Fadwa Misk
19 Février 2025
À 14:00
«We will never be like them, honey/7na machi b7alhoum, zina», dit-elle sur un ton doux-amer, mais également résilient.
Roufaida s’adresse ici à celles et ceux qui se sentent tiraillés, relégués à la marge des normes sociales. «Cette
chanson est ma réponse à un monde qui tente de mettre les gens dans des cases, de séparer plutôt que de rassembler», explique-t-elle. En alternant l’anglais et la darija, Roufaida laisse également s’exprimer sa double culture et les aléas de la double appartenance, sinon de la double exclusion...
Une percée prestigieuse
Quelle
musique peut naître d’une culture néerlandaise, doublée d’un
héritage marocain enrichi par l’influence de Rosalía, Björk et Arooj Aftab ?
Roufaida est l’exemple de cette fusion de
traditions musicales qui accouche d’un style unique et magique, déconstruisant les barrières de langue et de culture. Dans son EP, l’on croise du son gnaoua et des influences arabo-andalouses, par l’usage du «guembri» et des percussions traditionnelles comme dans «Don’t Bend». Dans sa reprise du texte de Nizar Qabani, «Kalimat», elle adopte une approche intimiste et acoustique marquée.
Ce premier EP a valu à l’artiste un succès international et des tournées aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne et au Maroc, ainsi que deux nominations aux Edison Awards. Elle a joué sur des scènes prestigieuses comme «Down The Rabbit Hole», «Into The Great Wide Open» et «Noorderslag», partageant l’affiche avec des artistes tels que Xavier Rudd, Balthazar, Melody Gardot et Eefje de Visser. La presse a, également, salué Roufaida comme étant «une véritable découverte» (De Volkskrant), admiré son mélange d’influences nord-africaines et de pop alternative (NRC) et décrit «Don’t Bend» comme «le groove le plus captivant de l’année» (Humo).
Le Maroc dans les veines
Si
«Friendly Fire» sonne comme un tournant pop dans la discographie de
Roufaida, ses influences musicales marocaines et arabes restent omniprésentes. Le morceau, arrangé par une production électronique riche en beats et synthétiseurs, s’appuie sur des sons organiques où se marient violon, viola, «awisha» et «ney», dans un savant mélange qui n’est pas sans rappeler les grandes formations arabo-andalouses.
Attachée à ce patrimoine musical et à sa
culture marocaine,
Roufaida s’apprête à entamer sa première
tournée nationale au Maroc en mai prochain, une occasion unique de présenter son nouveau projet au public, avec qui elle entretient un lien de plus en plus fort. L’artiste a d’ailleurs collaboré avec des noms de la scène artistique locale, comme en témoigne son travail avec le photographe Mous Lamrabat et l’artiste visuel Marouane Benslem.
La tournée verra aussi la participation, en première partie, de Malak, une artiste indie-rock prometteuse, originaire de Marrakech et qui a fait une belle percée lors du Tremplin du Boulevard 2023. Ensemble, elles se produiront également le 18 avril au Festival Motel Mozaïque à Rotterdam avant d’entamer leur périple marocain à Tanger, Rabat, Casablanca puis Marrakech, du 22 au 25 mai. Les billets sont, d’ores et déjà, disponibles sur «tidar.ma», et le projet est soutenu par l’agence artistique N.O.W, dédiée à la scène alternative.