Culture

La «Matria» : un pont de poésie féminine, entre le Maroc et l’Espagne

À Riad Sultan, le lancement officiel de l’Anthologie de poésie féminine marocaine et espagnole a été organisé récemment avec le soutien de l’Institut Cervantès et la présence d’institutions espagnoles et marocaines.

24 Juin 2025 À 17:30

À l’initiative de ce projet phare, une collaboration est née, il y a plus d’un an, entre la Fondation Baleària et l’Association d’amitié andalouse-marocaine – Forum Ibn Rushd (AAAM). L’objectif en était d’offrir gracieusement des recueils de poésie féminine contemporaine espagnole et marocaine, illustrés par des artistes des deux pays, aux passagers des navires Baleària reliant l’Espagne au Maroc. Quoi de mieux qu’un pont de poésie pour rapprocher les uns et les autres et mettre en valeur les créations littéraires de poètes éminents des deux rives ? L’œuvre a également été distribuée aux élèves des onze écoles espagnoles du Maroc, grâce à la collaboration du ministère de l’Éducation et de l’ambassade d’Espagne au Maroc.

«Matria» a été dévoilée en présence de Ricard Pérez, président de la Fondation Baleària, José Sarria, président de l’Association d’amitié andalouse-marocaine – Forum Ibn Rushd (AAAM), et Juan Vicente Piqueras, directeur de l’Institut Cervantès de Tanger, ainsi que de plusieurs personnalités marocaines et espagnoles, issues du monde diplomatique, universitaire et culturel.

16 poétesses, 14 plasticiennes

Dans cet ouvrage artistique, 16 poétesses marocaines et espagnoles ont laissé libre cours à leur verve, quand 14 artistes-plasticiennes ont bien accepté de prêter leurs peintures pour magnifier cette édition. Pour préserver la langue originale de chaque autrice, son texte est accompagné d’une traduction en espagnol (pour les poètes écrivant en arabe, amazigh, darija ou français) ou en arabe (pour les poètes espagnols écrivant en espagnol, catalan, galicien ou basque). Le travail de traduction a été scrupuleusement mené par la professeure Salma Moutaouakkil de l’Université de Marrakech.

La clôture de l’évènement s’est faite en beauté, avec une lecture de poésie par les écrivains Raquel Lanseros, Angels Gregori, Fadma Farrás et Dalila Fakhri, ainsi qu’une performance musicale de Sheila Blanco.

Le lien par la culture

Pour José Sarria, de l’Association d’amitié andalouse-marocaine – Forum Ibn Rushd, la présentation de Matria à Tanger est bien plus qu’un événement culturel : «Elle a été une démonstration tangible que les utopies peuvent devenir réalité lorsque l’engagement, la sensibilité et la coopération vont de pair». En effet, c’est dans l’ADN de cette ONG, née de la société civile du Maroc et de l’Andalousie, que de promouvoir les voies du dialogue, en dehors des circonstances politiques ou les rapports entre les gouvernements. Valoriser le patrimoine commun et échanger les richesses artistiques, littéraires et scientifiques pour préserver la paix et l’amitié, sont des aspirations partagées de part et d’autre de la méditerranée.

Quant à la Fondation Baleària, le pouvoir transformateur de la culture ne fait plus de doute. Le directeur de la Fondation de la compagnie maritime espagnole, Ricard Pérez, a expliqué que l’anthologie est un outil de dialogue, de compréhension et de cohésion entre les peuples. «Avec Matria, nous mettons non seulement en lumière la poésie écrite par des femmes des deux côtés de la Méditerranée, mais nous construisons également, à bord de nos navires, un véritable pont unissant des sensibilités, des langues et des perspectives diverses», a conclu Pérez.
Copyright Groupe le Matin © 2025