Culture

Festival du théâtre arabe 2026 : le Maroc en force au Caire avec deux œuvres en compétition

Du 10 au 16 janvier 2026, Le Caire accueille la 16e édition du Festival du théâtre arabe. Sélectionné parmi plus de 150 propositions venues du monde arabe, le Maroc s’y distingue avec deux créations en compétition officielle, affirmant la vitalité de sa scène théâtrale et sa capacité à interroger les grandes fractures contemporaines.

31 Décembre 2025 À 15:12

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Le Caire s’apprête à devenir, du 10 au 16 janvier 2026, le carrefour des grandes écritures scéniques arabes à l’occasion de la 16eédition du Festival du théâtre arabe. Organisé par l’Instance arabe du théâtre en partenariat avec le ministère égyptien de la Culture, l’événement réunit cette année une sélection particulièrement exigeante, issue de pas moins de 150 propositions venues de l’ensemble du monde arabe dont 116 pour le prestigieux Prix du Cheikh Dr Sultan bin Mohammed Al Qasimi.

Parmi les quinze spectacles retenus pour le premier et seul parcours compétitif du festival, le Maroc s’impose comme l’un des pays les plus remarqués, avec deux productions en compétition officielle, confirmant la vitalité et la diversité de sa scène théâtrale contemporaine.

Deux regards marocains sur les fractures du monde contemporain

La première œuvre marocaine sélectionnée, « Windows F » écrite et mise en scène par Ahmed Amine Sahal pour la troupe Art Friends, explore les dérives de la technologie et les multiples formes d’enfermement qu’elle engendre. Elle fait aussi référence à «Fenêtre de la femme».

Pour relier les deux mondes, Sahal suit le destin de trois femmes piégées dans un double enfermement, à la fois carcéral, social et virtuel. Fidèle à la défense des droits des femmes, il interroge la violence qui leurs est faite, les illusions de l’émancipation numérique et la porosité entre réel et fiction. La pièce se déroule dans un établissement carcéral géré par l’intelligence artificielle, explorant les relations entre technologie, humanité et droit.

Aux côtés de Windows F, «Citoyen économique», écrite par Ahmed Sebia et mise en scène par Mahmoud Shahidi pour l’atelier Al-Faddan, propose une expérience artistique complète, alliant puissance du jeu scénique et portée citoyenne. La pièce, portée par plusieurs acteurs marocains dont Jalila Tlemsi, plonge le spectateur dans les réalités des processus électoraux et souligne l’importance de l’engagement et de la responsabilité des citoyens. Par son approche dramatique captivante, le spectacle interroge le public sur les dynamiques du pouvoir, les relations entre individus et institutions, et les enjeux sociaux contemporains, tout en offrant une dimension émotionnelle forte et une réflexion sur le rôle de l’art et du théâtre dans la société.

La double participation marocaine à cette édition n’a rien d’anecdotique. Elle témoigne d’une maturité artistique et d’une capacité à dialoguer avec les grandes questions contemporaines, tout en conservant une identité propre. Dans un contexte de forte concurrence, cette reconnaissance consacre le théâtre marocain comme un acteur incontournable de la scène arabe.

Une compétition marquée par la pluralité des écritures arabes

Ces deux propositions marocaines s’inscrivent dans une sélection qui traverse les grandes tendances du théâtre arabe actuel, de l’intime au politique, du poétique au frontal. Quinze spectacles concourent pour le Prix du Cheikh Dr Sultan bin Mohammed Al Qasimi, distinction phare du festival, attribuée à des œuvres qui interrogent l’humain face à la guerre, à la mémoire, à la violence ou à l’absurdité de l’existence.

La sélection réunit également des créations venues de Tunisie, d’Irak, d’Égypte, de Jordanie, du Koweït, du Qatar, des Émirats arabes unis, du Liban et d’Algérie, reflétant la richesse des esthétiques et des préoccupations qui traversent aujourd’hui le théâtre arabe.

Outre la compétition principale, le parcours parallèle du festival propose une seule œuvre retenue parmi 34 propositions : il s’agit de l’adaptation théâtrale du roman Crime et Châtiment, présentée par le Syndicat des professions dramatiques d’Égypte et mise en scène par Mahmoud Al-Husseini. Cette production plonge le spectateur au cœur de l’œuvre classique de Dostoïevski, explorant avec intensité les dilemmes moraux, la culpabilité et les conflits intérieurs des personnages, tout en offrant une lecture contemporaine de ses thèmes universels.
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