Hay Mohammadi, théâtre d’une mémoire vivante : hommage à Ahmed Kars et célébration d’un art en perpétuelle renaissance
Dans un quartier chargé d’histoire, Hay Mohammadi, longtemps berceau des luttes sociales et creuset d’expression libre, le théâtre s’érige, cette semaine, en langage de la mémoire autant qu’en promesse de renouveau. À travers une programmation dense, éclectique et ambitieusement pensée, le Festival national du théâtre y déploie ses fastes, du 13 au 20 mai, investissant le Complexe culturel et la Bibliothèque municipale dans un élan de célébration du verbe dramatique sous toutes ses formes.
Ayda Benyahia
16 Mai 2025
À 13:00
Your browser doesn't support HTML5 audio
Il est des lieux où le théâtre ne se contente pas d’exister : il palpite, il résonne, il témoigne. Hay Mohammadi, tel un terroir chargé d’histoire sociale et artistique, s’est voulu, une fois encore, un lieu d’exception où la mémoire des hommes se conjugue au présent de la création. Organisé par l’arrondissement de Hay Mohammadi en partenariat avec le Syndicat des professionnels marocains du théâtre, du cinéma et de la télévision, l’événement s’inscrit dans le cadre de la célébration nationale dédiée à l’art dramatique, sur le thème «À Hay Mohammadi, nous honorons la fidélité et rallumons la flamme du théâtre».
Un hommage mémoriel porté par la solennité et l’émotion collective
Consacrer cette édition à la mémoire de feu Ahmed Kars relève d’un geste profondément signifiant, inscrit dans une volonté de réaffirmer la valeur tutélaire d’un homme dont le parcours artistique aura marqué, avec rigueur et discrétion, les fondements du théâtre marocain.
La cérémonie d’ouverture a donné à voir un documentaire mêlant archives et témoignages, où chaque image semblait suspendre le temps, avant de se conclure, toute de retenue et d’émotion, en présence de figures de la scène nationale venues affirmer la continuité d’un héritage qui dépasse la disparition pour s’inscrire dans la permanence d’un idéal artistique partagé.
Une scène en mouvement entre héritage dramatique et écritures contemporaines
Lors de la deuxième journée du Festival, l’allocution du directeur, Abdellah Bayid, a réaffirmé la vocation fondatrice de la manifestation : articuler la mémoire théâtrale marocaine aux voix montantes qui en assurent la continuité. Dans cet esprit, la représentation de «Atay al-Azara» de Abdelmajid Saâdallah a constitué un temps fort de cette édition. Puisant dans le patrimoine oral, la pièce revisite la légende de Chaïb El-Reddad et Aïcha El-Bahriya.
Dans cette alchimie subtile entre fidélité aux racines et ouverture aux langages neufs, le Festival national du théâtre de Hay Mohammadi ne se contente pas d’occuper une place sur la carte culturelle du Royaume : il se projette pour en redessiner les contours avec exigence et discernement, affirmant que la culture n’est ni un luxe ni un ornement, mais une nécessité vitale, un souffle commun qui unit, qui élève, qui libère.
À l’heure où l’on pourrait redouter le repli ou l’inertie, Hay Mohammadi rappelle qu’il demeure, aujourd’hui encore, un espace d’avant-garde, où l’on pense, où l’on ressent, où l’on crée. n