées à la morphologie humaine. Leur nom en conservait fréquemment le souvenir : le doigt, la palme, le pied, la coudée, le pas, la brasse, ou encore la toise, dont le nom latin tensa – de brachia – désigne l’étendue des bras. Ces unités de mesure n’étaient pas fixes : elles variaient d’une ville à l’autre, d’une corporation à l’autre, mais aussi selon la nature de l’objet mesuré. Ainsi, la superficie des planchers s’exprimait en pieds carrés et celle des tapis en aunes carrées.Les mesures de volume et celles de longueur n’avaient aucun lien entre elles. Pour chaque unité de mesure, les multiples et sous multiples s’échelonnaient de façon aléatoire, ce qui rendait tout calcul extrêmement laborieux. Pour comprendre les difficultés qu’entraînaient de tels systèmes, il convient de considérer le mode actuel de la mesure du temps, survivance de l’ancien système de subdivisions. Dans ce système, tout calcul implique une conversion préalable.Source d’erreurs et de fraudes lors des transactions commerciales, cette situation portait aussi préjudice au développement des sciences. À mesure que l’industrie et le commerce prenaient de l’ampleur, la nécessité d’une harmonisation se faisait de plus en plus pressante.