Nadia Ouiddar
21 Décembre 2025
À 12:27
La
troupe Al Fane Al Assil pour le cinéma et le théâtre présentera sa pièce «
Kounnach Al-Hachma», le jeudi 25 décembre courant à 19 h 30, au
théâtre Bahnini à Rabat. Ce spectacle s’inscrit dans le cadre du programme de soutien aux projets culturels et artistiques 2025, mis en œuvre par le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication – Département de la Culture, dans l’objectif de dynamiser la création théâtrale nationale et d’enrichir la saison culturelle.
Portée par une écriture scénique qui conjugue héritage immatériel et imaginaire symbolique, la pièce explore une série de questions humaines et sociétales liées à la vie et à la mort, aux relations familiales, au sacrifice, à la liberté et à l’égalité, avec un accent particulier sur la condition féminine. L’œuvre propose également une lecture psychologique des personnages, révélant les tensions intimes et les blessures enfouies au sein de la cellule familiale et du groupe social.
Synopsis de l’intrigue
La pièce raconte le parcours de Bachar Al-Kheir, confronté à un cheik de tribu nomade qui enferme sa fille dans la «coupole de la honte» et ignore son existence. Face à cette injustice, Bachar Al-Kheir s’engage dans un combat pour faire reconnaître la valeur de cette femme en tant qu’être libre et humain. À travers ce conflit, la pièce explore la résistance face aux traditions oppressives, le poids des mentalités enracinées et la nécessité de préserver la dignité et les droits des individus. Cette légende nomade devient ainsi un vecteur pour réfléchir à la liberté, à l’égalité et à la mémoire collective des communautés.Inspirée d’une légende issue de la culture nomade, la pièce s’appuie sur le patrimoine oral et la mémoire collective pour raconter ce conflit symbolique et humain. Son objectif est de transmettre aux nouvelles générations les valeurs de tolérance, de solidarité et de respect de la dignité humaine. Le spectacle se distingue par une approche esthétique où la fantaisie dialogue avec le symbolisme, donnant naissance à un univers théâtral à la fois poétique et engagé.
Une distribution et une équipe artistique remarquables
La distribution réunit Mustapha Ahnini, Bouchaïb Lamrani, Saïd Mezouar, Raja Bouhami et El Hussein Aghbalo, qui incarnent avec intensité les conflits et les émotions portés par le texte. Les paroles des chansons et le texte théâtral sont signés Abdelmajid Saadallah, tandis que la dramaturgie et la mise en scène sont assurées par Sami Saadallah, assisté d’Ayoub Benhabach.
La scénographie et les costumes, conçus par Yassine Zaoui, traduisent l’univers nomade dans une vision contemporaine, soutenue par un travail sur l’espace et la lumière. La création musicale, signée Toufik Belkhodr et Rachid Bydar, accompagne le récit avec une dimension sensible et immersive, renforçant la charge émotionnelle du spectacle.
Une dimension symbolique et psychologique affirmée
Au-delà de sa narration dramaturgique, «Kounnach Al-Hachma» se distingue par un travail approfondi sur le langage symbolique, où chaque élément scénique participe à la construction du sens. L’espace théâtral, volontairement épuré, devient un lieu mental autant qu’un lieu physique, traduisant les tensions intérieures des personnages et les non-dits qui traversent leurs relations. La scénographie, pensée comme un prolongement du récit, transforme la scène en un territoire mouvant, oscillant entre enfermement et quête de libération.
L’éclairage joue un rôle central dans cette dynamique, sculptant les corps et les silences, et accompagnant les basculements émotionnels du texte. Les variations lumineuses rythment les états psychologiques des personnages, accentuant tantôt la violence symbolique de la honte, tantôt l’espoir fragile d’une réconciliation possible avec soi-même et avec l’autre.
Une écriture au croisement du social et de l’intime
La force de la pièce réside également dans son écriture, qui conjugue le collectif et l’intime. À travers des situations ancrées dans un imaginaire nomade et tribal, le texte interroge des problématiques universelles, telles que l’autorité patriarcale, la transmission des peurs, le poids des traditions et la difficulté à rompre avec des schémas hérités. La figure féminine, au cœur du conflit dramatique, n’est pas seulement victime d’un système oppressif, mais devient aussi porteuse d’une parole de résistance et de transformation. Cette approche permet à la pièce de dépasser le simple constat social pour proposer une réflexion plus profonde sur les mécanismes de domination symbolique et sur la possibilité d’un dépassement par la conscience, la parole et l’acte artistique.