Culture

Le cinéma marocain célébré au Festival national du film de Tanger

Le long métrage «les Meutes» de Kamal Lazraq a été distingué par le Grand Prix du FNF 2024, tandis que «Les Empreintes du vent» de Layla Triqui a été récompensé pour sa sensibilité artistique. Ce Festival a également mis en avant d'autres œuvres remarquables, telles que «Triple A» de Jihane El Bahhar, ce qui témoigne de la diversité et de la créativité présentes dans le paysage cinématographique national.

27 Octobre 2024 À 16:49

Le Festival national du film (FNF) de Tanger a clôturé, le 26 octobre, sa vingt-quatrième édition en dévoilant un palmarès qui témoigne de la vitalité et de l’innovation du cinéma marocain. Les distinctions, partagées entre des films explorant divers genres et thématiques, révèlent une pluralité de styles et d'approches narratives, où se mêlent expériences intimes, drames sociaux, et regards novateurs sur la société marocaine.

Le Grand Prix de cette édition a été décerné à «Les Meutes» de Kamal Lazraq, un film acclamé pour ses choix esthétiques et son regard percutant sur la réalité sociale d’une catégorie de citoyens qui survivent en acceptant des situations humiliantes. La profondeur de la mise en scène et la maîtrise de la narration ont valu à ce film plusieurs autres distinctions, dont le Prix du Jury lors de la vingtième édition du Festival international du film de Marrakech (2023), le Grand Prix de la huitième édition du Festival international du film de Bruxelles et le Prix du jury dans la catégorie «Un Certain Regard» du Festival de Cannes (2023).



Le Prix spécial du jury est quant à lui revenu au long métrage «Déserts» de Faouzi Bensaïdi, un western moderne et crépusculaire où le réalisateur oppose les valeurs, les traditions et l’humanité de l’ancien à la brutalité du nouveau. Ce film a aussi remporté le Prix de l’image attribué à Florian Berutti pour son remarquable travail.

Layla Triqui se distingue par «Empreintes du vent»

Le Prix de la première œuvre a salué le talent de Layla Triqui pour son film «Empreintes du vent», soulignant ainsi l'émergence de nouvelles voix féminines dans le paysage cinématographique national.

«Empreintes du vent» s'appuie sur des événements inspirés d’histoires réelles, mettant en scène des personnages aux identités fragmentées, abordés par Layla Triqui avec une vision cinématographique poétique, profonde et une sensibilité artistique où l'image photographique apparaît comme l'un des outils de narration.

Dans ce film, la réalisatrice traite de la question des identités complexes, en respectant le principe de la diversité et de la différence pour enrichir le mélange culturel, à travers «Sofia», une jeune photographe passionnée dont le monde bascule lorsqu'elle découvre une vérité choquante : sa mère française, qu'elle croyait décédée, est en vie et vit en France.

Poussée par le désir de retrouver ses racines, Sofia se lance dans un voyage semé de défis au cœur de l'Europe, déterminée à percer les secrets de sa famille, enveloppés de mystère.

«Triple A» triplement distingué

Le long métrage «Triple A» de Jihane El Bahhar s’affirme comme l’un des coups de cœur du FNF 2024. Son scénario signé Jihane El Bahhar et Nadia Kamali Merouazi a été récompensé pour sa capacité à mêler drame profond et expérience humaine. De son côté, Khalil Oubaqqa qui y incarne le personnage de Yasser a décroché le Prix du Meilleur rôle masculin, pour son interprétation remarquable. Khalil Oubaqqa a offert dans «Triple A» une prestation qui a su capter les dimensions humaines profondes de son personnage, ajoutant ainsi une grande crédibilité et un impact significatif au film. «Triple A» a aussi reçu le Prix du deuxième rôle féminin attribué à Majdouline Idrissi grâce à une interprétation puissante et émotive d'un personnage complexe, incarné avec une maîtrise remarquable. Le film a aussi reçu une Mention spéciale de l'Association marocaine des critiques de cinéma, qui a salué sa qualité et l'harmonie de ses éléments artistiques.

«Triple A» est un film dramatique audacieux qui allie sérieux et comédie noire, présentant une vision artistique qui explore les questions de marginalisation sociale et économique d'une manière humaine et poignante. Il raconte la vie de plusieurs personnages vivant en marge de la société, qui cherchent ardemment à surmonter leur réalité difficile et à réaliser leurs rêves, malgré les défis et obstacles qui se dressent sur leur chemin. Il dépeint trois histoires d'amour entrelacées, où les destins des protagonistes se croisent de manière inattendue, révélant la complexité des réalités sociales et économiques, tout en apportant une profondeur humaine à ces questions.

Autres distinctions

Le jury du FNF 2024, présidé par le cinéaste Mohamed Mouftakir, a octroyé le Prix de la réalisation à Mohamed Chrif Tribak pour «Journal intime», une œuvre sensible, caractérisée par une direction artistique exceptionnelle qui n’a pas laissé le public indifférent. En matière de production, Kamal Kamal a été distingué pour le film «Que d’amour». Quant au Prix du premier rôle féminin, il a été attribué à Meryem Bouazzaoui pour sa performance dans «Le Silence des violons» de Saâd Chraibi, une interprétation magistrale et nuancée qui a su captiver le jury et public du Festival.

Le Prix du deuxième rôle masculin a été décerné à Amine Ennaji pour son rôle dans «Kissat wafaa».

Le Prix du son a été remporté par Animalia, grâce à l’ingéniosité de Mariette Goudin, tandis la bande originale du film «Maroccan badass girl», composée par Walead Ben Selim, a reçu le Prix de la musique originale. Le montage de «Hôtel de la paix», signé Kawtar Tarhzaou et Mamoun Kachani, a été couronné par le Prix du montage. En long métrage documentaire, le Grand Prix a été attribué à «La mère de tous les mensonges» d'Asmae El Moudir.
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