Culture

Le FICAR 2024 : une célébration du cinéma d’auteur entre émotion et réflexion

La 29e édition du Festival international du cinéma d’auteur de Rabat a offert, en novembre, une vitrine exceptionnelle à des œuvres venues des quatre coins du globe. Entre récits poignants et sujets sociétaux complexes, les films en compétition internationale ont confirmé la vocation du Festival : explorer les méandres de l’âme humaine et questionner les normes sociales, dans toute leur diversité et leur universalité.

«The Needle» (Al Ibra) de Abdelhamid Bouchnak.

16 Novembre 2024 À 11:13

Tout au long de sa 29e édition (8 au 16 novembre), le Festival international du cinéma d’auteur de Rabat (FICAR) a proposé une sélection éclectique de films venus d’ici et d’ailleurs. Fidèle à sa tradition, il a mis à l’honneur des voix singulières, abordant des sujets aussi divers que les luttes sociales, l’introspection individuelle, ou encore les défis de notre époque.

Parmi les longs métrages présentés dans le cadre de la Compétition internationale, il y a la fiction mexicaine «Sujo». Après le meurtre d’un petit homme de main d’un cartel, son fils adoré «Sujo» de quatre ans se retrouve orphelin et en danger. Le petit garçon échappe de justesse à la mort grâce à l’aide de sa tante qui l’élève dans une campagne isolée, au milieu des difficultés, de la pauvreté et du péril constant associé à son identité. Lorsqu’il entre dans l’adolescence, une rébellion s’éveille en lui et, comme un rite de passage, il rejoint le cartel local. En tant que jeune homme, «Sujo» tente de refaire sa vie, loin de la violence de sa ville natale. Cependant, lorsque l’héritage de son père le rattrape, il se retrouve face à face avec ce qui semble être son destin.



De la Tunisie, le Festival a proposé «The Needle» (Al Ibra). Dans cette œuvre de Abdelhamid Bouchnak, un couple conservateur attend avec impatience l’arrivée de leur enfant tant attendu. Lors d’une échographie, ils découvrent que leur bébé est hermaphrodite, c’est-à-dire intersexuel. Le médecin les informe qu’ils ont trois jours pour décider du sexe de leur enfant. Les décisions du couple sont partagées alors qu’ils doivent affronter les complexités des orientations sociales, religieuses et médicales.

Le couple doit faire face aux conséquences sociales auxquelles leur enfant pourrait être confronté s’il ne se conforme pas aux normes binaires traditionnelles de genre qui prévalent dans la société tunisienne. Les inquiétudes concernant la stigmatisation et l’ostracisme potentiel pèsent lourdement sur leur esprit.

La Compétition internationale du FICAR a aussi inclus un film maroco-américain : «The Lost Princess» de Hicham Hajji. Ce troisième film du réalisateur marocain raconte l’histoire unique d’Alec Touati qui découvre sa véritable destinée lorsqu’il tombe sur un château hanté où se déroule une histoire d’amour tragique. Avec l’aide de Nassim et Hana, il se bat pour protéger l’héritage du château et accomplir son objectif ancestral. Le casting du film tourné à Ouarzazate réunit des acteurs internationaux et marocains comme Robert Kneper, Eric Roberts, Melody Casta, Gary Dourdan, Yousra Bouhmouch, Sahar El Maataoui, Mourad Zaoui et autres.

De l’Italie, le Festival a présenté «Taxi Monamour». Durant 122 min, le réalisateur Ciro De Caro nous invite à suivre Anna (Rosa Palasciano) une femme passablement déboussolée qui ne s’entend bien qu’avec son frère Angelo (Valerio Di Benedetto), lui aussi déconsidéré par leur mère et leur frère aîné. Un soir, alors qu’elle attend un bus qui ne passe pas, elle rencontre Cristi (Yeva Sai) une jeune femme ukrainienne, elle aussi sans moyen de transport pour rentrer. Deux jeunes en voiture leur proposent de les raccompagner, elles acceptent, mais refusent leurs avances. Le lendemain soir, Anna repasse volontairement en voiture à l’arrêt de bus où Cristi attend. Elle la raccompagne. Cristi, qui en réalité s’appelle Nadia, est très réservée et sur la défensive, tout le contraire d’Anna, mais entre les deux femmes naît progressivement une belle amitié, destinée à ne pas durer, car Nadia veut retourner dans son pays où sévit la guerre.

À travers ces récits diversifiés et profondément humains, le Festival international du cinéma d’auteur de Rabat continue de prouver que le cinéma, bien au-delà du divertissement, est un puissant miroir des réalités et des complexités de notre monde. En mettant en lumière des œuvres qui interrogent, émeuvent et bousculent, cette 29e édition s’affirme comme un rendez-vous incontournable pour les amoureux du septième art et les défenseurs d’un cinéma engagé.
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