Nadia Ouiddar
22 Mai 2025
À 18:18
La cérémonie de clôture du
Festival international de cinéma d’animation de Meknès (FICAM) s’est déroulée dans une ambiance chaleureuse et chargée d’émotion, mercredi soir, à l’Institut français de Meknès. Devant une salle comble, professionnels, cinéphiles, jeunes talents et passionnés ont partagé un ultime moment de célébration, soulignant la richesse artistique et humaine de cette édition.
Un palmarès riche et diversifié
Cette 23e édition a livré un palmarès à l’image du Festival : éclectique, exigeant et audacieux. En compétition internationale Court’ Compét’, le Grand Prix du Jury (3.000 euros) est revenu à «Pubert Jimbob» de Quirjin Dees, salué pour son inventivité exceptionnelle. Ce film propose une immersion sensorielle singulière, portée par des personnages caricaturaux et une esthétique à la fois troublante et envoûtante. Dès les premières images, le spectateur est happé par un univers urbain étrange, baigné de lumières pâles et de perspectives déformées. Grâce à une animation innovante, Quirijn Dees donne à ses figures une expressivité saisissante. Entre rêve, malaise et fascination, le film brouille les repères et offre une expérience visuelle aussi déroutante que captivante.
Une Mention spéciale a été attribuée à «Les belles cicatrices» de Raphaël Jouzeau. Dans ce court métrage, Gaspard aime toujours Leïla. Un mois après qu’elle l’a quitté, ils se retrouvent dans un bar bondé. Alors que le rendez-vous tourne mal et qu’il sent les larmes monter, Gaspard se réfugie sous la nappe.
Loin des regards et plus près des souvenirs.
Dans «Les belles cicatrices», Raphaël Jouzeau a souhaité conférer à ses personnages masculins une forme de fragilité et de maladresse, assumée et subtile, traduisant une humanité à fleur de peau.
Du côté des longs métrages, «Le parfum d’Irak» de Léonard Cohen a été récompensé par le Prix du Jury Junior (2.000 euros), tandis que «Hola Frida» d’André Kadi et Karine Vézina a raflé le Prix du Public, suscitant un véritable coup de cœur. «Le Parfum d’Irak» est un récit intime et sensible qui mêle mémoire familiale et histoire collective. À travers une animation épurée, le film retrace les souvenirs du journaliste Feurat Alani et ceux de son père, offrant un regard croisé sur l’Irak, depuis les étés d’enfance au bord de l’Euphrate jusqu’aux années de guerre. Léonard Cohen qui a remercié en vidéo le FICAM signe une mise en images sobre et poétique, qui donne vie à des fragments de mémoire empreints de tendresse, de douleur et de transmission. Ce long métrage animé rend hommage à un pays souvent réduit à ses conflits, en dévoilant la richesse humaine et émotionnelle.
«Hola Frida» retrace avec tendresse et éclat les jeunes années de Frida Kahlo, entre joie, douleur et résilience. À travers une animation vive et colorée, le film aborde avec délicatesse des thèmes profonds comme la différence, la maladie ou l’intimidation, tout en mettant en lumière l’imaginaire foisonnant de l’artiste en devenir. Pensé pour le jeune public, ce récit accessible et touchant célèbre la force intérieure, la créativité et l’amour familial qui ont façonné le destin exceptionnel de Frida. Très ému par cette distinction, André Kadi a confié son désir profond de venir un jour à Meknès, un rêve nourri depuis que son précédent film, «Dounia et la princesse d’Alep», avait émerveillé le public du FICAM.
Une communauté animée par la passion
Au-delà des compétitions, la cérémonie de clôture fut l’occasion de revenir sur les moments forts des ateliers de formation, des rencontres professionnelles et des nombreux échanges entre visiteurs, petits et grands, qui ont rythmé cette semaine animée.
Les espaces de découverte, les master classes, les projections en plein air et les animations pour enfants ont permis une véritable transmission intergénérationnelle, fidèle à l’esprit du FICAM. Alors que les lumières s’éteignent, le rideau se referme sur un festival qui, une fois de plus, a su conjuguer exigence artistique, engagement éducatif et chaleur humaine. À travers les sourires, les émotions, les applaudissements, le FICAM laisse derrière lui une communauté soudée de rêveurs, de créateurs et de curieux, tous porteurs d’une même promesse : celle de faire vivre et vibrer le cinéma d’animation à Meknès et au-delà.
Un moment de reconnaissance pour Mohamed Beyoud
L’un des moments les plus marquants de la soirée a été sans conteste la standing ovation dédiée à celui qui a insufflé une âme au FICAM, bâtissant patiemment un espace unique de création, de partage et de transmission. Mohamed Beyoud, ancien directeur artistique et pilier historique du Festival, a été salué pour sa contribution déterminante à la structuration du cinéma d’animation au Maroc. Sa vision et sa ténacité ont permis au FICAM de rayonner au Maroc et à l’international. Pour les Meknassis, il incarne «la mémoire vivante de l’Institut français et du cinéma d’animation». Le public, debout, l’a longuement applaudi, saluant son engagement indéfectible en faveur de la création et de la transmission, sa passion contagieuse et son exigence artistique sans compromis. Un moment fort et sincère, que Mohamed Beyoud a lui-même décrit comme «un moment de reconnaissance», empreint d’émotion et de gratitude.
Palmarès compétition internationale de films en réalité virtuelle• Le Grand Prix du Jury VR (3.000 euros) a été attribué à «Address Unknown : Fukushima Now» de Arif Khan.
• Le Prix du Public VR a salué «The River» d’Anbela Costa.
• Une Mention spéciale du Jury VR a récompensé «Play Life», co-réalisé par Žilvinas Naujokas, Vilius Petrauskas, Mantas Pronckus et Donatas Ulvydas.
Court’ Compét’ : Prix du Public et Jeunes jurés• «Cracher dans la soupe» de Chantal Peten a conquis le Prix du Public et le Prix du Public Court métrage, grâce aux suffrages enthousiastes des élèves des cours de langue de l’Institut français.
• Le Prix Étudiant est allé à «Intermission» de Milo Bonnard.
• Le Prix Jeunesse a distingué «Los Carpinchos» d’Alfredo Soderguit.
• Enfin, le Prix du Jury Junior (composé d’élèves du Lycée Paul Valéry et du Théâtre des Chamâtes) a mis à l’honneur «La légende du Colibri» de Morgan Devos.