Nadia Ouiddar
14 Décembre 2025
À 17:57
La troisième édition du Forum marocain des Industries culturelles et créatives (FOMICC 2025), qui s'est tenue du 11 au 14 décembre à l’Institut national supérieur de musique et des arts chorégraphiques (INSMAC), a mis en lumière les enjeux de structuration et de promotion du secteur des ICC au Maroc et à l’échelle africaine. Placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le forum constitue un espace privilégié pour les échanges, la mise en relation et le développement de projets innovants.
Art contemporain : un marché à consolider
Lors d'une rencontre autour de l'art contemporain, les intervenants ont souligné les fragilités du marché marocain : infrastructures insuffisantes, circulation des œuvres entravée, coûts élevés et cadres réglementaires encore peu adaptés. Hicham Daoudi, fondateur et CEO d’Art Holding Morocco, a insisté sur la richesse et la diversité des artistes marocains : «Tous ces artistes nous offrent un panorama du Maroc contemporain, avec une expression culturelle spécifique».
Pour sa part, Meryem Sebti, directrice de publication de «Dyptik Magazine», a rappelé l’importance d’assurer la visibilité des artistes et des thématiques qu’ils explorent. Elle a expliqué que les programmes permettant aux créateurs de se positionner sur le marché restent complexes, car ces talents sont souvent peu présents ailleurs et nécessitent un accompagnement pour franchir les premières étapes de l’insertion professionnelle.
Diversification et durabilité
Les experts ont également mis en avant que la diversification des activités et des sources de revenus constitue un facteur clé de durabilité pour le secteur culturel. En multipliant les filières – art contemporain, cinéma, design, arts numériques, mode – et en développant des partenariats locaux et internationaux, les initiatives gagnent en résilience et en stabilité économique. Cette approche permet également de sécuriser les projets face aux fluctuations du marché et aux contraintes financières ou logistiques.
Vers une coopération africaine
Le forum a également insisté sur la nécessité de renforcer la coopération africaine pour l’export des ICC. Les participants ont souligné l’importance de connecter les acteurs du continent, de développer des stratégies nationales et continentales, et de structurer des marchés pour faciliter la circulation des œuvres et des entrepreneurs. La mise en valeur du savoir-faire, du storytelling et du packaging des créations africaines, ainsi que la création éventuelle de labels unifiés, sont perçues comme des leviers essentiels pour se démarquer sur la scène internationale.
Les intervenants ont également rappelé que l’accompagnement des entrepreneurs culturels et le financement des projets sont cruciaux pour soutenir l’export et que la libre circulation des biens et des personnes en Afrique reste un facteur déterminant pour dynamiser le secteur.
Cinéma et arts numériques : le désir prime
Dans le domaine du cinéma et des arts numériques, les experts ont insisté sur le fait que le désir de créer prime les logiques industrielles. L’innovation et la passion artistique sont considérées comme les moteurs essentiels du développement culturel, avant même la dimension commerciale.
Le FOMICC 2025 a proposé des parcours thématiques sur le financement, l’export, la coopération africaine, le sport et la culture, ainsi que les arts numériques et le jeu vidéo. Cet événement confirme son rôle de plateforme stratégique pour faciliter la collaboration, valoriser le potentiel marocain et africain et renforcer la présence des ICC sur la scène internationale.
Les industries culturelles et créatives, un moteur économique encore sous-exploité
Souvent perçues avant tout comme un levier symbolique ou artistique, les industries culturelles et créatives (ICC) représentent pourtant un secteur économique à part entière. En 2022, leur contribution au produit intérieur brut marocain est estimée à environ 2,4%, répartie entre plusieurs filières aux dynamiques contrastées, un niveau comparable à celui de secteurs à forte intensité capitalistique, tels que l’industrie extractive ou le transport et la logistique. Cette réalité économique souligne l’importance de leur structuration, de leur visibilité et de leur reconnaissance dans les stratégies de développement.
• Patrimoine, tourisme culturel, architecture et gastronomie : 0,7%.
• Arts créatifs et artisanat : 0,4%.
• Événements, festivals et arts de la scène : 0,4%.
• Publicité et marketing : 0,3%.
• Industrie musicale : 0,3%.
• Audiovisuel, cinéma et multimédia : 0,2%.
• Livre, presse et édition : 0,1%.
• Mode et design : près de 0%.