Nadia Ouiddar
20 Mai 2025
À 13:50
Réalisé par
Léonard Cohen,
«Le Parfum d’Irak» donne vie aux souvenirs du journaliste franco-irakien
Feurat Alani. Une œuvre puissante, portée par une narration intime et un style visuel épuré, qui explore près de trois décennies de bouleversements politiques et personnels.
Feurat Alani a grandi à Nanterre, en banlieue parisienne, mais son cœur est irrémédiablement lié à l’
Irak, terre de ses origines.
Enfant, il y passe ses étés avec sa famille. Ces premières impressions laissent une empreinte olfactive et émotionnelle forte – notamment celle du parfum d’abricot séché, devenu pour lui le symbole d’un Irak à la fois doux et incompréhensible.
Devenu journaliste, Feurat retourne sur les terres de son enfance, cette fois dans le cadre de ses reportages. Il y découvre un pays brisé par l’embargo, puis ravagé par l’invasion américaine et l’émergence de l’État islamique.
À travers ses regards successifs – d’enfant, d’adolescent puis de reporter –, le film dessine les contours d’une mémoire fragmentée, celle d’un pays en ruines et d’un homme en quête de sens. Inspiré d’une série de tweets publiés en 2016 – plus de 10.000 messages mêlant souvenirs, récits familiaux et observations politiques –,
«Le Parfum d’Irak» a d’abord été adapté en livre, couronné par le Prix Albert Londres.
L’œuvre a, ensuite, connu une version en série animée sur Arte, avant d’être réinterprétée en film unitaire.
L’animation de Léonard Cohen insuffle une légèreté apparente, qui contraste avec la gravité du propos. Elle permet une mise à distance salutaire, sans jamais trahir l’émotion brute du témoignage.
Le récit, rythmé par la voix de Feurat lui-même, épouse les contours d’un voyage initiatique, où l’histoire d’un pays meurtri se mêle à celle d’un fils et d’un père – comme en témoigne la séquence poignante consacrée à la Fatiha, prière récitée en hommage à son père Amir.
Plus qu’un documentaire, «Le Parfum d’Irak» est un acte de mémoire, une œuvre de transmission.
Il interroge la manière dont on construit son identité entre deux cultures, et comment le journalisme peut devenir un acte de fidélité à ses racines. Une proposition forte dans le cadre du
FICAM, où l’animation prouve une fois encore qu’elle peut porter le réel avec finesse et émotion.