Nadia Ouiddar
09 Octobre 2023
À 10:44
L’
écrivain libanais Rachid El-Daïf vient d’être distingué par le 44e
Moussem culturel international d’Assilah qui se poursuit jusqu’au 26 octobre. Le jury du «
Prix Mohamed Zafzaf du roman arabe» lui attribue le trophée de la huitième édition. Cette distinction est une reconnaissance du parcours de l’auteur qui a présenté, quatre décennies durant, la
scène littéraire arabe avec «des publications diversifiées, riches et convaincantes». «Le jury présidé par le critique marocain Saïd Yaktine a choisi à la majorité les récits de Rachid El-Daïf, après de profondes délibérations et concertations autour de plusieurs autres œuvres littéraires d’auteurs(es) arabes», indique le
Moussem d’Assilah.
L’écrivain libanais est un fin observateur de sa société. Dans une langue simple, ses
romans s’attaquent aux travers de la société libanaise. Les écrits d’El-Daïf vont au-delà de l’aspect moderne de sa société. Ils explorent le quotidien des mœurs arabes face aux défis de la
mondialisation. Ses romans montrent les facettes cachées d’une société qui se veut moderne, mais qui reste au fond archaïque, notamment dans ses relations avec la femme. Dans «
La Minette de Sikirida», le romancier rend hommage à toutes ces femmes qui défient le machisme ambiant dans le contexte d’une guerre interminable. Le parler et l’humour libanais allègent souvent le pathétique des situations. Rachid El-Daïf est considéré comme l’une des voix singulières de la
littérature arabe contemporaine.
Selon le Moussem d’Assilah, l’audace critique de son œuvre a séduit le jury du huitième
Prix Mohamed Zafzaf. Les romans de l’écrivain libanais se distinguent par une démarche singulière et témoigne d’un véritable renouveau esthétique. Ses écrits intimistes relèvent pour la plupart de l’autofiction et ont pour narrateur «Rashid», un personnage dont l’identité diffractée et multiple est marquée autant par la violence de la guerre civile et les échecs des politiques du
monde arabe que par les dynamiques propres à la
mondialisation. Ses romans cherchent à illustrer un malaise multiforme. Le personnage principal est le plus souvent emblématique de l’époque contemporaine, en perte de repères et d’ancrages. Cependant, l’intimisme et l’obsession du détail ne doivent pas occulter le rapport fondamental au politique. Au sein de la crise identitaire des différents narrateurs, les dimensions de l’interne et de l’externe sont inextricables. Sous couvert d’autofiction, El-Daïf traite d’une manière originale, crue et drôle la relation homme-femme. L’œuvre de
Rachid El-Daïf, très populaire dans le monde arabe, est traduite dans plusieurs langues. n