Fidèle à l’esprit du
FICAK, qui valorise autant la création que la transmission,
Abdelkrim Ouakrim a souligné l’importance des moments consacrés aux
publications cinématographiques, affirmant : «Ils permettent de donner une visibilité nécessaire aux travaux critiques sur le cinéma et contribuent à construire une mémoire collective autour de la
création cinématographique marocaine. Reconnaître la réflexion théorique comme une part intégrante du paysage cinématographique est, selon moi, fondamental».
Dans cet ouvrage, le critique explore les travaux des
réalisatrices maghrébines à travers deux volets : une série de lectures analytiques de films signés par des femmes du Maroc et de la région, et des entretiens avec des
femmes cinéastes. Parmi les œuvres analysées figurent «Le Bleu du caftan» de Maryam Touzani, «La Mère de tous les mensonges» d’Asmae El Moudir, «Queens» de Yasmine Benkiran, Indigo de Selma Bargach, «Les Yeux secs» de Narjiss Nejjar...
Ouakrim explique que l’envie de consacrer un ouvrage à ces réalisatrices s’est imposée progressivement, nourrie par des années d’observation critique. Il confie avoir ressenti le besoin de documenter cette effervescence féminine qui s’est affirmée avec force sur la scène cinématographique. «Les films signés par des femmes s’imposent désormais dans les plus grands festivals internationaux, de Cannes à Berlin, en passant par Venise ou Sundance. Il était temps de rendre compte de cette dynamique remarquable», affirme-t-il.
Cette émergence est d’autant plus significative qu’elle s’est construite dans un espace historiquement dominé par les hommes. Jusqu’à la fin des années 1990, le cinéma marocain comptait très peu de réalisatrices. Farida Bourquia fut l’une des premières, avec son film «Al Jamra», avant de poursuivre sa carrière dans la télévision. Farida Belyazid, d’abord connue comme scénariste aux côtés de Jilali Ferhati ou Mohamed Abderrahmane Tazi, réalisa son premier long métrage «Une porte sur le ciel» à la fin des années 1980, suivi dix ans plus tard de «Kid Nssa». D’autres tentatives, comme celle de Fatima Jebli Ouazzani avec «Dans la maison de mon père» en 1997, restent des expériences isolées qui ne se sont pas renouvelées.
C’est véritablement à partir des années 2000 qu’un tournant décisif s’amorce avec l’arrivée de jeunes cinéastes aux voix singulières, porteuses de récits novateurs et d’univers esthétiques affirmés. Le livre, structuré en deux parties – lectures critiques et entretiens –, propose ainsi un double éclairage, analytique et introspectif, sur cette génération émergente.
«Il ne s’agit pas seulement de dresser un inventaire, mais de créer une mémoire critique partagée, pour que ces œuvres ne soient plus perçues comme des exceptions isolées, mais comme les repères d’un courant artistique cohérent et en évolution», explique Abdelkrim Ouakrim. Par ce travail de fond, il espère également encourager une relecture du rôle des femmes dans les arts visuels au Maghreb, et inscrire leur contribution dans le récit global du cinéma maghrébin.
Parce que l’avenir du cinéma commence par le regard émerveillé des enfants, le FICAK accorde une attention particulière à la jeunesse à travers une programmation pensée pour le jeune public.
Dans le cadre de cette 25ᵉ édition, qui se déroule du 21 au 28 juin 2025, des projections de films pour enfants sont organisées dans plusieurs communes de la province de Khouribga. Ces séances, à la fois pédagogiques et ludiques, visent à éveiller l’imaginaire des enfants, stimuler leur créativité et leur faire découvrir la magie du 7ᵉ art dès le plus jeune âge.
À travers cette initiative, le festival affirme sa volonté de former une génération sensible à la culture et à l’expression artistique, en intégrant pleinement l’enfance au cœur de l’action culturelle et cinématographique. Les projections se poursuivent jusqu’au 27 juin dans différents espaces, avec au programme des films tels que «Le Mystère de Waza», «Mon papi à moi», «Les Aventures de Kady & Djoudjou», «Lilya & Rayane» et «Tremors».