À
Automechanika Dubaï 2025, le
Maroc s’impose comme un marché observé de près, discuté, analysé. Dans les allées du salon, le Royaume revient souvent dans les conversations, non comme une promesse abstraite, mais comme un territoire déjà actif dans les réseaux internationaux de la pièce de rechange. Fabricants européens, groupes multimarques et acteurs de l’innovation évoquent un marché structuré, concurrentiel, mais mûr, où la qualité, la disponibilité et la fiabilité sont devenues des critères déterminants.
Si Automechanika Dubaï 2025 n’est pas une vitrine industrielle marocaine au sens strict, le salon reflète une autre réalité : celle d’un Maroc pleinement intégré aux flux mondiaux de l’aftermarket, via des partenariats, des réseaux de distribution solides et une présence croissante dans les plans de développement des grandes marques internationales.
Un Maroc déjà intégré aux chaînes mondiales de l’après-vente
Plusieurs exposants rencontrés confirment que le Maroc n’est plus un marché périphérique. Il est déjà alimenté, structuré et suivi. Chez
Lumag, fabricant polonais spécialisé dans les systèmes de
freinage pour véhicules particuliers et utilitaires, le Maroc occupe une place stratégique.
Antoni Złotecki explique que l’entreprise a, officiellement, développé son activité dans le Royaume cette année, via un partenariat local. «Le marché marocain est en croissance. La demande porte sur des produits fiables, sûrs, avec un bon rapport qualité-prix», souligne-t-il. Lumag observe également une montée en gamme progressive du parc roulant, avec davantage de
SUV et de véhicules plus puissants, nécessitant des solutions de freinage plus performantes. Le partenariat marocain est qualifié de «solide» et pensé pour durer.
Même logique chez
Meyle, équipementier allemand reconnu pour ses pièces de direction, de suspension, de freinage et de transmission.
Ole Schulenberg insiste sur la dynamique nord-africaine, Maroc compris. «Les clients sont présents, actifs et très attentifs à la qualité. Le potentiel est réel», affirme-t-il. Meyle mise sur une approche sélective, privilégiant des distributeurs capables d’assurer disponibilité, service après-vente et accompagnement technique. La marque renforce progressivement sa visibilité régionale, avec une attention particulière portée aux marchés capables d’absorber des produits à valeur ajoutée.
Terrepower Group (FEB) adopte une lecture pragmatique du marché marocain.
Alejandro Altisent rappelle que la demande suit naturellement l’évolution du parc automobile. «Tant qu’il y a des voitures, il y a un besoin constant de pièces», explique-t-il. Suspension, freinage et pièces moteur figurent parmi les segments les plus dynamiques. Le Maroc est perçu comme un marché de continuité, où la régularité de la demande justifie une présence durable via des partenaires locaux.
Qualité, garantie et traçabilité : des standards en hausse
Automechanika Dubaï 2025 confirme une évolution nette des attentes. Le prix seul ne suffit plus. Les acteurs qui réussissent sont ceux capables de prouver la qualité de leurs produits.
Chez
ASPL, fabricant polonais d’alternateurs et de démarreurs, la démarche est claire.
Łukasz Witek insiste sur le contrôle systématique de chaque pièce avant expédition. «Chaque produit est testé, et le résultat accompagne la pièce. Le client sait exactement ce qu’il achète», explique-t-il. ASPL se distingue également par une garantie de 24 mois sans limitation de kilométrage, rare sur le marché. L’entreprise anticipe l’évolution du parc marocain avec le lancement d’un alterno-démarreur 48 volts destiné aux véhicules mild hybrid du groupe
Volkswagen, une technologie appelée à se démocratiser progressivement.
Dans le secteur des
lubrifiants,
Basinol adopte une approche similaire, axée sur la constance et la transparence.
Andreas Badenjki détaille une production entièrement intégrée en
Allemagne, avec des huiles de base vierges, des additifs de premier plan et des homologations constructeurs. Surtout, Basinol vient de signer un accord de distribution au Maroc, étape clé dans sa stratégie régionale. «Le partenaire marocain est très actif. Le travail de fond est en place. Le développement d’une marque prend du temps, mais les bases sont solides», explique-t-il. Conscient de la forte concurrence et des contraintes de paiement locales, Basinol privilégie une montée en puissance progressive, axée sur la crédibilité et la durabilité.
Un marché marocain qui attire aussi les futurs entrants
Au-delà des marques déjà présentes, plusieurs acteurs rencontrés à
Dubaï affichent clairement leur intention d’entrer sur le marché marocain.
Autotuner, spécialiste européen des outils de reprogrammation électronique, observe avec attention le
Maghreb.
Benjamin Dubois explique que l’entreprise, déjà active en
Algérie, recherche des partenaires fiables au Maroc. «Le marché évolue vite. Les ateliers veulent suivre la complexité croissante des calculateurs moteurs et des boîtes de vitesses», souligne-t-il. Autotuner mise sur des mises à jour hebdomadaires, une large compatibilité et l’absence d’abonnement annuel, un argument fort pour des professionnels sensibles aux coûts récurrents.
Dans un registre plus disruptif,
Peripheral suscite la curiosité. Son fondateur,
Aymar de La Mettrie, présente une technologie de perception augmentée basée sur la vision périphérique. «Il ne s’agit pas de rajouter des écrans, mais de parler au cerveau automatique», explique-t-il. Si le produit vise d’abord les forces d’intervention, les conducteurs sous stress et les usages professionnels, son potentiel automobile interpelle. Des discussions exploratoires ont lieu avec plusieurs marchés, dont ceux où la sécurité routière et la prévention des accidents deviennent prioritaires.
Distribution, stock et rapidité : des enjeux clés pour le Royaume
Un autre enseignement majeur du salon concerne les modèles de distribution. La rapidité de livraison et la disponibilité immédiate deviennent des facteurs décisifs.
ASPL a ouvert plusieurs entrepôts régionaux pour livrer certains marchés le jour même.
Meyle poursuit une stratégie de localisation accrue. Tous convergent vers la même logique : réduire l’immobilisation des véhicules.
Cette approche est poussée à l’extrême par
Samdo, entreprise basée à Dubaï et dirigée par
Abdessamad Djebline. Spécialisée dans les pièces de marques chinoises, Samdo revendique plus de 12.000 références en stock, une vente multicanale et une livraison le jour même. «Une simple vidéo sur les réseaux sociaux peut générer plus d’un millier de commandes en quelques heures», explique-t-il. Si ce modèle n’est pas encore totalement transposable au
Maroc, il illustre une tendance lourde : digitalisation, volume, réactivité.
Le Maroc, un marché qui compte dans les équations internationales
À l’issue des échanges, une conviction s’impose. Le Maroc n’est plus un marché marginal que l’on observe de loin. Il est intégré aux stratégies, aux plans de développement et aux réflexions à moyen terme des acteurs internationaux de l’après-vente automobile. Sa position géographique, la taille de son parc roulant, la structuration progressive de ses réseaux de distribution et l’exigence croissante des professionnels en font un marché crédible et attractif.
L’intérêt manifesté par des marques déjà implantées, conjugué aux projets d’entrée de nouveaux acteurs, traduit un mouvement de fond. Le Royaume n’est pas seulement un débouché. Il devient un terrain de construction commerciale, où se joue une partie de l’avenir régional de l’aftermarket.
Automechanika Dubaï 2025, une édition record
Automechanika Dubaï 2025 a battu tous ses records, avec plus de 2.300 exposants issus de 63 pays et plus de 50.000 visiteurs attendus. Le salon a réuni plus de 180 intervenants sur quatre scènes, marquant une hausse de près de 70 % du programme de conférences. Plateforme clé pour le
Moyen-Orient et l’
Afrique,
Automechanika Dubaï revendique une audience mondiale, avec des visiteurs de plus de 150 pays, et prépare son déménagement vers le
Dubai Exhibition Centre à
Expo City dès la prochaine édition.