Culture

L'acteur marocain Mohamed Razine n’est plus

Pionnier du théâtre et du cinéma marocains, Mohamed Razine a tiré sa révérence ce jeudi à l’âge de 79 ans. Acteur aux multiples visages, il a marqué des générations par son talent sincère, sa voix singulière et sa capacité à habiter chaque rôle avec profondeur et humanité.

23 Octobre 2025 À 14:51

Your browser doesn't support HTML5 audio

Le monde du théâtre et du cinéma marocains est en deuil. L’un de ses piliers, Mohamed Razine, s’est éteint ce jeudi 23 octobre à l’âge de 79 ans, selon sa famille. Avec lui disparaît une figure emblématique de la scène nationale, un artiste dont la carrière a traversé les époques sans jamais perdre de sa force ni de sa vérité.



Né à une époque où le théâtre marocain jetait à peine ses premières bases modernes, Razine a fait de la scène sa seconde maison. Il s’y est forgé un nom, au fil de représentations marquées par une justesse rare et une présence scénique magnétique. Sa participation à des troupes majeures, telles que le Théâtre National Mohammed V ou Le Petit Masque, témoigne de son engagement total pour cet art qu’il considérait comme une mission avant d’être un métier.

Mais c’est au cinéma que Mohamed Razine s’est révélé à un public plus large. Il fut l’un des premiers acteurs marocains à s’aventurer dans le septième art naissant, marquant une génération par son rôle dans « Le Hérisson » (El Qonfoudi) de Nabil Lahlou en 1978, puis dans « Le Mirage » (As-Sarab) d’Ahmed El Bouanani en 1979. Ces œuvres fondatrices, empreintes de poésie et de réalisme, ont ouvert la voie à une nouvelle ère du cinéma marocain, où l’acteur devenait le véritable vecteur de sens et d’émotion.

Tout au long de sa carrière, Razine a su se renouveler, passant avec aisance des rôles comiques aux personnages les plus tourmentés. Derrière son regard grave se cachait une grande sensibilité, celle d’un homme profondément habité par son art. Il répétait souvent que « le comédien n’interprète pas la vie, il la ressent » — une phrase qui résume à elle seule son rapport viscéral à la scène.

Sa carrière ne s’est pas limitée aux frontières du Royaume. Mohamed Razine a participé à une vingtaine de productions étrangères tournées au Maroc, dont le film « Mille et Une Nuits » du réalisateur français Philippe de Broca, et la série « L’Évangile », témoignant de sa reconnaissance bien au-delà des cercles artistiques nationaux.

Aujourd’hui, le rideau tombe sur une vie consacrée à l’art. Mais l’empreinte de Mohamed Razine, elle, demeure. Dans la mémoire des spectateurs, dans les planches qu’il a foulées, et dans la lumière des écrans où son visage continuera de vivre, porteur de cette émotion simple et vraie qui ne s’éteint jamais.
Copyright Groupe le Matin © 2025