Nadia Ouiddar
18 Juillet 2025
À 16:12
Issus du
Maroc, de la diaspora ou de l’étranger, les artistes invités offrent un florilège de créations profondément authentiques. Entre photographie documentaire, expérimentale et poétique, ces diverses sensibilités artistiques réinventent la photographie contemporaine, en la rendant plus et mieux ancrée dans les questionnements actuels.
Aurèle Andrews Benmejdoub offre, dans la série «Stolen Memories», des impressions de souvenirs flous et insaisissables, que l’on s’efforce de conserver le plus longtemps possible – comme une obsession précieuse que l’on chérit et protège contre l’oubli.
Hakim Benchekroun superpose sur plexiglas des images d’archives et des cartographies retrouvées, donnant à comparer les lieux vides et les traces de vie qui les ont traversés. Sans un seul humain sur les photographies de «Heritage Hyper Photography», la série crie sa présence... Ou son absence.
Dans «Les gens de peu»,
Zineb Andress Arraki capture l’esthétique de la modestie. Le mode de vie frugal, étranger à toute abondance, peut receler d’une certaine élégance que la photographe tente de saisir en déplaçant l’échelle de valeurs vers l’essentiel, l’infime...
Bilal Al Harrousse explore la mémoire, le temps et le changement dans sa série «A Land Where There Still Is Butterflies». Il y retourne dans les montagnes de Taza, un lieu qu’il a habité et qui le hante. Ses tirages pigmentaires représentent les ruines et les traces d’une cité qui se transforme.
Le corps présenté dans l’espace publicitaire oscille entre superficialité et provocation. Ce que Lamia Naji fait dans sa série «Intimiste» de 1996, c’est de faire dire au corps ce qu’il a de plus intime, dans des postures et des mises en scène qui tranchent avec le vulgaire et le banal.
Nezar El Hjiri nous montre des images de Chastreix, une station de ski du Massif Central, victime du réchauffement climatique. Dans ces prises, le blanc de la neige, qui s’invite dans le lieu, documente le silence d’un changement en marche, une mutation qui gronde en silence.
Fidèle au travail artistique qu’on lui connaît, Houda Kabbaj explore la photo avec le même procédé de recherche autour de la nature et le vivant. Les éléments pris sur médium argentique débordent de subtilité.
Amine Houari explore le périurbain dans sa série en noir et blanc, «Territoires». Il s’attarde sur les formes intrigantes et les paysages surréalistes, pour sonder la société et l’évolution de ses modes de vie.
L’exode rural, le village natal, les photos de famille, des cultures de cannabis à Ketama : à travers ces fragments, la série d’
Iman Zaoin documente la mémoire de celles et ceux que l’histoire officielle laisse dans l’ombre – des existences marginales, mais riches, porteuses d’univers infinis.
Celine Croze est éprise de Tanger. Car on ne peut ainsi capturer l’âme d’une ville sans en être énamouré. Dans «Tingis Almaleun», les lieux se découvrent une photogénie nouvelle, loin des standards de la beauté plastique que l’on tend à afficher. Les visages marqués par la vie affichent une résilience qui négocie avec l’impossibilité au jour le jour.
Et pour ne rien gâcher à cette belle brochette, l’hôte de l’exposition s’exprime avec la touche de beauté et d’ironie qu’on lui connaît. Dans sa «Navette pour la lune»,
Khalil Nemmaoui se plaît à mettre en scène une vieille R12 dans des paysages naturels dignes d’opus SF. Les images transportent, si ce n’est dans la lune, du moins dans un ailleurs décalé.