Le Matin : Vous avez lancé récemment «Ana Fnit,» une chanson pleine de rêve et de poésie. Comment s'est fait le choix de ce morceau ?
Nabyla Maan : C'était le fruit d'une discussion lors d'une retraite en pleine nature dans la région de Khémisset. L'idée a mûri au fil du temps, conduisant à l'écriture du texte et à la composition musicale.
Quels sont les rythmes qu'on retrouve dans «Ana Fnit» ?Il s'agit principalement d'un rythme gnaoui lent, caractéristique du répertoire de ce style, avec de subtiles variations dans les sonorités.
Êtes-vous satisfaite de l’écho du public ?Je suis très satisfaite, surtout en lisant les commentaires sur YouTube et les réseaux sociaux. Cela démontre que, loin des musiques mainstream, une musique acoustique, à rythme lent et aux paroles profondes, peut toucher des centaines de milliers de mélomanes.
C'est important pour vous de chanter une femme qui clame son amour ?Absolument. L'amour est un thème éternel omniprésent dans l'art. «Ana Fnit» met en scène une femme qui clame l'amour, une approche peu habituelle dans notre tradition littéraire, exprimant ainsi un sentiment pur et noble.
Dans le texte présentant «Ana Fnit», on lit que cette chanson marque un nouveau chapitre dans votre parcours artistique et personnel. Qu'est-ce ce que cela veut dire ?Après mon dernier album «Dalalû Al-Andalus», qui revisite des chefs-d'œuvre des musiques traditionnelles marocaines, «Ana Fnit» représente une rupture dans la continuité. C'est une expression originale inspirée par notre tradition musicale.
Qu'est-ce qui caractérise le partenariat artistique avec Tarik Hilal ?C'est un partenariat unique, allant au-delà de l'aspect artistique, car c'est aussi mon conjoint. Notre histoire musicale est le résultat d'une réflexion profonde évoluant au fil de notre vécu musical et personnel, avec pour but de créer une musique qui nous ressemble.
Comment est le travail avec Ismaïl Zahri ?Ismaïl a le talent de traduire l'émotion en image, créant un parallèle entre errer dans l'âme et le personnage cherchant des mots dans le désert, comme illustré dans le clip de «Ana Fnit».
Nabyla Maan est connue par sa touche de modernité apportée au patrimoine musical marocain. Est-ce que c'est la nostalgie qui vous guide ?Je suis le produit de mon passé et de mon vécu. La nostalgie du patrimoine musical marocain, riche en beauté et en raffinement, est toujours présente en moi.
À votre avis, est-ce qu'une approche moderniste permet l'internationalisation des musiques marocaines anciennes ?Les approches conservatrice et moderniste sont nécessaires pour faire vivre un art traditionnel. Les deux approches sont nécessaires. Une approche conservatrice préserve l'art, tandis qu'une approche moderniste donne un nouveau souffle. Les deux contribuent à la richesse de la scène musicale.
Quelles sont vos reprises préférées ?Chaque œuvre a sa propre histoire et sa valeur inestimable, pour moi.
Quel est le style qui vous représente le mieux ?J'aime les musiques authentiques qui, tout en provenant d'arts ancestraux, explorent de nouvelles cultures et inspirations.
Quel est votre thème de prédilection ?L'amour, l'âme et le retour à soi.
Selon vous, un artiste devrait garder la touche qui le distingue ou plutôt s'adapter à ce qui plaît à un large public ?Chaque artiste devrait avoir sa propre signature, offrant une richesse à la scène musicale.
Est-ce que la musique vous console de ce qui se passe dans le monde actuellement ?La musique est un baume qui maintient mon équilibre, portant un message noble qui, je l'espère, réunira un jour l'humanité dans une vraie coexistence.
Avez-vous d'autres projets en cours ?Je finalise actuellement mon prochain album qui verra le jour en 2024.