Culture

«Autisto» : un regard sensible et humain sur l’autisme signé Jérôme Cohen-Olivar

Le dernier long métrage de Jérôme Cohen-Olivar, «Autisto», présenté à la 25e édition du Festival national du film de Tanger, offre une plongée émouvante dans le quotidien d’Adam (Youssef Bouguerra Ezzina), un jeune garçon autiste, et de sa mère Malika. À travers ce portrait intime, le réalisateur explore les défis liés à l’autisme tout en mettant en lumière les tensions et fragilités humaines qui l’accompagnent.

22 Octobre 2025 À 10:33

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Malika, interprétée avec intensité par Loubna Abidar, jongle entre son rôle de mère et son emploi de serveuse dans un bar. Le critique de cinéma Abdelkrim Ouakrim souligne que «son interprétation, à la fois spontanée et profondément humaine, nous permet de comprendre ses humeurs et de pardonner ses erreurs et son comportement avec son enfant et envers les autres». La mère doit faire face aux sautes d’humeur d’Adam et aux avances insistantes de son patron, qu’elle repousse avec fermeté. Elle incarne une femme dépassée par le poids du quotidien, aspirant à une vie personnelle simple malgré les contraintes imposées par la situation de son enfant. Le film met également en lumière le rôle de Mahmoud, un ancien gardien de cimetière interprété par Ismail Abou-El-Kanater. Marqué par un drame familial et une culpabilité persistante, Mahmoud trouve dans sa rencontre avec Adam un moyen de rédemption.



Abdelkrim Ouakrim note : «Il tisse avec l’enfant une relation qui dépasse le tangible pour atteindre une communication purement spirituelle». Cette dimension spirituelle illustre la manière dont l’autisme peut créer un lien silencieux, mais profond entre ceux qui savent écouter. Jérôme Cohen-Olivar, après Kandisha et Orchestre de minuit, confirme avec «Autisto» sa capacité à créer des personnages authentiques et touchants. Selon Abdelkrim Ouakrim, «le réalisateur tisse son récit autour de personnages de chair et de sang, dont on suit les souffrances et les difficultés tout au long du film».

Malgré ces réussites, le film n’est pas exempt de quelques longueurs et passages moins maîtrisés, notamment lors du saut temporel qui intervient dans le dernier tiers du récit, perturbant légèrement le rythme dramatique. Les seconds rôles, à l’instar de Sandia Tajeddine dans le rôle de l’amie de Malika, apportent profondeur et crédibilité au récit. Comme le note Abdelkrim Ouakrim, le film «contient des moments de joie et d’empathie, et même d’espoir», offrant ainsi un regard nuancé sur l’autisme et ses impacts sur l’entourage proche. «Autisto» se révèle donc une œuvre émouvante et exigeante, capable de revisiter les clichés liés à l’autisme tout en donnant au spectateur une expérience profondément humaine, sensible et, parfois, spirituelle. Un film qui mêle dureté et beauté, souffrance et tendresse, et qui marque une étape importante dans la filmographie de Jérôme Cohen-Olivar.
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